La pandémie donne lieu à une surenchère verbale qui avait disparu des débats publics depuis une trentaine d’années avec la fin de la menace soviétique. Les réseaux sociaux se caractérisent par une surenchère dans les insultes. Sous couvert ou non d’anonymat, la diffamation, les propos orduriers, les menaces de mort sont devenues légion. La défiance s’étend ainsi de jour en jour et mine la société. Toute décision publique est considérée suspecte voire inepte. Les termes de faillite, de sous-développement, de tiers-mondisation sont avancés pour qualifier la gestion de tel ou tel pays.
Critiques
En France, la justice en vient à enquêter sur l’action de plusieurs ministres au sujet de la gestion de la crise avant même qu’elle ne soit terminée, en recourant à des perquisitions à leur domicile comme pour de vulgaires criminels. La campagne de vaccination est à peine engagée qu’elle est déjà critiquée. En quelques jours, le débat est passé des dangers supposés des vaccins au retard pris pour les injecter. N’est-il pas un peu stérile de juger une campagne de vaccination sur ses premiers jours quand elle est amenée à s’étaler sur une année ? Par ailleurs, L’accumulation des critiques factuelles est démotivante pour les personnels en charge de la gestion de la crise.
Les Français demandent de l’empathie mais ne la pratique qu’avec parcimonie. Les lamentations à l’infini et l’expression sans limite des rancœurs ne favorisent pas le retour de la confiance qui est pourtant la clef de voûte de la croissance.
Les pays unis s’en sortent mieux que les pays divisés
Face aux épreuves, les pays unis s’en sortent toujours mieux que les pays divisés que ce soit sur le plan sanitaire ou économique comme le prouvent l’Allemagne ou Israël.
Une nation est une communauté de destin, expression du sentiment partagé d’appartenance. Elle exige la recherche permanente du consensus autour d’un pouvoir accepté et légitime. De la Fronde sous Louis XIV aux « gilets jaunes » en passant par la Commune ou 1940, les Français ont toujours eu un rapport complexe au pouvoir.
Dotée d’importantes façades maritimes et de sols à la richesse agricole reconnue, la France se trouve idéalement placée en Europe, au cœur des grandes routes commerciales. Bénéficiant d’un patrimoine hors du commun, à l’origine de nombreuses inventions qui ont marqué les grandes heures de l’industrialisation, elle connaît régulièrement des phases de dépression avancée, l’amenant au bord du précipice. L’esprit de la division l’emporte trop souvent sur celui de la tempérance.
Des phases de dépression
En France, la responsabilité individuelle est niée pour être transférée sur l’exécutif, entraînant une instabilité chronique. Depuis le début de la IVe République, elle a compté 66 gouvernements, contre 24 en Allemagne. Dans notre pays, les pouvoirs publics interviennent en premier et dernier ressort quand, dans d’autres Etats, ils assurent avant tout le filet de sécurité ultime.
En France, l’État concentre toutes les demandes tout en payant un prix élevé pour cette surexposition permanente. Inscrit dans la constitution, le principe de subsidiarité reste, un principe théorique.
Le niveau sans équivalent à l’échelle mondiale des prestations sociales, plus du tiers du PIB, semble générer plus de frustrations que de bonheur. Depuis la crise de la Covid-19, l’État, c’est-à-dire la communauté des citoyens, a garanti à plus de 95 % les revenus ; or, nul ou presque n’en porte crédit au gouvernement. Après 1945, la reconstruction et les « trente glorieuses » ont été une œuvre collective autour d’une mobilisation effective de tous les acteurs.
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