3 jours après les terribles attentats de Paris du 13 novembre 2015 se déroulait un match amical France-Angleterre dans un lieu mythique du foot anglais: Wembley. En présence du Prince William, 90 000 spectateurs, dans l’écrasante majorité de nationalité britannique, ont entonné, phonétiquement pour la plupart, l’une des plus belles Marseillaise de l’histoire du football, alors que notre devise nationale était projetée à l’extérieur de l’immense stade.
Voici l’Angleterre que l’on aime. Tolérante, solidaire, multiculturelle, ouverte, émouvante parfois, drôle souvent. A des années lumières de l’Angleterre du Brexit, de la haine de l’autre, du repli sur soi, de la francophobie aussi.
« Chirac est un ver »
En 2003, en pleine polémique de la guerre en Irak, le tabloid « The Sun », journal en langue anglaise le plus lu au monde et propriété du magnat australien des médias Rupert Murdoch, publia partiellement en français une édition spéciale entièrement consacrée à la position française sur le conflit. Conflit soutenu par The Sun qui se montra sans ambiguïté et sans modération. Le Président Chirac était qualifié de « ver », « hypocrite », « traitre ».
Une violence incroyable mais non surprenante. Une partie, infime certes mais significative tout de même, de la population anglaise déteste la France et les Français. Fruit complexe et sordide d’ignorance et de relents historiques qui existent d’ailleurs aussi en sens inverse (parmi les opposants de la « perfide Albion »), cette situation est problématique dans un pays qui compte des centaines de milliers de nos compatriotes y habitant, et le visitant.
Et les Français du Royaume-Uni ?
Nous devons être objectifs : les autorités et le monde politique britannique prennent sans aucune ambiguïté les actes racistes, y compris francophobes, au sérieux, et sont sans concession avec les auteurs.
Pour autant il faut aussi être réaliste, les crimes racistes, dans leur globalité, ont explosé en particulier depuis le début du Brexit, passant de moins de 40 000 en 2011-2012 à environ 70 000 l’année dernière. Les Français du Royaume-Uni se sentent ils en danger ? « L’atmosphère est assez lourde mais c’est plus lié aux débats sur le Brexit en tant que tel, en revanche il est vrai que la France est vue par les partisans les plus acharnés d’un Brexit dur comme l’empêcheur de tourner en rond, et parfois les discussions ne sont pas simples… » témoigne Florence qui vit et travaille à Londres depuis de nombreuses années.
La suite de ce feuilleton sans fin aura-t-elle une influence sur la francophobie et le racisme en général ? Réponse au prochain épisode… En attendant, soyons optimistes: le Lycée français de Londres a une immense liste d’attente preuve de son attractivité, et les ressortissants anglais aiment toujours autant flaner sur les bords de Seine et de la Côte d’Azur.
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