Le gouvernement Lecornu II sur une ligne de crête ?

Le gouvernement Lecornu II sur une ligne de crête ?

Après une première tentative de former un gouvernement dimanche dernier, le 05 octobre, Sébastien Lecornu a de nouveau présenté à Emmanuel Macron une équipe ministérielle ce 12 octobre au soir. Si officiellement, il a succédé à François Bayrou lors de la passation de pouvoir, mercredi 10 septembre, la France est toujours à l’arrêt depuis plus d’un mois.

Si on dit Sébastien Lecornu, comme étant « apte aux compromis », le nouveau Premier ministre a dû jongler entre les exigences du PS et la défection des LR. Menacé de censure par La France Insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN), Sébastien Lecornu est attendu, avec une semaine de retard, mardi à l’Assemblée pour sa déclaration de politique générale. Il a annoncé ce dimanche 12 octobre au soir son gouvernement. 34 ministres ont été nommés. Pour les Français de l’étranger, on fait le tour de ceux qui vont diriger la France alors que notre Nation affronte de nombreux périls.

Laurent Nuñez, ministre de l’intérieur

Ce fonctionnaire, né le 19 février 1964 à Bourges, dans le Cher, est issu d’une famille de pieds-noirs d’origine espagnole ayant quitté l’Andalousie à la fin du XIX siècle pour s’installer à Oran, en Algérie, il est le fils d’un architecte, Jean-Marie, et d’une institutrice. Ses parents sont rapatriés en France en 1962, deux ans avant sa naissance, et s’installent à Bourges, où il grandit entouré de sa sœur jumelle et de son frère cadet.

Après avoir obtenu un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en gestion des collectivités locales à l’université de Tours, il débute sa carrière en 1987 au service économique du conseil général du Cher, avant de devenir inspecteur des impôts. En 1997, il est admis à l’École nationale d’administration (ENA). Deux ans plus tard, il intègre le ministère de l’Intérieur, à la direction générale des collectivités locales (DGCL), en tant qu’administrateur civil.

En 2005, sa carrière décolle au sein du ministère de l’Intérieur, où il dirige le bureau de la gestion du corps préfectoral. Trois ans plus tard, il devient directeur de cabinet du préfet de Seine-Saint-Denis, Claude Baland. 

De 2012 à 2015, il est directeur de cabinet du préfet de police de Paris, Bernard Boucault. Il est confronté à plusieurs crises majeures, notamment les manifestations de La Manif pour tous et les attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. En 2015, il est nommé préfet de police des Bouches-du-Rhône. Le 22 juin 2017, dans le cadre de la réorganisation du renseignement voulue par Emmanuel Macron, il est nommé directeur général de la Sécurité intérieure (DGSI), en remplacement de Patrick Calvar, optant pour une politique d’ouverture.

C’est en 2018, qu’il bascule en politique auprès d’Emmanuel Macron. En octobre de cette année, il entre au gouvernement en tant que secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, dans le second gouvernement d’Édouard Philippe. Ensemble, ils affrontent la crise du mouvement des Gilets jaunes. Il enchaine ainsi les postes dans les gouvernements qui se succèdent avant de devenir, sur proposition du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, préfet de police de Paris, en remplacement de Didier Lallement. Côté vie privée, il est marié et père de deux filles.

Laurent Nuñez, ministre de l’intérieur
Laurent Nuñez, le 18 septembre 2019 ©LUDOVIC MARIN / AFP

Roland Lescure, un macroniste transatlantique, nouveau ministre de l’Économie

Jusqu’au dernier moment, on ne savait pas s’il partait ou non. Finalement, Roland Lescure conserve son portefeuille. Ancien banquier, député des Français de l’étranger et ministre de l’Industrie sous Élisabeth Borne, ce Franco-Québécois (premier vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), l’un des plus importants fonds de pension d’Amérique du Nord dont il supervise 80 % de l’activité) incarne une synthèse rare : un profil à la fois technocrate et politique, ancré dans les réalités des expatriés et les enjeux industriels français.

Son parcours, jalonné d’engagements en faveur de la compétitivité et de l’innovation, en fait un acteur clé pour affronter les crises économiques actuelles – inflation persistante, désindustrialisation, transition écologique – dans un contexte de tensions budgétaires et de montée des extrêmes.

Roland Lescure, ministre de l’Économie
Roland Lescure, ministre de l’Économie © AFP

Gérald Darmanin, Garde des Sceaux

Gérald Darmanin, avec ses ambitions présidentielles, était sur la liste des partants. Mais surprise, celui qui n’a jamais caché son souhait de rester garde des Sceaux, le restera. Il pourra donc finir sa mission soit au moins construire quatre nouvelles prisons de haute sécurité.

Dimanche dernier, Gérald Darmanin avait aussi appelé à « une inflexion sociale« , relevant « la détestation des élites et des politiques » « très importante« . Il semblerait qu’il fut attendu par le Premier ministre, Sébastien Lecornu.

Gérald Darmanin à Amiens, mercredi 25 décembre 2024, pour sa première visite officielle en tant que ministre de la Justice.
Gérald Darmanin à Amiens, mercredi 25 décembre 2024, pour sa première visite officielle en tant que ministre de la Justice. © FTV

Édouard Geffray à l’Éducation

Édouard Geffray, directeur général de l’Enseignement scolaire, devient ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Edouard Geffray est titulaire d’une maîtrise d’histoire et diplômé de l’institut d’études politiques de Paris, et sort de l’École nationale d’administration (ENA) en 2005 (promotion Romain Gary). Il entre alors au conseil d’État. Jusqu’en 2012, il y occupera successivement les fonctions de rapporteur à la 10e sous-section, responsable du centre de documentation et de recherches juridiques et rapporteur public. Depuis septembre 2020, il est conseiller d’Etat en service extraordinaire. Nommé directeur des affaires juridiques, internationales et de l’expertise à la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) en 2012, il en devient le secrétaire général, de 2012 à 2017.

Avant de rejoindre le ministère de l’Éducation nationale, où il occupe le poste de directeur général de l’enseignement scolaire (Dgesco) entre 2019 et 2025.

Édouard Geffray, Ministre de l’Éducation
Édouard Geffray, Ministre de l’Éducation

Dati reste à la Culture

Les LR sont partis mais Rachida Dati demeure ministre de la Culture. Le soutien de Renaissance alors qu’elle brigue la mairie de Paris en mars semble plus important que le soutien des LR. Réponse au printemps, alors, qu’elle sera jugée pour corruption dans l’affaire Renault/Nissam dans moins d’un an ?

Jouera-t-elle un rôle de liant pour un gouvernement qui dépend fortement du soutien des LR pour ne pas tomber ?

La Ministre de la Culture, 31 janvier 2024, au discours de politique générale de Gabriel Attal
La Ministre de la Culture, 31 janvier 2024, au discours de politique générale de Gabriel Attal ©AFP - Miguel MEDINA

Jean-Pierre Farandou, ministre du travail

C’est une vraie surprise, Jean-Pierre Farandou, ancien PDG de la SNCF, rejoint le gouvernement de Sébastien Lecornu, comme ministre du travail.

Jean-Pierre Farandou est diplômé de l’École des Mines de Paris, une des plus prestigieuses écoles d’ingénieurs en France. Après ses études, il commence sa carrière dans une entreprise minière américaine, Amax, basée à Denver, aux États-Unis. Et c’est en 1981 qu’il rejoint la SNCF en tant que chef de gare, marquant ainsi le début de sa carrière dans le secteur ferroviaire. Il y fera toute sa carrière.

Au fil des années, Jean-Pierre Farandou gravit les échelons au sein de la SNCF. En 1993, il est nommé chef de projet pour le lancement de la ligne TGV Paris-Lille, un des projets phares de l’entreprise. Il joue également un rôle déterminant dans la fondation de Thalys International à Bruxelles, où il occupe le poste de directeur général jusqu’en 1998. Il continue d’assumer diverses responsabilités, notamment comme directeur des ressources humaines et directeur régional de Rhône-Alpes, la plus grande région ferroviaire de France​.

En novembre 2019, Jean-Pierre Farandou succède à Guillaume Pepy à la présidence de la SNCF. Son mandat est marqué par la transformation de l’entreprise en société anonyme à capitaux publics, ainsi que par la mise en place de réformes structurantes. En 2023, il prend également la tête de Fer de France, une association réunissant les principaux acteurs du secteur ferroviaire​.

En 2024, il fait face à des tensions sociales importantes liées à un accord sur la fin de carrière des employés de la SNCF, un sujet qui devient un point de friction avec le gouvernement français en raison de la réforme des retraites​. C’est lui qui a concédé 2 années de moins aux cheminots qui partent donc toujours à 60 ans. Un bon signe pour la gauche, une inquiétude pour ceux qui sont attentifs au budget de la Nation. 

Jean-Pierre Farandou, ministre du travail
Jean-Pierre Farandou, ministre du travail

Jean-Noël Barrot, toujours ministre des Affaires étrangères

En période de crise, il a été décidé de ne pas modifier le cap diplomatique et c’est donc Jean-Noël Barrot qui conserve le Quai d’Orsay.

Ce dernier, porte un nom politique célèbre. Son père, Jacques Barrot, décédé en 2014, a été une figure de la démocratie chrétienne : ancien ministre, ancien commissaire européen. Son grand-père, Noël, était aussi député. D’où ce record : la première circonscription de Haute-Loire a été « détenue » par la famille Barrot sans discontinuer ou presque de 1945 à 2004. Jean-Noël fut aussi conseiller départemental de Haute-Loire. Avant d’être élu député une première fois en 2017, mais dans les Yvelines. Il a été réélu en juillet avec près de 73 % des suffrages, ce qui en faisait le candidat de l’ex-majorité le mieux réélu au second tour.

Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères
Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères

Eléonore Caroit, ministre de la Francophonie et des Français de l'étranger

Née à Paris en juillet 1985 d’un père français et d’une mère dominicaine, Éléonore Caroit part à l’âge de trois ans vivre à Saint-Domingue en République Dominicaine où elle y fera toute sa scolarité. À 17 ans, elle rentre à Paris et intègre Sciences Po. Elle se dirige ensuite vers des études de droit international et sera diplômée de l’école de droit de Sciences-Po / Paris I. Elle passera d’ailleurs son premier barreau à New York et devient avocate spécialisée en contentieux international. Après quelques années passées à Paris, la Française décide de partir pour Genève en 2015, accompagnée de son mari franco-suisse et de leur jeune enfant. Là-bas, elle est d’abord recrutée par un cabinet d’avocat spécialisé en arbitrage avant de rejoindre une structure en tant qu’associée. De nationalité franco-dominicaine, Eléonore Caroit a fait le choix d’acquérir la triple nationalité suisse.

De ses expériences en République Dominicaine, à New York et à Genève, Éléonore Caroit a constaté une évolution entre l’expatrié d’il y a 30 ans et le jeune expatrié d’aujourd’hui. C’est cette vision qu’elle a portée lors des élections de 2022 où elle remporta la deuxième circonscription des Français de l’étranger, l’Amérique latine et les Caraïbes, pourtant classée à gauche. La jeune députée renouvela son succès en 2024 après la dissolution et naturellement se retrouve désormais à la tête du portefeuille des Français de l’étranger et à la FrancophoniEN plus,

Et pour la première fois, les expatriés, et peut-être pour continuer à séduire leur voix après le succès foudroyant de la nouvelle député Coggia face à LFI ce dimanche dans la Vème des Français de l’étranger, vont bénéficier d’un ministère de plein exercice.

Eléonore Caroit, ministre des Français de l’étranger
Eléonore Caroit, ministre des Français de l’étranger

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