Hommage à Samuel Paty dans les réseaux scolaires à l'étranger

Hommage à Samuel Paty dans les réseaux scolaires à l'étranger

Un an jour pour jour après son assassinat, une plaque en hommage à Samuel Paty a été inaugurée samedi 16 octobre au ministère de l’Education nationale à Paris en présence du Premier ministre, Jean Castex, et du ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer.

« Rendre hommage à Samuel Paty, c’est rendre hommage à la République »

Jean Castex, Premier ministre de la République française

Selon Jean Castex, le professeur d’histoire-géographie a été assassiné dans « les conditions les plus abjectes »« tout simplement parce qu’il remplissait sa mission ». Plusieurs commémorations en mémoire de l’enseignant, tué pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves, se tiendront dans la journée. A l’étranger comme dans les écoles en France, les hommages ont eu lieu ce vendredi 15 octobre. Par ailleurs la famille de Samuel Paty est reçue par Emmanuel Macron à l’Elysée ce samedi 16 octobre.

Un temps de recueillement

Comme le ministre Jean-Michel Blanquer l’a voulu pour tous les établissements en France comme à l’étranger , un « temps de recueillement » en mémoire de Samuel Paty a été respecté et une heure de cours de vendredi fut consacrée à une séance d’échanges et de débats. Les enseignants ont pu décider du contenu des discussions et se sont adaptés à l’âge de leurs élèves mais aussi à l’univers culturel du pays de résidence. La plupart des professeurs ont consacré cette heure à la construction de l’esprit critique ou à une réflexion sur le métier de professeur, son rôle, sa légitimité, sa place dans la société, sans oublier la laïcité qui est dans certains pays est un concept inconnu.

Des cérémonies adaptées

Si la très grande majorité des écoles, collèges et lycées des réseaux scolaires français à l’étranger ont organisé des cérémonies en complément de l’heure consacrée à Samuel Paty et à l’acte terroriste qui lui a retiré la vie. Là aussi c’est la flexibilité qui fut de mise. Certains établissements ont limité les participants au personnel administratif et aux élèves les plus âgés et aux enseignants qui leur font cours comme dans le lycée géré en direct par l’AEFE à Hanoï.

Equipe administrative et pédagogique du Lycée Français d’Hanoï respectant une minute de silence

Dans les autres réseaux, comme celui de la Mission laïque française ou du tout jeune Odyssey, les hommages ont aussi été très nombreux. Ainsi à Bruxelles dans l’établissement géré par le groupe privé Odyssey, les élèves de CM1-CM2 ont rendu hommage à Samuel Paty. En partant des « Children’s rights » étudiés en cours, les enfants ont pu mesurer l’importance de leur droit à une éducation respectant les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, du droit de croire ou de ne pas croire, tout en développant leur esprit critique.

Directeur de l’établissement Odyssey à Bruxelles en salle de cours pour sensibiliser les enfants

Et après, quels changements ?

Les enseignants abordent-ils différemment les revendications liées à des croyances ou à des pratiques religieuses qui conduisent certains élèves à sécher les cours de natation ou de sciences et vie de la Terre, voire à contester des contenus d’enseignement ? « Il y a nécessairement un avant et un après », répond, dans un entretien aux « Echos », l’historien Iannis Roder, enseignant en collège en Seine-Saint-Denis et membre du Conseil des sages de la laïcité installé par le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer.

« Mais il est trop tôt pour dire que les enseignants auraient changé leurs façons de faire entendre raison à des élèves qui sont dans des visions absolutistes. »

Iannis Roder, enseignant en collège en Seine-Saint-Denis et membre du Conseil des sages de la laïcité installé par le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer dans le journal Les Echos ce 14 octobre 2021.

Une nouvelle formation

Le plan de formation annoncé par le ministre en juin, avec un réseau de 1.000 formateurs, est en train de se mettre en place. Il a fallu établir le programme et les recruter. Leur formation « renforcée et intensive » débutera le 19 octobre. Il est prévu que les enseignants dans les établissements français à l’étranger soient aussi mobilisés même si aucun planning n’a été communiqué.

Les enseignants sont-ils, pour cela, mieux outillés qu’il y a un an ? Le ministère a mis en ligne de nombreuses ressources pédagogiques, notamment un Guide républicain pour aborder le sujet dans chaque discipline, de l’école au lycée.

La formation initiale est aussi en train d’être revue avec la préparation, dans les instituts de formation (INSPE), d’une nouvelle épreuve orale sur les principes et valeurs de la République. Elle s’appliquera aux concours de recrutement de 2022.

Mais, au quotidien, les enseignants ne se sentent pas toujours soutenus par leur hiérarchie. « J’ai dit, dès 2017, que nous n’étions pas dans la philosophie du ‘‘pas de vagues » », répondait encore Jean-Michel Blanquer, jeudi matin, sur BFMTV. Les perturbations à l’hommage à Samuel Paty seront sanctionnées, a d’ailleurs prévenu le ministre. L’an dernier, lors de l’hommage rendu à l’enseignant, l’Education nationale avait recensé près de 800 incidents, dont 17 % pour apologie du terrorisme. Cette année aucun chiffre n’a été communiqué.

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