Défections chez Renaissance dans la 8ème circonscription des Français de l'étranger

Défections chez Renaissance dans la 8ème circonscription des Français de l'étranger

Lundi, 17 personnes membres du parti Renaissance ont écrit au secrétaire général du mouvement, Stéphane Séjourné pour lui annoncer leur démission collective. 17 personnes, c’est peu, mais cela représente 15% des adhérents du parti présidentiel dans la 8ème circonscription des Français de l’étranger (Méditerranée de l’Est) et surtout parmi ces démissionnaires, il y a Hugues Le Cardinal, un des deux seuls élus locaux, tous pays confondus, de la circo.

Pourquoi ont-ils décidé de quitter le parti ? Quelle est la réaction de Renaissance ? On a posé les questions aux acteurs concernés.

« Une déception amoureuse »

Si dans les personnalités qui ont quitté le parti, il y a Hugues Le Cardinal, on retrouve aussi des acteurs moteurs du mouvement présidentiel dans ces pays. Ainsi à côté de l’élu milanais, on retrouve les animateurs et animatrices des comités « En Marche – Renaissance » de Turquie, d’Israël, de Grèce, etc. Tous sont des Français dévoués à leurs compatriotes à l’étranger qui ont un engagement pour certains vieux de plusieurs années.

Issus du centre droit comme de la gauche, ils avaient, pour certains, rejoint Emmanuel Macron dès 2016. Mais alors pourquoi quitter ainsi le parti qu’ils ont porté et défendu depuis des années ?

Manque de considération

Pour Hugues Le Cardinal et les autres signataires (la lettre est disponible en libre téléchargement en fin d’article), la raison majeure de leur départ, c’est l’opacité et la verticalité du fonctionnement de Renaissance.

Les démissionnaires reprochent aux instances parisiennes de ne jamais solliciter les militants quant aux décisions qui concernent leur circonscription. Ainsi, le choix de la candidate lors des élections législatives cristallise ce mécontentent. Alors que la participation en Italie progresse à chaque élection, au point de devenir en 2022 et 2023, le premier pays pourvoyeur d’électeurs, Renaissance, comme d’autres partis, continue d’axer l’ensemble de sa stratégie sur Israël. S’il est vrai que 50% des inscrits de la circonscription sont localisés dans ce pays, la faible participation, liée au processus d’intégration des migrants israélites dans ce pays, relative le poids électoral du petit pays à l’extrême Est de la 8ème circonscription.

« On avait proposé d’axer la stratégie sur l’Italie, le mouvement n’a même pas écouté notre proposition « 

Hugues Le Cardinal, président du Conseil consulaire de Milan et élu AFE pour la zone

Déçus des échec à répétition, qu’ils avaient anticipés en proposant dès 2021 une stratégie axée autour d’une candidate, jeune mais issue d’un autre pays qu’Israël, les signataires de la lettre ne comprennent pas que la direction parisienne n’ait même pas voulu échanger avec eux. Comme nous le précise Hugues Le Cardinal, ce n’est pas le choix de la candidate, Deborah Abisror-De Lieme, qui est remis en cause, c’est la méthodologie du parti qui est au coeur des reproches de ces cadres du mouvement présidentiel.

Un sentiment que partagent d’autres membres de Renaissance, dans d’autres circonscriptions, et qui se retrouve dans l’ensemble, selon Hugues Le Cardinal, des démarches politiques entreprises par le camp d’Emmanuel Macron. Ainsi, malgré des résultats plus que corrects lors de la présidentielle de 2022, la connaissance aiguë des communautés françaises dans ces pays, l’équipe a été exclue des campagnes qui ont suivi.

 » On part car le fonctionnement du mouvement ne correspond pas à notre vision de la poltique. Nous sommes très déçus par l’organisation du parti ! « 

Hugues Le Cardinal, président du Conseil consulaire de Milan et élu AFE pour la zone

Un avenir incertain

Pour ces démissionnaires, l’acte est important car il peut signer la fin de leur engagement politique. Alors que tous sont des bénévoles investis et qui aimeraient en faire plus pour les Français résidant dans leur pays d’accueil.

« Le but de la politique c’est d’améliorer la vie des gens. C’est un très beau bénévolat ! « 

Hugues Le Cardinal, président du Conseil consulaire de Milan et élu AFE pour la zone

Ainsi quand on pose la question de l’avenir à Hugues Le Cardinal, il avoue que le temps est à la « déception amoureuse » et qu’ils n’ont pas encore pris de décision quant à l’avenir de leur engagement. Leur seul espoir c’est que leur démission sera un électrochoc pour la direction de Renaissances et que le fonctionnement de ce parti sera amélioré dans les meilleurs délais. Un voeu qui risque de rester lettre morte !

Une guerre d’égo ?

Du côté du parti présidentiel, c’est la candidate aux deux dernières élections législatives, Deborah Abisror-De Lieme, qui nous a répondu. Et le discours n’est pas du tout le même.

Pour la jeune opposante à Meyer Habib, c’est bien un problème d’égo qui serait à l’origine de ce mouvement de fronde. Pour elle, Hugues Le Cardinal visait l’investiture (ce que l’intéressé dément) dans la 8ème circonscription des Français de l’étranger.

« On me fait un procès car je suis une jeune femme alors qu’un homme plus âgé voulait l’investiture »

Deborah Abisror-De Lieme, Secrétaire générale du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale et ancienne candidate aux élections législatives pour la 8ème circonscription des Français de l’étranger.

Les frondeurs de la circonscription regroupés autour d’Hugues Le Cardinal reprocheraient, toujours sur la candidate, la ligne politique de sa campagne. Celle-ci fut axée sur Israël, dont Deborah Abisror-De Lieme détient aussi la nationalité, et sur un angle plutôt de droite. Une stratégie qu’assume sans complexe l’ancienne candidate, en effet elle nous rappelle que lors de l’élection présidentielle, loin de l’analyse des démissionnaires, Eric Zemmour remporta au premier tour 75% des voix des Français d’Israël. Sa campagne fut donc une réponse, une main tendue, envers nos compatriotes désabusés par la politique française.

« Si on n’a pas une politique ferme sur certains points, ils se tourneront vers Marine Le Pen en 2027 »

Deborah Abisror-De Lieme, Secrétaire générale du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale et ancienne candidate aux élections législatives pour la 8ème circonscription des Français de l’étranger.
Eric Zemmour pendant la campagne présidentielle en 2022 ©AFP/Reuters

Construire sereinement

Ainsi pour Deborah Abisror-De Lieme, ces défections ne sont qu’un épiphénomène né d’une rancoeur personnelle. Pour la chef de file de Renaissance dans la 8ème circonscription des Français, ces départs sont en fait une véritable opportunité pour apaiser les sections locales et rentrer dans un travail de construction afin de préparer les militants, les cadres aux prochaines échéances.

« On est en train de construire dans la sérénité ! « 

Deborah Abisror-De Lieme, Secrétaire générale du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale et ancienne candidate aux élections législatives pour la 8ème circonscription des Français de l’étranger.

Télécharger le courrier des démissionnaires

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