Finances publiques, la sortie de route est-elle évitable ? 

Finances publiques, la sortie de route est-elle évitable ? 

Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, le taux d’endettement public a augmenté depuis 20 ans, aidé en cela par des taux d’intérêt restés historiquement bas et en lien avec une succession de crises (subprimes en 2008, crise des dettes publiques en zone euro en 2011/2013, crise sanitaire en 2020 et guerre en Ukraine).

Une faible hausse des taux d’intérêt par rapport aux taux de croissance suffirait à déclencher une crise généralisée

Les États ont de plus en plus recours à la politique budgétaire pour soutenir les profits des entreprises et les revenus des ménages. Dans cette configuration, une assez faible hausse des taux d’intérêt à long terme par rapport aux taux de croissance suffirait à déclencher une crise généralisée de perte de solvabilité budgétaire. 

Depuis le début du XXIe siècle, au sein de l’OCDE, l’interventionnisme public est de mise dès qu’il y a un ralentissement de la croissance. Le niveau de soutien s’accroît de crise en crise, ces dernières ayant tendance à devenir de plus en plus violentes.

Si lors de l’éclatement de la bulle Internet en 2000, le déficit public fut porté de 1 à 2 % du PIB, en 2008, lors de la crise des subprimes, il est passé de 2 à 8 % du PIB. Durant l’épidémie de Covid-19, le déficit au sein de l’OCDE s’éleva de 2 à 12 % du PIB. Avec la guerre en Ukraine, il reste supérieur à 5 % du PIB.

La dette publique a atteint 125 % du PIB en 2022, contre 75 % en 2002.  

Les gouvernements augmentent les dépenses et baissent les prélèvements. Au sein de l’OCDE, les prestations sociales sont ainsi passées de 17 à 20 % du PIB en vingt ans quand le taux d’imposition des profits est passé de 33 à 23 %. Pour l’ensemble des pays de l’OCDE, la dette publique a atteint 125 % du PIB en 2022, contre 75 % en 2002. Tant que les taux d’intérêt à long terme étaient inférieurs au taux de croissance à long terme, ce qui était le cas depuis la crise des subprimes, la soutenabilité de la dette publique était satisfaite. Dès lors que le taux d’intérêt à long terme devient supérieur au taux de croissance, la maîtrise de la dette publique suppose un excédent budgétaire primaire (avant paiement des intérêts) plus élevé.

Diminuer les dépenses, augmenter les impôts ? 

Une hausse des taux d’intérêt au-dessus des taux de croissance peut donc provoquer une perte de la solvabilité budgétaire. Pour éviter ce problème, les États peuvent mener des politiques budgétaires plus restrictives en diminuant les dépenses publiques et en augmentant les impôts. La réduction des déficits aurait comme conséquence une diminution des taux d’intérêt, ce qui faciliterait d’autant la soutenabilité de la dette. L’effort budgétaire à mener pourrait être élevé si les taux à long terme revenaient au niveau de la croissance de long terme. Dans ce cas, le budget primaire (hors intérêts sur la dette) devrait être équilibré. 

La réduction à réaliser serait au minimum de deux points de PIB. Une telle contraction du déficit aurait un effet récessif non négligeable.

Une réduction du poids de la dette par l’inflation. 

La sensibilité de l’opinion publique à tout ralentissement économique est telle que, quelle que soit l’inflation, les gouvernements sont sans nul doute disposés à maintenir des taux d’intérêt inférieurs au taux de croissance. La politique monétaire garantirait ainsi la soutenabilité de la dette publique en lieu et place de la politique budgétaire. Ce choix a comme inconvénient d’alimenter l’inflation. De plus, les taux d’intérêt anormalement bas conduisent à l’instabilité financière (bulles sur les prix des actifs). La taxe inflationniste, par érosion des encaisses, pourrait ainsi dépasser 6 % du PIB au sein de l’OCDE en 2022. Elle permettrait une réduction du poids de la dette publique au sein du PIB. 

Le maintien de taux d’intérêt bas suppose que les épargnants continuent à investir dans des produits obligataires. L’aversion aux risques favorise ce comportement. La cohabitation de l’inflation et des taux bas pénalisera les épargnants engagés dans les produits de taux.

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