Et Dieu rappela Brigitte Bardot

Et Dieu rappela Brigitte Bardot

Le film, sorti dans les salles en 1956, « Et Dieu créa la femme » révéla la femme française au monde. Incarnée par Brigitte Bardot, l’image de la Parisienne ou de la Tropézienne, a été forgée pour des décennies. Et ce 28 décembre 2025, l’actrice, la chanteuse, la militante, est décédée. Retour sur le destin de l’étoile française, B.B., dont chaque Française, de France comme de l’étranger, est héritière.

Brigitte Bardot au Cinéma

Décédée dimanche 28 décembre à l’âge de 91 ans, Brigitte Bardot laisse derrière elle une filmographie contrastée où se côtoient films de seconde zone et chefs-d’œuvre du septième art. De « Et Dieu créa la femme » aux « Pétroleuses », Lesfrancais.press reviennent sur les rôles emblématiques de sa carrière.

« Et Dieu créa la femme »

Sorti en 1956, éreinté par la critique traditionnelle nationale, le film passe presque inaperçu à sa sortie en France, avant de connaître un succès fulgurant aux États-Unis. Auréolé d’un parfum de scandale en raison de scènes explicites, en particulier une scène de danse d’un érotisme inédit sur grand écran, le film déchaîne les passions outre-Atlantique et signe l’acte de naissance de Brigitte Bardot en tant que star de cinéma et de sex-symbol planétaire.

Au milieu des années 50, elle n’est qu’une une jeune actrice de 22 ans mais son visage est, déjà, connu du grand public. En effet, elle a déjà tourné une dizaine de films dans des rôles secondaires mais on est loin du statut d’icône auquel elle allait accéder avec « Dieu créa la femme », film précurseur de la Nouvelle Vague et miroir d’une jeunesse révoltée contre une société vieillissante et corsetée.

« Le Mépris »

En 1963, sort « Le Mépris » ! C’est un choc des cultures : d’un côté, Brigitte Bardot, la plus grande vedette européenne, de l’autre le turbulent chef de file de la Nouvelle Vague, le réalisateur Jean-Luc Godard, qui voit dans cette actrice une incarnation de la modernité et rêve de tourner avec elle.

Chronique de la lente désintégration d’un couple autant que réflexion sur les affres de la création, « Le Mépris » est un échec retentissant au box-office, malgré un budget conséquent et la présence au casting de « B.B. » et du réalisateur Fritz Lang dans son propre rôle.

Mais le film de Godard finit par accéder au rang d’œuvre culte, symbolisé par la réplique d’une Brigitte Bardot nue qui énumère devant Michel Piccoli la liste des parties de son corps : « Et mes chevilles ? Tu les trouves jolies mes chevilles ?… Et mes fesses ? Tu les trouves jolies mes fesses ?… « 

« Viva Maria »

Comment ne pas évoquer la carrière au cinéma de BB sans parler de son duo avec l’autre grande dame du cinéma français d’après-guerre, Jeanne Moreau. C’est en 1965 dans le film « Viva Maria » que Louis Malle nous fait ce cadeau. Brigitte Bardot y joue la fille d’un anarchiste irlandais en fuite au Honduras britannique, au début du XXe siècle. Elle forme bientôt un duo inséparable avec une autre Maria, chanteuse dans un cirque. Mais les deux amis se retrouvent malgré elles mêlées à une révolution…

Parodie de western et blockbuster à la française avec ses explosions en série et ses décors exotiques, le film de Louis Malle offre à « B.B. » un nouveau rôle de femme forte dans un registre populaire. Le succès est colossal, porté notamment par les compositions de Georges Delerue et ses pastiches d’opéras-bouffes, interprétés par les deux actrices. Dans les années 1960, Brigitte Bardot et Jeanne Moreau sont non seulement des stars de cinéma mais aussi des chanteuses reconnues.

Brigitte Bardot, la chanteuse

Dès le début des années 60, la star de cinéma pousse aussi la chansonnette. Au total, Brigitte Bardot a interprété près de 70 chansons comme La Madrague, Bubble Gum, Un jour comme un autre, Tu veux ou tu veux pas ? ou Nue au soleil, pour les titres les plus connus. On se souvient aussi du célèbre Tu es le soleil de ma vie, en duo avec Sacha Distel, mais surtout, de ses chansons sulfureuses avec Serge Gainsbourg.

En 1963, pour souhaiter une bonne année aux téléspectateurs, elle accepte d’interpréter des chansons de divers auteurs et compositeurs, notamment Serge Gainsbourg, qu’elle vient de rencontrer et qui lui propose L’Appareil à sous. Il faudra attendre 1967 pour que ces deux-là se retrouvent et entretiennent une liaison aussi courte qu’intense. Brigitte devient la muse de Serge, qui lui dédie la chanson Initials B.B., après lui avoir écrit plusieurs titres emblématiques : Harley Davidson, Bonnie and Clyde et Je t’aime… moi non plus.

L’enregistrement de ce dernier titre, chanté en duo avec elle en décembre 1967, sera gardé secret par Gainsbourg à la demande de Bardot (qui était alors mariée à Günter Sachs) et ne sortira qu’en 1986, mais Je t’aime… moi non plus rencontrera un succès international en 1968, réenregistrée avec Jane Birkin, la nouvelle égérie du compositeur.

Brigitte Bardot, la militante

En 1973, c’est dans une jolie comédie de Michel Deville, L’Ours et la Poupée, où elle joue enfin la tendresse face à Jean-Pierre Cassel, qu’on retrouve Brigitte Bardot. Elle tourne enfin sous la direction de Nina Companeez mais quand le film sort, personne ne sait encore que c’est son dernier. Elle a alors 39 ans et veut changer de vie.

Si le mythe de la plus belle femme du monde va continuer de cheminer dans la mémoire du cinéma, c’est ailleurs qu’elle va interpréter le rôle qui lui tiendra le plus à cœur. C’est désormais à La Madrague, à Saint-Tropez, au milieu de ses chiens, que Brigitte Bardot lance ses nouvelles croisades pour la défense des animaux.

En 1977, elle dénonce le massacre des bébés phoques. Pour l’opinion, une nouvelle Bardot vient de naître. Un périple de cinq jours sur les glaces polaires du Canada aboutira à faire voter l’interdiction du commerce de leur fourrure. Mais la pression médiatique est trop forte, et B.B. n’est pas encore prise au sérieux.

Neuf ans plus tard, la voilà qui vend objets personnels, bijoux et souvenirs de son ancien métier. Trois millions collectés pour financer sa Fondation et mieux se consacrer à la sauvegarde de toutes les bêtes opprimées. Fondation à laquelle elle lègue également sa propriété. De l’abandon des animaux de compagnie à l’expérimentation animale en passant par la chasse aux tourterelles, elle sera de tous les combats. Mais, peu à peu, la jeune femme si libre des années 1950 a laissé la place à une femme de plus en plus conservatrice.

Pour autant, à la fin des années 60, le sculpteur Aslan fait le choix audacieux de donner à Marianne les traits de Brigitte Bardot. Plébiscitée par les Français, cette dernière devient la première personnalité à incarner Marianne. Apanage des bâtiments officiels à l’instar des trois mots Liberté Égalité Fraternité et des trois couleurs du drapeau bleu blanc rouge, le buste de Marianne se décline au rythme de l’histoire et des modes depuis 1789 !

Buste de Marianne - Brigitte Bardot © Boutiques des musées de France
Buste de Marianne - Brigitte Bardot © Boutiques des musées de France

« La liberté, c’est d’être soi, même quand ça dérange« , proclame Brigitte Bardot en exergue d’un livre intitulé Mon BBcédaire (Éditions Fayard), sorti en librairie le 1er octobre 2025, dans lequel elle donne son avis sur le monde. Du A d’abandon au Z de zoo, Brigitte Bardot écrit quelques lignes sur des mots choisis et des noms de lieux ou de personnalités qu’elle a connus. Dans l’érotisme, la comédienne voit des « jeux d’amour où tout est permis avec imagination, perversité trouble et coquinerie amoureuse« . La militante pour la cause animale juge que la France est « devenue terne, triste, soumise, malade, abîmée, ravagée, ordinaire, vulgaire…« . La droite est le « seul remède urgentissime à l’agonie de la France« , ajoute celle qui a revendiqué sa proximité avec Marine Le Pen.

Émotions et tristesse sur les pavés parisiens comme sur le sable de Saint Tropez

La ville où l’actrice française a vu éclore sa célébrité et s’est éteinte ce dimanche a tenu à rendre hommage à l’icône du cinéma. « Brigitte Bardot restera à jamais associée à Saint-Tropez, dont elle fut l’ambassadrice la plus éclatante », a salué le petit port méditerranéen dans un communiqué. « Par sa présence et son aura, elle a marqué l’histoire de notre commune et contribué à faire rayonner Saint-Tropez dans le monde entier », poursuit le texte. La préfecture du Var a de son côté salué « la mémoire de cette figure mythique du patrimoine culturel français et varois ».

Au niveau national, les réactions ont fusé du côté du Rassemblement national. Marine Le Pen, que Brigitte Bardot avait qualifiée de « Jeanne d’Arc du XXIe siècle », a dit sur X ce dimanche « son chagrin immense » et salué une « femme exceptionnel par son talent, son courage, sa franchise, sa beauté » qui va « forcément nous manquer ».

De son côté, le président du RN Jordan Bardella a rendu hommage à une « ardente patriote », voyant en l’actrice, qui a souvent affirmé sa sympathie envers le parti d’extrême droite, une « incarnation » d’une « certaine idée du courage et de la liberté ». « Le peuple français perd aujourd’hui la Marianne qu’il a tant aimée et dont la beauté a stupéfié le monde, […] une femme de cœur, de conviction et de caractère », a-t-il écrit sur X.

Pour le Président de la République, Emmanuel Macron, Brigitte Bardot « incarnait une vie de liberté », « nous pleurons une légende du siècle », comme il l’indique sur X. Tandis que la ministre de la Culture, Rachida Dati a salué une « icône parmi les icônes », « follement libre et tellement française finalement ».

Brigitte Bardot reçu à l'Elysée par le couple Macron en juillet 2018. © DR fondation Brigitte Bardot
Brigitte Bardot reçu à l'Elysée par le couple Macron en juillet 2018. © DR fondation Brigitte Bardot

De nombreuses associations de défense et de protection des animaux ont, aussi, rendu hommage à Brigitte Bardot, qui a renoncé au cinéma en 1973 pour se consacrer entièrement à la cause animale. La SPA a salué sur X son « engagement sans faille », qui a « permis de faire évoluer les consciences et d’obtenir de grandes avancées pour la protection animale ». « Merci, B.B., pour tout ce que vous avez accompli », écrit Société protectrice des animaux.

L’association Peta avait attribué un prix à Brigitte Bardot en 2001, pour sa mobilisation en faveur de la cause animale a aussi partagé son émotion, la star avait contribué à des campagnes de l’organisation, comme celle en 2013 pour que l’enseigne britannique Fortnum & Mason cesse de vendre du foie gras.  La fondatrice de l’association Peta, Ingrid Newkirk a rendu hommage à l’actrice française Brigitte Bardot qui était « un ange pour les animaux » et « une porte-parole de toutes les espèces ». « De ses pigeons sauvés à Saint-Tropez à ses chiens bien-aimés, Brigitte manquera à Peta », a écrit dans un communiqué la fondatrice de cette association de défense des animaux. Elle « s’est battue, y compris devant les tribunaux, pour protéger [tous les animaux] », a-t-elle poursuivi.

On finit par l’hommage, comme un écho de ce siècle passé, porté par le reflet (bien inversé) de Brigitte Bardot, Mireille Mathieu.

« B.B., deux initiales qui ont fait le tour du monde et qui ont fait de Brigitte l’icône et la légende du cinéma français, la grande actrice et la femme libre qui a marqué de son empreinte l’histoire de France. Et si Dieu a créé la Femme, il a aussi créé Brigitte Bardot »

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