Faut-il craindre le déclin de la zone euro ? 

Faut-il craindre le déclin de la zone euro ? 

L’idée du déclin de la zone euro et plus globalement de l’Europe et de l’Occident est une antienne régulièrement remise au goût du jour. Les statistiques économiques semblent néanmoins souligner un réel recul de l’Europe depuis vingt ans. Si durant les années 1960/1990, les États européens avaient en grande partie comblé leur retard sur les États-Unis, depuis une génération, ils décrochent de manière substantielle. 

Le PIB ainsi augmenté de 70 % de 2002 à 2022 aux États-Unis, contre moins de 40 % pour la zone euro. Le poids de cette dernière au sein de l’économie mondiale est passé de 23 à 14 % du PIB de 2007 à 2022, quand les États-Unis ont réussi à maintenir le leur autour de 24 %. Sur le plan économique, plusieurs facteurs concourent au déclin relatif de l’Europe, ces facteurs pouvant interférer. 

L’Europe et le vieillissement accéléré de sa population 

La population active de la zone euro diminue de 0,4 % par an. Cette diminution devrait s’accélérer, ce qui pèse sur la croissance potentielle. Aux États-Unis, elle devrait continuer à augmenter dans les trente prochaines années. Les pénuries de main-d’œuvre devraient se multiplier en Europe. La production sera entravée avec, en outre, des tensions sur les prix plus élevés. 

L’absence de gains de productivité accroît l’acuité de ce problème. 

L’insuffisance de l’effort de recherche et d’innovation 

L’effort de recherche et d’innovation de la zone euro s’élève à 2,5 % du PIB. Il est désormais inférieur à celui de la Chine. Celui des États-Unis dépasse 3,5 % du PIB. L’Europe est relativement absente dans les techniques de l’information et de la communication. Son point fort, l’industrie automobile, est à la peine du fait du retard pris en matière de production de batteries. Parmi les secteurs de pointe demeurent l’aéronautique et la santé qui sont de plus en plus soumis à la concurrence des pays émergents et des États-Unis. 

L’effort au travail en baisse tout comme la productivité 

Le temps de travail par salarié recule fortement dans la zone euro. Il a diminué de 8 % en vingt ans, contre moins de 4 % pour les États-Unis. Cumulé à la faiblesse de l’investissement, de recherche/développement, cette diminution provoque une contraction de la productivité par tête. L’investissement total des entreprises a augmenté de 120 % de 1998 à 2022 aux États-Unis quand la hausse n’a été que de 40 % en zone euro. 

Sur la même période, la productivité par tête a progressé de 60 % aux États-Unis, contre moins de 15 % en zone euro. Les États-Unis ont profité des gains de la digitalisation à la différence de l’Europe. 

Les compétences faibles en Europe du Sud 

Les États d’Europe du Sud, France comprise, se caractérisent par un niveau moyen à faible des compétences des actifs. Selon le classement PIAAC de l’OCDE, la France est 21e, la Grèce 24e, l’Italie 25e et l’Espagne 26e loin derrière les pays asiatiques ou ceux d’Europe du Nord.

Faiblesse de l’industrie et du secteur technologique 

La zone euro est handicapée par la faiblesse de l’industrie et du secteur technologique. Le poids de l’industrie est faible en moyenne pour la zone euro : 15 % du PIB, contre 21 % au Japon. Certes ce poids est encore plus faible aux États-Unis (12 % du PIB) mais ce pays dispose d’un secteur technologique important. En 2022, ce secteur concentre plus de 4,5 % des emplois salariés aux États-Unis, contre 3 % au Japon et zone euro.

Contrecarrer les facteurs déclinistes 

Pour contrecarrer les facteurs déclinistes, l’Europe doit jouer tout à la fois sur la démographie, en acceptant une augmentation de l’immigration, la recherche, en accroissant le niveau de dépenses avec une meilleure acceptation de la part de la population du progrès, l’augmentation du volume de travail et le développement des secteurs de pointe. Une intégration plus poussée des États membres avec la mise en place d’un marché unifié des capitaux et notamment du private equity tout comme l’élaboration de politiques de soutien à la recherche et à l’innovation communautaire seraient souhaitables. Les États-Unis bénéficient d’une profondeur de marché bien plus importante avec des politiques fédérales qui jouent un rôle important dans l’émergence des nouvelles technologies.

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