Illectronisme : 15 % de la population concernée en France 

Illectronisme : 15 % de la population concernée en France 

En 2021, 15,4 % des personnes de 15 ans ou plus résidant en France hors Mayotte se trouvent en situation d’« illectronisme », c’est-à-dire ne disposant pas des compétences nécessaires à l’utilisation et à la création des ressources numériques. La définition de l’illectronisme englobe le non-usage prolongé d’Internet et le manque de compétences numériques de base des internautes. 

Les personnes âgées, les plus modestes et les non-diplômés 

Les personnes les plus âgées sont les plus touchées par l’illectronisme. 62 % des 75 ans ou plus, contre seulement 2 % des 15-24 ans ne maîtrisent pas les techniques du numérique. C’est aussi le cas de plus d’une personne de 60 ans ou plus sur trois. 9 % des ouvriers sont concernés, contre seulement 2 % des cadres. Si 36 % des retraités sont touchés par l’illectronisme, ce taux atteint 51 % pour les anciens agriculteurs, commerçants et artisans et 53 % pour les anciens ouvriers. Le taux est de 23 % pour les retraités ayant occupé une profession intermédiaire et de 10 % pour les anciens cadres. 

Les habitants des départements d’outre-mer (DOM) sont un peu plus concernés que ceux de France métropolitaine (20 % contre 15 %). Les personnes sans diplôme ont un risque 7,0 fois plus élevé d’être en situation d’illectronisme que les personnes ayant au moins un bac+3. 

Les personnes les plus modestes sont plus concernés par l’illectronisme. Celles vivant dans un ménage dont le niveau de vie inférieur au 1er quintile de niveau de vie, soit les 20 % les plus modestes, ont 6,6 fois plus de risques d’être en situation d’illectronisme que les 20 % les plus aisées. 

L’illectronisme est plus fréquent parmi les personnes vivant seules (30 %) ou en couple sans enfant (20 %). Les personnes seules ont ainsi un risque 3,2 fois plus élevé que les couples avec enfants. La présence d’enfants conduit à se doter d’équipements et à maîtriser les techniques numériques. 

L’illectronisme, avant tout un manque de pratique ? 

En 2021, les personnes qui n’ont pas utilisé Internet au cours des trois derniers mois constituent 91 % des personnes en situation d’illectronisme, même si non-usage et manque de compétences sont certainement liés. La proportion de non-internautes dans la population a cependant diminué de 21 points depuis 2009 passant de 35 % à 14 %, les personnes âgées comblant notamment une partie de leur retard (-39 points pour les 75 ans ou plus). 

La non-possession d’équipements numériques et l’absence d’accès à Internet induisent l’illectronisme. Malgré tout, sur les 91 % de personnes équipées en 2021, 6 % n’utilisent pas Internet : près des deux tiers d’entre elles sont retraitées. 

La non-utilisation fréquente d’Internet induit l’illectronisme. 

Les personnes âgées qui en ont un usage régulier ont un taux de compétences voisin de celui des actifs. Une faible capacité à sécuriser les données : en 2021, plus d’un internaute sur cinq ne sait pas protéger ses données en ligne. Il s’agit de la lacune la plus répandue. 68 % des internautes n’ont pas changé les paramètres de leur navigateur Internet pour limiter ou interdire les cookies au cours des trois derniers mois et 63 % n’ont pas limité l’accès à leur profil et au contenu qu’ils ont postés sur les réseaux sociaux. 76 % des internautes ne lisent pas la politique de confidentialité du site qu’ils consultent. Si 72 % des internautes se disent préoccupés par l’utilisation de leurs données à des fins publicitaires, 41 % n’ont pas activé de refus de cet usage au cours de leur navigation en ligne sur les trois derniers mois. Les personnes les moins compétentes sont les plus exposées au vol de données en ligne. 

Une maîtrise perfectible des logiciels 

18 % des internautes ne savent pas utiliser de logiciel. En particulier, plus d’un tiers n’ont pas utilisé de logiciel de traitement de texte, un quart n’ont pas copié ou déplacé de fichiers, et plus de la moitié n’ont pas utilisé de tableur au cours des trois derniers mois, que ce soit pour un usage professionnel ou personnel. 

Un tiers des Internautes en mal de recherche d’information 

Obtenir de l’information sur Internet est une compétence qui fait défaut à 11 % des internautes : notamment, 32 % des internautes n’ont pas été en mesure de se renseigner sur des produits et services et 38 % n’ont pas lu de journaux, magazines ni consulté de sites d’actualités en ligne. 

L’utilisation courante d’Internet, largement partagée 

Les compétences en résolution de problèmes courants, comme le téléchargement de logiciels ou d’applications, l’achat de produits ou services sur Internet ou l’accès à son compte bancaire en ligne, plus utilisées dans la vie courante et professionnelle, sont largement diffusées. Seulement 5 % des internautes n’ont aucune compétence dans ce domaine. Malgré tout, un quart des internautes n’ont pas accédé à leur compte bancaire en ligne. 3 % des internautes n’ont aucune compétence de communication en ligne. 9 % n’ont ni envoyé ni lu de courriels, 31 % n’ont pas téléphoné par Internet et 32 % n’ont pas communiqué via une messagerie instantanée. Les personnes les plus âgées sont celles qui utilisent le moins Internet pour communiquer. 64 % des internautes âgés de 75 ans ou plus n’ont pas eu recours à une messagerie instantanée au cours des trois derniers mois, contre seulement 12 % des 15-24 ans.

Près de 30 % d’utilisateurs « experts » d’Internet 

À côté des 15 % de Français en situation d’illectronisme, 28 % déclarent disposer de faibles capacités numériques. Ce sont le plus souvent des personnes âgées, peu diplômées, au niveau de vie modeste, inactives, vivant seules ou en couple sans enfant. À l’opposé, 28 % des personnes de 15 ans ou plus indiquent être très à l’aise avec les technologies de l’information et de la communication et détiennent des compétences avancées dans tous les domaines numériques. Ces technophiles sont souvent jeunes : 45 % des 15-39 ans ont des capacités numériques avancées, contre seulement 10 % des plus de 60 ans. 

96 % des personnes aux capacités avancées ont utilisé un logiciel de traitement de texte et 98 % ont copié ou déplacé des fichiers au cours des trois derniers mois, contre respectivement 64 % et 74 % de l’ensemble des internautes. 89 % d’entre elles ont créé des fichiers intégrant plusieurs éléments comme du texte, une image ou encore une animation, contre 52 % des internautes. 

93 % des personnes aux capacités numériques avancées ont déjà restreint ou refusé l’accès à leur position géographique et 92 % ont refusé l’usage de leurs données personnelles dans un but publicitaire, contre 59 % des internautes en moyenne. 

Les hommes se situent plus souvent que les femmes aux deux extrémités de l’échelle des compétences numériques. Ils ont 1,3 fois plus de risques d’être en situation d’illectronisme que les femmes, mais aussi une probabilité 1,2 fois plus grande d’avoir des capacités numériques avancées. 

L’illectronisme en baisse depuis la crise sanitaire 

L’épidémie de covid et ses confinements ont conduit une part plus importante de la population à utiliser Internet. Cela a conduit à un recul de l’illectronisme. La proportion de personnes concernées est passée de 17 % en 2019 à 14 % en 2021. En deux ans, l’illectronisme a davantage diminué pour les personnes les plus âgées (de l’ordre de 8 points pour les personnes de 75 ans ou plus et de 6 points pour les 60-74 ans, contre moins de 1 point pour les 15-24 ans). 

Avec l’essor du télétravail et de l’enseignement à distance, pendant et après les périodes de confinement, les pratiques comme la modification de logiciel et la création de diaporama se sont répandues chez les personnes en emploi, tandis que la proportion d’étudiants ayant suivi des cours en ligne a presque doublé. 

La France plutôt bien classée au niveau européen 

En France, en 2021, selon Eurostat ,10 % des personnes de 16 à 74 ans (tranche d’âge commune à toutes les enquêtes européennes différente de celle de l’INSEE) sont en situation d’illectronisme. La France est ainsi en dessous de la moyenne de l’Union européenne dans cette classe d’âge (14 %). Le Danemark et le Luxembourg sont en tête avec moins de 5 % d’illectronisme, quand la Bulgarie, la Roumanie, la Grèce ou encore l’Italie sont en bas du classement (de 22 % à 31 % d’illectronisme), principalement en raison de la plus faible proportion d’internautes. 

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