Comme nous l’indiquions dans un précédent article, la Russie est « de retour en Afrique » avec notamment un grand sommet organisé à Sotchi. Dans la station balnéaire de la mer noire, Poutine a mis les petits plats dans les grands: 2 salons dont un pour les Chefs d’Etat, un accueil personnalisé, une ambiance professionnelle et bon enfant en même temps…
Si, certes, une partie de ce sommet fut l’occasion pour la Russie de vendre ses compétences techniques en matière d’armement, l’élu AFE Hervé Sérol qui nous a décrit les coulisses, rappelle qu’il ne faut pas réduire les débats à cela. Technologies, chimie, santé furent aussi mises en avant.
Et pour quel type de partenariat? Pas à la manière du gouvernement et des entrepreneurs chinois qui viennent avec leur main d’oeuvre et des usines clé en main. La Russie préfère une approche plus coopérative avec une partie du personnel venant de la fédération et le reste recruté sur place, le tout avec notamment des partenariats public-privé.
Et la France?
3 pays non-africains sont assez largement incontournables dans telle ou telle partie de l’Afrique: les anciens colons français et anglais et la Chine. Etats-Unis, Portugal, Espagne ont aussi de nombreux intérêts sur le continent noir. La Russie, elle, avait largement abandonné les positions historiques de la défunte Union Soviétique.
Pour autant, la France ne perdra peut-être pas forcément au change à ce retour russe en Afrique. La chambre de commerce franco-russe, selon les informations de M. Sérol, pourrait notamment participer à un certain nombre d’opérations en Afrique. Et l’expertise, la connaissance de la langue, l’implantation ancienne d’un certain nombre d’expatriés français en Afrique pourraient aussi jouer un rôle dans le cadre du retour de la Russie… La rédaction n’est cependant pas naïve, la Russie à travers cette opération de charme, n’a qu’un objectif: effectuer son retour sur le continent.
La présence russe en Afrique: ancienne mais lointaine
La Russie, et avant elle l’Union Soviétique, est présente de longue date en Afrique, en particulier depuis la fin du colonialisme. Si la Russie tsariste était un empire continental uniquement, l’URSS elle avait des ambitions mondiales. C’est lors de la conférence de Bandung en 1955 que cela s’affirma clairement. Accompagner les territoires vers l’indépendence, les guider vers le clan communiste surtout.
L’URSS s’implanta ainsi durablement en Angola et au Mozambique, construisit le barrage d’Assouan et aida à la nationalisation du canal de Suez, accompagna Mugabe et tant d’autres leaders politiques.
La chute de l’Union soviétique signa, temporairement, la fin de ces ambitions. Exsangue économiquement, la Russie de Boris Elstine abandonna largement ses anciens alliés, incapable, tout comme pour Cuba, de pouvoir continuer à leur fournir assistance.
Vladimir Poutine, que l’on sait traumatisé par cet épisode de l’histoire de son pays, a à coeur de restaurer l’empire. Une question qui nous inquiète: jusque quel point cela se fera-t-il au détriment des intérêts de la France sur le continent?
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