Dernier tour de piste touristique avant le Brexit

Dernier tour de piste touristique avant le Brexit

Après le funeste Brexit, la Grande-Bretagne va redevenir une destination exotique alors que les contrôles douaniers vont y redevenir la norme. Une escapade insolite en terre anglo-saxonne encore communautaire peut ainsi fournir un goût de fin d’époque avant la date fatidique…

Au pays de la monarchie, des châteaux hantés et de Nessie, les destinations extraordinaires ne manquent pas. Si les weekends de shopping à Londres sont désormais éculés jusqu’à plus soif, le Royaume-Uni regorge toutefois de destinations curieuses et excentriques, pour un public averti et exigeant…

 

Le Yorkshire est la première escale la plus évidente avec de notables vestiges de l’Angleterre catholique, comme les cisterciennes Rievaulx Abbey et Jervaulx Abbey. Plus tardif mais tout aussi spectaculaire, le château Howard, achevé en 1712 pour le troisième Comte de Carlisle, se situe à une vingtaine de kilomètres de Scarborough (petite ville mondialement connue grâce à la chanson traditionnelleScarborough Fair, notamment reprise par Simon & Garfunkel). Haut lieu des fish and chipsles plus authentiques du royaume, le petit port de Whitby, situé sur l’embouchure de l’Esk, attire un certain tourisme grâce à sa superbe et très gothique abbaye en ruines (ancien monastère bénédictin). Le cadre a d’ailleurs servi de cadre à l’illustre Draculade Bram Stoker et à Absolution By Murderde Peter Tremayne.

 

Pour les esprits davantage portés sur la nature que sur le gothisme, les Hébrides constituent une destination de choix, notamment l’île de Barra, dans les Hébrides extérieures. Au nord de l’île, son minuscule aéroport est unique au monde avec sa piste d’atterrissage constituée d’une plage découverte à marée basse, obligeant ainsi les avions à ne décoller et atterrir qu’à certaines heures. Les pittoresques brochs, constructions en pierre sèche et en forme de tour conique et creuse, datant de la fin de l’Âge du fer (100 av. J.C. – 300 ap. J.C.), ainsi que le château fort de Kisimul (l’un des plus vieux d’Écosse) retiennent aussi l’attention pour un dépaysement garanti. Les aficionados se délecteront de paysages superbes, d’une nature sauvage parsemée de fleurs rares et de splendides plages. Ne vous attendez en revanche pas à une vie nocturne débridée.

 

Les amateurs de sensations fortes néanmoins sensibles à la délicatesse de la musique classique, eux, ne pourront pas faire l’économie d’un détour par Aldeburgh, dans le Suffolk. Son festival de musique classique et des arts ravira les mélomanes qui pourront ensuite aller frissonner sur les plages avoisinantes d’où ils pourront contempler les tours des centrales nucléaires de Sizewell, à seulement trois kilomètres de là. Prévoyantes, les autorités ont installé un panneau sur la plage pour informer les promeneurs de la marche à suivre en cas d’explosion nucléaire.

Sur la côte de Northumbrie, accessible à pieds par une chaussée submersible, les âmes en recherche spirituelle peuvent aller goûter à la sérénité d’une retraite religieuse sur l’île de Lindisfarne. Son célèbre monastère, fondé en 635 par le moine irlandais Aidan, a été le siège de la christianisation du nord de l’Angleterre. Le village insulaire offre des possibilités d’accueil pour passer la soirée au calme sur un site enchanteur, le gros des touristes s’empressant de repartir avant la marée haute.

 

Changement d’atmosphère dans la ville aux deux noms : Londonderry (nom officiel) / Derry (anglicisation du gaélique Doire), les deux étant utilisés selon que l’on est nationaliste ou unioniste, irlandais ou britannique, catholique ou protestant. Malgré des frictions toujours tangibles entre les communautés, les touristes peuvent se contenter de s’investir dans une histoire locale riche, une gastronomie réputée et une côte spectaculaire.

 

Face à l’incertitude planant sur l’avenir des rapports futurs entre Albion et le reste de l’Union européenne, les idées de séjours de quelques jours sont ainsi aussi variées qu’insolites pour qui sait sortir des sentiers battus. L’émerveillement ne manquera pas de laisser un souvenir marquant.

 

Par Phileas Fogg– Franco-britannique ayant passé sept années à Bruxelles, Phileas Fogg exerce comme journaliste et traducteur. S’intéressant beaucoup aux sujets politiques, religieux et de société, il se passionne pour la culture et affectionne tout ce qui le rattache à ses deux patries.

 

© Phileas Fogg, juin 2018

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire