Covid : une septième vague se prépare-t-elle en France ?

Covid : une septième vague se prépare-t-elle en France ?

La Haute Autorité de Santé a publié un rapport sur la stratégie anticipée de vaccination à l’automne 2022 face à la pandémie de Covid-19.

Une situation sous contrôle pour l’instant

La Haute Autorité de Santé (HAS) avait déjà validé le 12 mai dernier une série de recommandations sur la future stratégie de vaccination contre la COVID-19 (rapport mis en ligne le 25 mai). Après plus de 2 ans de pandémie COVID, un an après la mise à disposition pour tous les adultes d’un vaccin remarquablement efficace contre les formes sévères, la France connaît actuellement une phase d’amélioration de la situation hospitalière.

La fin du passe vaccinal, la confusion sur les schémas de rappels, la difficulté pour « aller vers » les populations fragiles non protégées ont cependant conduit actuellement à un quasi arrêt de la campagne vaccinale. La circulation virale reste forte (plus de 20 000 nouveaux cas chaque jour), les entrées hospitalières ont cessé de baisser et de nouveaux variants arrivent sur le territoire, faisant craindre un rebond épidémique à plus ou moins court terme.

Un pic pour cet été ?

En effet, les professionnels de santé sont inquiets pour les semaines à venir.

« Il faut surveiller car lhôpital est sous tension. On a un manque de personnel flagrant” Karine Lacombe, infectiologue interviewée par l’AFP.

Selon les autorités sanitaires, les sous-variants d’Omicron, BA4 et BA5, seraient moins dangereux. Mais ils représentent tout de même un risque pour les personnes immunodéprimées et non-vaccinées. Néanmoins, les chiffres restent moins élevés que lors des précédents pics.

Les inconnues dans les prochains mois restent nombreuses : apparition de nouveaux variants ? Avec quelle sévérité intrinsèque et quel taux d’échappement aux immunités précédentes ? Durabilité de la protection contre les formes graves dans le temps ? Disponibilité et efficacité de vaccins « mis à jour » ?

La visibilité est faible, mais la HAS prend l’option de se projeter directement plusieurs mois dans le futur « à l’automne ». Cette temporalité semble faire écho aux partisans d’une épidémie liée à la température, ce que la situation dans les DOM-TOM l’été dernier a cependant réfuté.

Trois scénarios à l’étude

La HAS propose 3 scénarios, basés sur la sévérité des futurs variants et le maintien ou non de l’immunité contre les formes graves. Mais elle s’évite de mentionner les critères qui définiraient chacune de ces hypothèses.

Comme si elle marchait sur des œufs, la stratégie de vaccination proposée apparaît extrêmement limitée : dans l’hypothèse la plus favorable, seuls les immunodéprimés doivent bénéficier d’une campagne de rappel (ce qui est déjà le cas actuellement… et trop peu réalisé dans les faits). La HAS juge, sans argumentation, l’hypothèse intermédiaire comme étant la plus probable : immunité en baisse, variant de virulence équivalente à Omicron. Or, si l’immunité qui baisse avec le temps est une donnée déjà admise par la communauté scientifique, rien ne permet d’affirmer que les prochains variants seront moins sévères (Delta a remplacé Alpha et conduisait à plus de formes sévères). Dans cette hypothèse, elle propose une stratégie vaccinale révérée aux populations à risque, ne tranchant même pas sur la vaccination proposée aux soignants. Il apparaît légitime de s’interroger sur l’accessibilité à tous du vaccin dans cette stratégie (toutes les personnes à risque sont-elles identifiées et se considèrent-elles comme tel ?). L’absence de mention des conséquences en dehors de l’hôpital sont-elles aussi à déplorer, et toute notion de prévention des « COVID longs » par la vaccination n’est pas abordée. Encore une fois, le raisonnement se base sur la seule ligne « l’hôpital doit tenir ».

Pas de retour du passe vaccinal

La HAS acte la fin de tout retour d’une forme de passe vaccinal, arguant d’une balance à trouver entre la liberté individuelle et les contraintes de santé publique. Or, si sur la forme le passe vaccinal peut être critiqué, nul doute qu’il a conduit à une vaccination massive en France, et permis d’éviter une situation encore pire cet hiver.

Un des points les plus critiquables de ce rapport concerne la temporalité de cette stratégie de rappel. Encore une fois, la HAS entretient l’hypothèse d’une infection saisonnière, elle incite à une vaccination à l’occasion de la vaccination grippale. Cette demande avait déjà été faite à l’automne 2021, et nous avons pu constater sur le terrain ses limites : demande des patients ou des médecins de séparer les 2, taux très partiel de vaccination contre la grippe, et surtout la vaccination COVID qui attend la disponibilité des vaccins grippe, conduisant à un retard de protection préjudiciable pour les patients.

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