De la lumière à l’ombre

Dalle stelle alle stalle, disent les Italiens : des étoiles aux étables. C’est le destin de certaines stars, celui, aussi, des informations. Notre univers est un cimetière de passions médiatiques maltraitées de leur vivant, piétinées dans leur silence. Les sujets qui ont accaparé l’attention pendant plusieurs semaines, animé peurs et débats, sombrent dans l’effacement. Faut-il les sortir de leurs ombres ?

Feux en Australie. Le gouvernement australien a été accusé, par son inaction dans la lutte contre le changement climatique, d’avoir alimenté les feux. L’Australie représentant moins de 1% des émissions de CO2, l’action d’un gouvernement ne pouvant jouer qu’à la marge et dans le temps, son influence sur le réchauffement climatique est epsilonesque.

Ennemis de carnaval : Personne n’a songé àmettre l’Australie sous responsabilité internationale, comme l’avait proposé Macron pour l’Amazonie, ce à quoi s’est opposé le président brésilien à l’ONU, dénonçant cenéocolonialisme. Désormais, la France est désignée par l’Etat-major brésilien comme l’ennemi principal. Rassurons-nous, l’armée brésilienne n’a jamais mené de guerre depuis le 19ème siècle (sauf contre ses concitoyens). Dommage, car Nicolas Sarkozy avait conclu avec Lula un partenariat stratégique prometteur,notamment dans l’armement (sousmarin,navires, avions), désormais  caduc. L’Amérique latine est toujours la grande oubliée de la diplomatie française.

Armes toujours : autre partenaire stratégique en froid avec l’Elysée, l’Egypte. 100 millions d’habitants. Elle boude les Français, et ne prolonge pas sa coopération militaire concernant les Rafales. Le Maréchal se plaint du double discours français : encouragement dans la lutte antiterroriste d’un coté, leçons sur les droits de l’homme de l’autre. Classique. Curieux, depuis le temps, qu’on se prenne encore les pieds dans le tapis.

Rafales encore : l’armée de l’air française a mené, à partir du porte-avion Charles de Gaulle, un exercice de combat aérien avec l’armée israélienne, Rafales contre F16, sous les yeux des Russes ébahis. Personne n’en a parlé. L’exercice était une réussite. Et la coopération avec les Israéliens, notamment dans le domaine du renseignement fonctionne, heureusement. Le message est passé, auprès des Turcs, Syriens, Iraniens et autres. Combien de pays ont un porte avion ? Six. La France compte plus qu’on ne le croit. Quand elle sait ce qu’elle veut.

La guerre ? Parle-t-on encore de la guerre annoncée en Iran ? Toutes les semaines, pourtant, l’aviation israélienne attaque des bases militaires de pasdarans. Plus personne n’évoque la destruction de l’avion ukrainien. Ni de représailles iraniennes. Le Liban ruiné et ses manifestants sont oubliés, avec un gouvernement sous l’emprise du Hezbollah. La France avait accueilli une conférence des donateurs. Pour quoi faire ? Renforcer une tête de pont iranienne en Méditerranée ? Savoir ce qu’on veut.

La paix ? Le plan Trump est débordé par le coronavirus. Avec la Chine en quarantaine, ses faux chiffres, ses vraies alarmes et un pétrole à moins de 60$ le baril, qui s’intéresse encore au Moyen-Orient en Amérique ?

Paix et guerre civile au Maghreb : le maréchal Haftar et le néocolonialisme turc n’intéressent plus. L’Algérie a fait savoir qu’elle ne voulait pasde soldats étrangers en Lybie, (Sauf les mercenaires russes). Le nouveau Président, qui croit avoir été élu, a fait condamner à nouveau Saïd Bouteflika et les anciens généraux de l’armée. Saïd a expliqué longuement en quoi GaïdSalah était un traître, ce que l’on savait déjà. Et le terrorisme recommence à frapper l’Algérie.Peut-être un début de solution pour le Sahel : quand l’Algérie se sentira vraiment concernée,peut-être agira-telle de façon plus ouverte et sincère avec la France.

Sahel silence : après l’émotion, après les menaces, après les sommets, plus rien. L’armée française a un peu plus de moyens. Pas assez pour gagner une guerre qualifiée de « sans fin »par le chef d’Etat Major. La vraie question : comment nourrir les 240 millions d’habitants qui peupleront le Sahel d’ici 2050 ? L’armée française au milieu, vraiment?

Les sujets oubliés reviendront. Dans l’urgence, l’émotion, la superficialité. C’est la règle. Ecouter les nouvelles, écouter le bruit de fonds, prêter l’oreille à ce dont on ne parle plus. Pour être un citoyen averti, il faut être musicien. La manipulation, ce n’est pas tant ce qui est dit que ce qui ne l’est pas.

Dernier exemple franco-européen : Le Président fait un discours remarqué à l’Ecole de guerre, évoquant la dissuasion française et propose un dialogue stratégique avec les Européens (l’Allemagne). Il annonce 37 milliards pour la modernisation de l’arme nucléaire, et salimitation à 300 têtes. Pourquoi 300 têtes ? A-t-on besoin de plus de têtes que la Chine, qui en a 280 ? Contre qui ? Les Russes en ont 6500. Combien dépensent-ils pour ce stock, sachant que le budget militaire russe dépasse d’à peine 12 milliards le budget militaire français ? 37 milliards, 300 têtes, voilà la ligne Maginot des années cinquante. Pendant ce temps, Le gouvernement ferme Fessenheim. Et annoncevouloir fermer 10 autres centrales. Sont-elles dangereuses ? Les Américains prolongent leur centrales jusqu’à 80 ans. Russes, Chinois, indiens en projettent de toute taille. La France s’accroche au nucléaire militaire et rechigne au civil, malgré ITER. Ascension du Mont Blanc, Ecole de guerre, Fessenheim, manipulation des symboles et absence de cohérence. Attention : Delle stellealle stalle, cela vaut moins pour les sujets mis sous le boisseau que pour les hommes au sommet.

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