Exil en France - un podcast de La French Radio Hong-Kong

Exil en France - un podcast de La French Radio Hong-Kong

Nous avons décidé de rediffuser ce reportage de juin. La loi sur la sécurité nationale a un impact sur les projets de vie de certains jeunes Hongkongais.

C’est le cas de cette jeune étudiante en commerce qui a décidé de poursuivre ses études en France. Elle vous explique pourquoi.

 

Drapeau Chinois et d'Hong-Kong
Drapeau Chinois et d’Hong-Kong

Comment te sens-tu face à cette nouvelle loi qui concerne la sécurité nationale à Hong Kong ?

  • J’ai été très choquée par cette loi car je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit mise en place aussi vite. Il y a un moment nous manifestions juste contre la situation à Hong Kong et la loi d’extradition. Je pense que ça met vraiment en danger notre sécurité et notre liberté d’expression. Et maintenant ils vont appliquer soudainement cette nouvelle loi de sécurité qui est une copie de la loi d’extradition. Ces législations risquent de violer notre liberté d’expression.

Comment te sens-tu personnellement face à l’atmosphère actuelle?

  • Pour l’instant je pense que les Hongkongais ont un avis très restreint et sont nerveux face à la situation car on ne peut pas vraiment faire plus que manifester afin de laisser le monde savoir ce qui ce passe ici. En ce moment, le monde se concentre surtout sur l’épidémie de coronavirus et très peu sur la situation à Hong Kong concernant la perte de la liberté d’expression et du droit de manifester. C’est vraiment un problème majeur pour Hong Kong. Maintenant on ne peut même plus exprimer notre avis ou notre opinion sur n’importe quel sujets politiques. Même sans critiquer la Chine une remarque sur ce problème serait enfreindre la loi, donc cela m’attriste vraiment.

Est ce que tu t’attendais à ce que cette loi soit mise en place maintenant ?

  • Je ne m’attendais pas à ce qu’elle passe maintenant. Je pensais, au moins, après l’épidémie de coronavirus car tout le monde est très préoccupé et doit gérer la crise. Les manifestations se sont beaucoup calmées à cause du virus. Mais je dirais qu’elles reprendront sûrement en septembre même si le gouvernement a vite essayé de prendre avantage de la situation actuelle et du calme lié au virus pour imposer cette loi.

Prévoies-tu de changer ton plan d’étude ?

  •  En fait, je prévoyais déjà de changer mon plan d’étude depuis le début du mouvement en octobre et en novembre lorsque les manifestations étaient très sérieuses à cause des violences policières. En effet, les forces de l’ordre ne respectaient pas la loi. Mais aussi car le conseil législatif n’a pas essayé de poursuivre en justice la police pour leur violence. Même s’ils l’avaient fait, je trouve que cette information n’a pas eu un impact aussi important qu’il aurait dû dans le monde. Je pense que si personne n’essaie de les punir pour ceux qu’ils ont fait de mal, la situation ne va pas s’améliorer.

Dans quel pays penses-tu continuer tes études ?

  • J’aimerais aller en France ou dans des régions européennes francophones. J’ai commencé à apprendre le français quand j’avais 14 ans, j’adore la France et j’essaie toujours de suivre l’actualité et la situation politique là-bas. Comme tu le sais, la France a pour devise « Liberté, égalité et fraternité » et je pense que ça représente vraiment ce que je n’ai pas à Hong Kong en ce moment.

Est-ce que tu penses revenir à Hong Kong un jour ? 

  • Pour moi c’est une très bonne question. Pour l’instant, je ne vois pas vraiment un bon futur pour Hong Kong. Parce que La Chine ne va pas reculer et pour les manifestants hongkongais nous n’allons bien sûr pas abandonner.

Et tes ami.e.s hongkongais.e, est-ce qu’il compte quitter Hong Kong aussi et si oui, ont-ils la possibilité de quitter Hong Kong ? 

  • Nombre d’entres nous n’avons pas la possibilité de quitter Hong Kong car nous sommes né.e.s après 1997 donc nous n’avons pas les passeport BN(O). Mais pour la majorité d’entre nous nous ferons de notre mieux pour émigrer en Europe dans des pays où il est facile d’émigrer comme la Belgique. Donc mes ami.e.s et moi nous cherchons des « bachelors » et nous modifions nos projets d’étude en planifiant de poursuivre nos études en Europe. Et c’est aussi moins cher d’étudier en Belgique ou aux Pays bas. Nous ferons notre possible pour trouver un Master là-bas, puis trouver un emploi et nous y installer sans jamais essayer de rentrer à Hong Kong.

Est-ce que tu as toujours espoir dans la lutte pour la démocratie à Hong Kong?

  • J’essaye de garder espoir parce que nous nous battons pour ce que nous sommes censés avoir concernant la lutte pour les droits humains. Mais pour être honnête je pense que Hong Kong va de plus en plus mal. Si finalement nous pouvons avoir ce qu’il nous revient la démocratie et les droits humains, de toute façon en 2047 Hong Kong sera restituée à la Chine. Nous aurons un pays, un système. Donc même si nous pouvons avoir de l’espoir pour aujourd’hui, nous n’auront plus rien dans 30 ans. Est-ce que c’est une perte d’énergie que de se battre ? Je dirais que non parce qu’il y a encore beaucoup d’enfants qui suivent leur scolarité ici. Je pense que l’on peut au moins essayer de garder un état d’esprit correct le plus longtemps possible.

———————————————

En photos, collage réalisé par Chérubini.

Traduction effectuée par Noa Hoareau, stagiaire du Lycée français de Hong Kong

Auteur/Autrice

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Radio Stéréochic