Le Président Xi Jinping a annoncé à moult reprises que la Chine sera la première puissance économique en 2049 pour le centenaire de la République populaire. Ces dernières années, nombreux étaient ceux qui croyaient à cette prédiction. Depuis quelques mois, une autre musique se fait entendre en vertu de laquelle les États-Unis pourraient bien conserver leur première place sur le podium plus longtemps que prévu.
La tendance des gains de productivité
Les prévisions en matière de gains de productivité sur plusieurs décennies sont difficiles à réaliser. Depuis trente ans, ces gains ont tendance à s’éroder au sein de toutes les grandes zones économiques. Certains estiment que cette tendance est amenée à se poursuivre (stagnation séculaire) quand d’autres considèrent que l’intelligence artificielle conduira à un redressement des gains de productivité.
De 2010 à 2022, la productivité par tête a progressé de 10 % en zone euro, de 18 % aux États-Unis, de 70 % en Chine et de 80 % en Inde. En Afrique, sur la même période, la hausse est de 20 %. Elle est de 10 % en Amérique latine.
Pour les pays émergents hors Chine, la progression des gains de productivité depuis 2010 a été de 30 %, contre 5 % pour le Japon. Depuis 2017, la productivité a tendance à stagner au Japon comme au sein de l’Union européenne quand les États-Unis et la Chine enregistrent des hausses assez proches.
La tendance de la population en âge de travailler
L’augmentation de la population active est un gage de croissance économique. Elle signifie que l’économie peut compter sur un nombre de travailleurs plus important. En la matière, les États-Unis, l’Inde et les pays africains sont les mieux placés. A contrario, le Japon et les États de l’Union européenne seront confrontés à des problèmes croissants de main-d’œuvre.
Quelle sera la première puissance économique en 2050?
L’évolution du taux d’emploi
Les taux d’emploi (le ratio de l’emploi à la population en âge de travailler) ont fortement progressé au sein des pays de l’OCDE depuis 2017. Le taux d’emploi est ainsi de 71 % aux États-Unis en 2022, contre 67 % en 2010. Les chiffres respectifs pour l’Union européenne sont de 70 et 63 % et au Japon de 79 et 70 %. En Chine, le taux d’emploi est stable autour de 78 % depuis une dizaine d’années. En Inde, il est stable mais à un faible niveau (50 %) permettant d’envisager une forte progression dans les prochaines années. En Afrique comme en Amérique latine, les taux d’emploi sont faibles (respectivement 62 et 58 %).
L’amélioration du taux d’emploi devrait favoriser la croissance de l’Europe d’ici 2050, de l’Inde et des États-Unis.
Au vu de l’évolution de la population en emploi et des gains de productivité, les croissances potentielles les plus élevées pour le quart de siècle à venir se situent en Afrique, en Inde et aux États-Unis. A contrario, l’Union européenne et le Japon devraient être à la traîne.
De 2022 à 2050, la croissance cumulée du PIB devrait atteindre plus de 170 % en Afrique, 130 % en Inde et 90 % aux États-Unis. Le PIB japonais devrait diminuer quand celui de l’Union européenne devrait faiblement augmenter. Les États-Unis devraient conforter leur rang de première puissance économique mondiale.
L’écart avec la Chine devrait s’accroître
En 2050, grâce à la vitalité de leur population active et à la capacité à dégager des gains de productivité, les États-Unis devraient rester la puissance dominante en termes économiques. Le poids relatif de l’Union européenne et de la Chine diminuerait légèrement au profit de l’Inde et de l’Afrique. Le poids de ces deux entités resterait néanmoins faible.
Auteur/Autrice
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Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.
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