Les Français sont de plus en plus nombreux à vivre hors de l’hexagone, parfois par goût de l’aventure, souvent par amour et aussi de plus en fréquemment pour profiter d’une opportunité et trouver un emploi, parfois inaccessible en France. Mais l’expatriation professionnelle est un défi. Mais où se trouvent les opportunités les plus nombreuses ? Plusieurs experts, dont Approach People, ont dressé la liste des pays les plus dynamiques en termes d’emploi pour les Français. On vous la partage.
L’Europe
Comme souvent, on analyse en premier le continent européen, qui concentre la moitié des Français de l’étranger et où grâce à l’Union européenne, les démarches sont réduites au minimum.
Royaume-Uni
Selon Approach People Recruitment, spécialisé dans le recrutement en Europe, les offres d’emploi émanent essentiellement de Londres – presque 40% des offres. Pour autant, le cabinet ne recommande pas nécessairement à ses candidats d’opter pour la capitale britannique. En effet, avec le Brexit, les conditions administratives pour y travailler se sont complexifiées, puisqu’il faut un visa, les loyers sont extrêmement chers… Tout dépend du projet, mais le cabinet a plutôt tendance à conseiller des destinations au sein de l’Union Européenne.
D’ailleurs, d’autres intervenants nuancent le dynamisme du marché de l’emploi britannique, en raison du Brexit, mais également d’une certaine stagnation économique.
Irlande
Dans le classement d’Approach People des villes recrutant le plus de Français, viennent ensuite Dublin, Genève, Zurich, Luxembourg, Bruxelles, Amsterdam, Barcelone, Berlin puis Lisbonne. « Des destinations souvent privilégiées pour leur proximité culturelle, les opportunités professionnelles en finance, tech, ou encore santé, et leur qualité de vie », selon le cabinet.
Laurent Girard-Claudon et Emilie Narcy, directrice des ressources humaines d’Approach People, louent notamment les qualités de Dublin, dans laquelle la société a été initialement fondée il y a vingt-cinq ans : opportunités professionnelles, accueil, vie culturelle, sentiment de sécurité, multiculturalité…
Allemagne
Par ailleurs, en Allemagne il y a toujours « une forte demande. Quelques bases d’allemand aident », conseille Approach People. Même si le pays connaît une légère diminution de son activité économique, ce qui peut réduire les opportunités professionnelles. Cela reste cependant le premier pays où les Français s’installent.
Selon le réseau CCI France International (Chambres de commerce et d’industrie), dont certains bureaux locaux ont des structures de soutien aux entreprises, avec parfois des services d’offre d’emploi, l’Allemagne est à la fois l’un des pays où le réseau reçoit le plus d’offres d’emplois, et l’un de ceux où il y a le plus de placements de candidats – tout comme le Danemark et, dans une moindre mesure les Pays-Bas. D’ailleurs, pas besoin d’être néerlandophone pour s’expatrier en Hollande, la langue de travail étant souvent l’anglais.
Suisse
Genève est quant à elle vue comme une ville repère, à deux pas de la France, avec de la sécurité, la possibilité d’aller très haut dans la carrière, un très bon niveau de vie, des relations respectueuses, selon Approach People.
Mais les Français doivent d’abord faire leurs preuves, car le statut de frontalier peut parfois provoquer une certaine réticence des Suisses, qui en subissent les impacts négatifs (trafic routier…).
Espagne
En Espagne, Madrid et Barcelone permettent à la fois de bénéficier d’un cadre de vie festif et d’opportunités professionnelles. « Au début, c’était vu comme pas évident d’y avoir une carrière, cela a beaucoup changé, Madrid peut proposer des postes extraordinaires », assure Approach People. En Espagne, la situation économique est correcte, et qu’il y a du travail notamment dans la tech, les nombreuses start-ups, le tourisme. On le constate tous les jours, l’Espagne, l’Italie et le Portugal sont en plein boom. Lisbonne est notamment une place tech insoupçonnée.
Moyen-Orient et Asie
Hors Union Européenne, Approach People reçoit également des offres d’emploi pour des postes à New York, Montréal, San Francisco, Dubaï, Singapour, Bangkok, Tokyo, Sydney, Hong Kong et Shanghai. Mais le cabinet reconnaît que ces destinations nécessitent plus de contraintes logistiques et administratives, contrairement à l’Union Européenne, où il est possible de travailler sans visa, et dont les pays sont plus proches, géographiquement et culturellement.
Concernant Dubaï, l’émirat « vibre, embauche beaucoup, il y a peu de personnel local pour faire face, analyse Emilie Narcy, alors que beaucoup d’entreprises se créent, avec des postes qualifiés. Mais le coût de la vie n’est pas négligeable, il faut souvent sortir de la ville pour se loger ». Mais il y a de grands besoins de main d’œuvre, notamment dans la finance, le luxe, le retail, l’éducation, et notamment de cadres . Aussi, il ne faut détourner les yeux des opportunités en Arabie Saoudite.
Comme nous le confirme Catya Martin, directrice de la French Radio Hong-kong, le reste de l’Asie est toujours attractif, mais de façon plus marginale. Mais avec la Covid, c’est Singapour qui est devenu le hub important, au détriment de Hong Kong mais qui reste dans une moindre mesure, attractive pour les expatriés des grands groupes, les cadres dirigeants. Hong Kong privilégie cependant les expatriés parlant chinois, selon Catya Martin. Les deux zones sont aussi citées par CCI France International comme particulièrement actives dans les recrutements.
Amérique du Nord
21% des Français inscrits sur le registre des Français de l’étranger se trouvent en Amérique ou dans les Caraïbes. Ainsi l’Amérique du Nord est toujours une zone très attractive pour les Français, notamment aux Etats-Unis : New-York, Boston et la côte est, ainsi que la Floride, Washington, la Silicon Valley et plus globalement la Californie. Mais le retour de Donald Trump à la tête du pays pourrait modifier la donne, en particulier sur les visas, mais rappelons-nous que son premier mandat avait été positif pour les recrutements d’expatriés français.
Du côté du Canada francophone (Québec, Montréal), on constate que la région attire également les Français. Même si, les conditions d’accès sont censées y être devenues plus restrictives, mais à ce jour, on ne voit pas encore le résultat.
En Afrique
L’Afrique n’est plus un continent riche en opportunités pour les Français. Mais quelques pays ouvrent encore leurs bras à nos compatriotes. Comme, le Maroc, qui est en plein boom, mais avec une contradiction : il y a beaucoup de nouveaux arrivants. Mais là aussi un mouvement anti-français se propage depuis quelques temps, comme dans d’autres pays (le reste du Maghreb, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali). Cette hostilité cause beaucoup de départs.
SI on se penche sur l’Afrique Subsaharienne même l’additionnant à l’Océan Indien, on constate que ces zones ne rassemblent que 7% des inscrits sur les listes consulaires et sont peu enclins à embaucher des Français en masse.
Océanie
On boucle notre tour des continents avec l’Océanie. L’Australie et la Nouvelle-Zélande sont plutôt attractives pour des « petits jobs » en bas de l’échelle, dans l’agriculture, la construction, l’hôtellerie ou la restauration. De nombreux jeunes français s’y rendent, se détournant du Royaume-Uni, un phénomène amplifié par le Brexit.
Si l’Afrique n’est pas le continent avec le plus d’opportunités, Alix Carnot assure que « le Maroc est en plein boom, mais avec une contradiction : il y a beaucoup de nouveaux arrivants, mais aussi un mouvement anti-français depuis quelques temps, comme dans d’autres pays (le reste du Maghreb, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali), qui cause beaucoup de départs ». De son côté, l’Afrique Subsaharienne additionnée à l’Océan Indien ne rassemble que 7% des inscrits sur les listes consulaires.
Les intervenants rappellent qu’avant de partir, une expatriation se prépare, tant sur le plan professionnel que personnel. Pour Emilie Narcy, « il ne faut pas hésiter à faire ses recherches depuis le confort de la France. Il vaut mieux savoir où on met les pieds ». Au-delà de la recherche d’emplois, de nombreux paramètres sont à prendre en compte : coût de la vie, système de protection sociale, conditions de retour…
Auteur/Autrice
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Samir Kahred a suivi ses parents dont le père était ingénieur dans une succursale du groupe Bouygues. Après une scolarité au Lycée français et des études au Caire, il devient journaliste pour des médias locaux et correspond pour lesfrancais.press
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