Si le PS et les Républicains ont réussi à sauver un siège chacun lors des élections sénatoriales de septembre 2021, le bilan reste douloureux pour les deux grands anciens partis qui ont dominé pendant des décennies la vie politique française et encore plus celle des expatriés. Quelques semaines après que les nouveaux sénateurs aient commencé à siéger, l’ambiance est à couteaux tirés dans les fédérations des Français établis hors de France du Parti Socialiste comme des Républicains.
Changement de direction pour Les Républicains
Sénateur le mieux réélu avec 105 voix, Christophe Frassa n’a pourtant pas réussi à conserver la tête de la fédération. Effondrement de l’effectif de la « fédé », sections peu dynamiques et près d’un tiers d’élus en moins lors des dernières élections consulaires, les griefs n’ont pas manqué. Alors que le bureau national cherche à rassembler les troupes derrière le candidat qui sera désigné au congrès, la direction parisienne a décidé qu’il était temps de laisser place à une nouvelle dynamique.
Les expatriés ont longtemps été une réserve de voix pour la droite aux élections nationales. C’est Ronan Le Gleut, sénateur élu en 2017, qui sera donc en charge de la reconquête. Français d’Allemagne, où son père était militaire, le sénateur Le Gleut est particulièrement apprécié chez les élus consulaires qu’il a longtemps côtoyés alors qu’il était lui- même à l’Assemblée des Français de l’étranger. Il a aussi l’avantage d’être apprécié par les différentes écuries présidentielles et son profil pro-européen peut rassurer les électeurs expatriés de droite qui voient d’un mauvais œil la montée des courants souverainistes et anti-européens chez Les Républicains.
Au PS, une fédération en ordre de bataille ?
Au Parti socialiste, après une séquence sénatoriale qui a vu Ségolène Royal et des élus consulaires se disputer l’investiture du Parti, l’heure est à la remise en ordre de bataille à la veille des échéances de 2022. Le comité fédéral dirigé par Cécilia Gondard a donc sommé les anciens dissidents de choisir entre leurs ambitions personnelles et l’appartenance au Parti.
Pour cela, 9 cadres de la fédération ont reçu un courrier leur signifiant leur suspension. Cette mesure, mise à disposition de la Première secrétaire de la fédération par les statuts du parti, permet aux concernés d’aller présenter leur position à une commission des conflits. C’est cette dernière qui prendra la décision finale quant au maintien ou non de ces cadres dans le parti.
Concerné au premier plan, Mehdi Benlahcen, vice-président des Français du Monde, ancien élu PS à Lisbonne et N°2 sur la liste de Ségolène Royal, ne compte pas en rester là. Pour lui, c’est la survie du PS à l’étranger qui en jeu. Il prévoit des élections à l’Assemblée des Français de l’étranger, le 07 décembre, catastrophiques pour le Parti socialiste. Il n’est pas le seul à être monté au créneau, Jean-Yves Leconte, sénateur, candidat à sa succession en 2023, a apporté son soutien aux 9 cadres dans une longue lettre dont nous publions ci-dessous un extrait.
« Si la présentation d’une liste face à celle qui est soutenue par le Parti Socialiste devrait être logiquement sanctionnée, le contexte (non mise en œuvre des dispositions statutaires permettant aux militants de choisir entre les candidatures en présence) et le calendrier (annonce du soutien du PS le dernier jour où les listes pouvaient être déposées) apparaissent comme être des circonstances qui atténuent ou retirent tout sens à la moindre sanction. L’existence de voies de recours ne peut justifier de prendre une décision fragile juridiquement. Quant à l’appréciation politique, il est indispensable de tourner la page de cette séquence et de reprendre des forces, ensemble. C’est probablement possible puisque la « séquence sénatoriale » s’est finalement bien terminée et que nous avons besoin de mobiliser toutes nos forces pour les prochaines séquences de 2022, décisives et vitales, ainsi que pour les très prochaines élections AFE.«
Jean-Yves Leconte, sénateur PS des Français établis hors de France
Mais Cécilia Gondard reste sereine. Pour elle, elle ne fait qu’appliquer les statuts et en ayant choisi la suspension au lieu de l’exclusion, elle assure ainsi ne pas s’ériger en juge tout en réaffirmant le besoin de cohésion. La fédération, ne comptant plus qu’une centaine de membres, doit retrouver, elle-aussi, une dynamique pour espérer récupérer un ou deux sièges aux élections législatives de juin 2022.
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