Le scrutin des Consulaires a été long, 2 ans de campagne, du fait d’un report lié à la Covid-19, 3 jours de dépouillement, et encore quelques-uns pour bien analyser les chiffres. Lesfrancais.press a fait le tour des principales formations.
EELV, la nouvelle force motrice chez les expatriés
S’il doit y avoir un vainqueur, c’est sans contestation possible le parti Europe Ecologie Les verts (EELV). Avec près de 150 élus issus de leurs listes (alliés compris dont 52 issus du parti écologiste), ils deviennent la première force chez les expatriés.
Grâce à leurs 55 équipes qui se sont présentées aux suffrages des Français établis hors de France, EELV s’implante partout sauf en Afrique où comme le reconnait Alexandre Château-Ducos, responsable des Français de l’étranger au sein du parti écologiste, « le mouvement manque de militants sur ce continent« .
Comme les autres personnalités en charge des Français de l’étranger, Alexandre Château-Ducos regrette la faible participation. Il déplore en particulier la méthodologie choisie pour le vote en ligne, pour lui « cela pourrait passer par un token ou la nouvelle carte d’identité ». En tout cas, les élus EELV militeront pour un retour du vote par correspondance et pour une augmentation du nombre de procurations. Pour Alexandre Château-Ducos, la priorité est « d’exploiter toutes les pistes pour augmenter la participation« .
Suivant le résultat de notre consultation où vous indiquiez à plus de 70% être prêts à vous déplacer pour élire un Consul (consultation du 03 au 06 juin 2021), nous l’avons interrogé pour savoir si ce désamour ne serait pas lié aux faibles pouvoirs concédés aux élus locaux ? Mais pour Alexandre Château-Ducos, « il ne faut pas confondre le rôle politique et le rôle administratif, cependant il faut faire évoluer les textes pour améliorer la relation. Nous devons devenir de vrais conseillers au lieu de juste être des informés« .
Du côté des prochaines élections, celles pour les Conseillers qui choisis par leurs pairs représenteront un regroupement de circonscriptions consulaires à l’Assemblée des Français de l’Etranger (AFE), et celles pour renouveler 6 sénateurs, EELV suit la même ligne que pour ces dernières élections : l’unité de la gauche autour de son mouvement. C’est dans ce cadre qu’ils souhaitent proposer une liste d’union à leurs partenaires. Les écologistes connaissent déjà les candidats qu’ils présenteraient sur une telle liste. Désignés par un vote militant, Alexandre Château-Ducos et Mélanie Vogel (basée à Bruxelles, elle travaille au sein des institutions européennes) sont sur les rangs pour participer au renouveau de la Gauche.
LREM confirme son implantation
Si le parti de la majorité présidentielle était le favori après le raz de marée de 2017, il ne remporte finalement que 76 sièges qui sont rejoints par 14 élus, qui s’étaient, eux, présentés sans étiquette pour finalement rejoindre LREM. Aussi, on note que les futurs grands électeurs sont principalement en Europe.
Pour beaucoup le rejet de LREM sur les autres continents s’explique du fait des motifs impérieux obligatoires pour rejoindre la France, en fin d’année 2020 et début d’année 2021. Anne Genetet, députée des Français d’Asie et d’Europe Orientale, responsable de la campagne des consulaires, ne nie d’ailleurs pas que ce fut une erreur.
« Le principe des motifs impérieux était indéfendable«
Anne Genetet, députée des Français d’Asie et d’Europe Orientale, responsable de la campagne des consulaires
Cependant pour elle, les raisons de ces résultats hétérogènes, qu’elle juge satisfaisants pour un parti qui n’existait pas aux dernières élections de 2014, prennent leur source justement dans la jeunesse de son mouvement. Du fait de la pandémie, Anne Genetet et d’autres membres du parti présidentiel, n’ont pu se rendre sur tous les continents pour mobiliser et recruter les militants indispensables pour mener les campagnes. C’est particulièrement le cas en Amérique du Sud, où LREM fait choux-blanc du fait d’une députée (ancienne LREM) qui a déserté le continent pour Paris et d’une absence de déplacement, ce qui est « un grand regret » pour Anne Genetet.
Si la faible participation est aussi une inquiétante nouvelle pour La République En Marche (LREM), les origines sont toutes autres pour la responsable des élections consulaires. En effet pour elle, « certains conseillers consulaires ne se sont pas saisis du mandat » ce qui n’a pas permis aux Français de comprendre les enjeux liés à ces postes.
De même pour le vote en ligne, s’il y a eu des dysfonctionnements, il faut chercher les responsables du côté de l’Assemblée des Français de l’Etranger qui avait en charge le test du dispositif déployé du 21 au 26 mai.
» Il faut chercher les responsables du côté des évaluateurs, dont l’Assemblée des Français de l’Etranger faisait partie, et qui n’ont pas su se mettre à la place de l’usager ».
Anne Genetet, députée des Français d’Asie et d’Europe Orientale, responsable de la campagne des consulaires
C’est d’ailleurs, le combat de cette mandature, pour LREM : permettre aux élus de travailler pour les expatriés et le plus régulièrement possible. Elle s’étonne de « cette assemblée (NDLR : l’AFE) qui ne travaille que 2 fois 5 jours par an et qui a dû attendre la pandémie pour découvrir la visioconférence ». Les élus sont prévenus, le gouvernement veut les mettre au travail.
Mais LREM va-t-il pouvoir peser ? Avec 90 élus éclatés sur la planète, hormis en Europe, on imagine mal comment des membres de la majorité présidentielle pourront truster les places de l’AFE ou pourront s’imposer dans le collège des 12 sénateurs des Français de l’Etranger, alors que le parti d’Emmanuel Macron n’espère au mieux qu’un sénateur cet automne.
LR résiste mais…
Pour Ronan Le Gleut, sénateur des Français de l’étranger (non renouvelable cet automne), « ceux qui avaient tout à perdre c’était les LR, mais on a bien résisté ». Et il a raison, alors qu’on les annonçait en recul partout, ce ne fut pas le cas.
« Si c’était le Grand Chelem en 2017 pour Macron, on n’ a absolument pas eu de Grand Chelem en 2021 »
Ronan Le Gleut, sénateur des Français de l’étranger LR
En Afrique (Niger, Tchad) et au Moyen-Orient (Arabie saoudite, Liban), mais aussi en Asie (Hong-kong, Japon) comme en Europe (Moscou, Lisbonne), les LR ont su préserver leurs élus voir ont réussi dans quelques circonscriptions à amplifier leur présence.
Malheureusement, cela ne compense pas les pertes en Suisse, en Belgique, en Espagne, etc. Cependant le parti Les Républicains aligne plus de 100 élus ce qui, normalement, lui garantit un sénateur et d’envisager un deuxième siège. Sauf si l’Alliance Solidaire de Jean-Pierre Bansard, qui a capté de nombreux électeurs traditionnellement attachés au parti de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy joue le trublion comme en 2017. En effet, avec un peu plus de 30 élus, Jean-Pierre Bansard pourrait aller picorer parmi les grands électeurs LR pour obtenir le nombre de voix indispensables à son éventuelle élection fin septembre au Palais du Luxembourg. Mais le parti premier d’opposition en France (les LR) est confiant dans sa capacité à regrouper les forces de Droite et du Centre. C’est leur « ambition » pour Ronan Le Gleut.
Le sénateur fait aussi un bilan sans concession des causes qui ont conduit à une si faible participation :
« L’explication vient de la faiblesse des prérogatives des élus, donc les gens votent peu. Les gens se mobilisent quand les élus ont un vrai pouvoir d’incidence sur leur quotidien. il faut acter que le conseil local ait un vrai pouvoir sur le STAFE, les bourses, etc. Il faut acter l’idée qu’on donne ce pouvoir. «
Ronan Le Gleut, sénateur des Français de l’étranger LR
Ronan Le Gleut souligne, en parallèle, les nombreuses embuches qu’ont dû affronter les candidats lors de ces élections. En effet, de multiples défauts de communication, comme l’affichage du nom complet des listes lors du vote électronique, l’absence des numéros de celles-ci sur l’écran, ont porté préjudice aux mouvements et ce quelle que soit leur orientation politique. Pour les électeurs, ce fut aussi un peu (beaucoup?) compliqué avec la fermeture de nombreux centres de vote que déplore l’élu.
« Il y a eu une surprise des candidats sur la présentation de leurs listes. Cela aurait dû être communiqué aux candidats avant le choix du nom de liste. Je regrette les fermetures nombreuses des bureaux de vote, la démocratie mérite un maximum de bureaux de vote et l’urne ne doit pas être remplacée par le vote électronique«
Ronan Le Gleut, sénateur des Français de l’étranger LR
Le PS, l’autre surprise
On continue notre tour d’horizon avec le Parti Socialiste. Avec 54 élus, la direction de la fédération des Français de l’étranger peut remercier ses militants pour leur mobilisation. Avec les élus sous l’étiquette « Français du Monde », un sénateur socialiste est largement à leur portée et leur rôle dans la constitution des listes, qui seront présentées, pour l’AFE sera central afin d’assurer une nouvelle majorité à la Gauche.
54 élus c’est moins qu’en 2014, mais ce score satisfait la présidente de la fédération socialiste Cécilia Gondard. Elle sort, elle aussi, renforcée par sa réélection en Belgique. La situation lui permettra de peser dans la constitution d’une éventuelle liste commune avec EELV et LFI aux sénatoriales à laquelle les socialistes ne sont pas opposés.
Une union qui pourrait, donc, faire l’affaire de la présidente du Comité fédéral des Français établis hors de France du Parti socialiste, empêtrée dans une dissidence menée par Ségolène Royal et le président de son groupe dans l’actuelle AFE, Mehdi Benlahcen, qui, lui, ne fut pas réélu au Portugal. Du coup, Mme Royal est à la recherche de colistiers tandis que la fédération retrouve sa légitimité.
Sur la participation, pour Cécilia Gondard, la problématique des centres de vote est majeure. En effet, la réduction de leur nombre, combinée à la fermeture des agences consulaires (indispensables pour établir les procurations), explique en partie la faible participation.
Mais ce n’est pas tout, tirant leçon du premier mandat, elle espère que pendant celui qui s’ouvre, les travaux des élus consulaires seront vraiment pris en compte par l’administration parisienne.
« Paris ne prend pas en compte les avis des Conseils consulaires, le dernier mot devrait revenir au terrain »
Cécilia Gondard, la présidente du Comité fédéral des Français établis hors de France du Parti socialiste
L’autre problème qu’elle soulève, c’est l’inexistence de contrôle des campagnes à l’étranger, comme cela existe lors des élections en France. Aujourd’hui en dehors du pays, pour les législatives comme pour les consulaires, il n’y aucun réel encadrement sur l’utilisation des couleurs nationales, des slogans mais aussi sur les fonds utilisés alors que les élections sont elles aussi soumises au règlement. Mais bizarrement, la commission, habituellement en charge de vérifier les comptes de campagne, n’a pas reçu mandat pour les scrutins tenus en dehors du territoire national. Pour le Parti Socialiste, il est impératif de traiter en égalité tous les électeurs français.
LFI confirme les résultats de 2017
On conclut avec La France Insoumise qui confirme son entrée dans le jeu politique des Français de l’étranger. Avec 49 élus, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon s’approche du score des Socialistes et confirme ainsi la dynamique née en 2017 avec des résultats surprenants aux législatives, même si le mouvement n’avait remporté aucun siège.
Pour Florence Poznanski, co-animatrice des Français de l’étranger à la France Insoumise, LFI poursuivra sa stratégie de fédération populaire adoptée pour les élections consulaires qui a apporté de bons résultats ce printemps pour les élections de cet automne. Elle explique son bilan positif par les choix de campagne adoptés par LFI autour des renforcements des actions citoyennes et écologiques. Les circonscriptions où LFI a fait ses meilleurs scores sont justement celles où ces dynamiques locales ont pu le mieux s’enraciner, par exemple en Amérique Latine. Elle en regrette d’autant plus la faible mobilisation qui a limité leurs résultats. Pour elle, il faut repenser l’accès à ces élections, en cessant de fermer des bureaux de vote même si le vote par Internet le complète. Il faut aussi faire plus d’efforts pour impliquer les Français binationaux qui ne maitrisent pas le français.
« Tous les Français de l’étranger n’ont pas le même rapport avec le pays, et la démocratie française. Plus de 50% des Français en Amérique latine ne sont pas nés en France et ne maitrisent pas la langue. «
Florence Poznanski, Responsable des expatriés à La France Insoumise
Des élus renouvelés pour une communauté diversifiée
Les élections consulaires ont donc bien redistribué les cartes, avec une prédominance de la Gauche autour d’EELV, suivie de LREM. Il est bien loin le temps où les expatriés se baladaient entre « les Français du Monde » (une association mondiale qui a longtemps porté les socialistes) et l’UFE (son pendant pour les conservateurs). Cependant, ces résultats annoncent aussi des campagnes pour les Législatives de 2022 plus compliquées qu’en 2017 pour le parti d’Emmanuel Macron.
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Je trouve cet article un peu tendancieux. Les chiffres sont erronés, les verts « se couvrent d’une parure empruntée » en prétendant avoir 150 élus. La plupart le sont sur des listes Français du Monde. Et Mme Genetet en analysant les résultats maigres de LREM oublie de dire qu’elle est partiellement responsable d’un tel résultat puisqu’elle a « pondu » un rapport sur la fiscalité des expatriés en 2018 qui avait pour conséquence une augmentation de 400% de l’impôt pour certains contribuables, à moins de les obliger à faire une déclaration de leurs revenus « mondiaux » avec toutes les difficultés de recherche de documents, de traduction, de validation que cela suppose. Une machine à rendre fou!. De pauvres retraités devaient payer l’impôt dès le premier Euro de leur maigre retraite. Sur la pression de nombreuses associations et de ses propres collègues, elle a du rétropédaler avec un amendement en 2020 qui a finalement annulé sa réforme. Et après elle s’est félicitée de la situation. Vous savez, c’est l’histoire du fou qui se tape sur la tête avec un marteau, quand il s’arrête, il dit « Ca fait du bien! »
Cordialement,
Luc, conseiller su Danemark
Je trouve cet article un peu tendancieux. Les chiffres sont erronés, les verts « se couvrent d’une parure empruntée » en prétendant avoir 150 élus. La plupart le sont sur des listes Français du Monde. Et Mme Genetet en analysant les résultats maigres de LREM oublie de dire qu’elle est partiellement responsable d’un tel résultat puisqu’elle a « pondu » un rapport sur la fiscalité des expatriés en 2018 qui avait pour conséquence une augmentation de 400% de l’impôt pour certains contribuables, à moins de les obliger à faire une déclaration de leurs revenus « mondiaux » avec toutes les difficultés de recherche de documents, de traduction, de validation que cela suppose. Une machine à rendre fou!. De pauvres retraités devaient payer l’impôt dès le premier Euro de leur maigre retraite. Sur la pression de nombreuses associations et de ses propres collègues, elle a du rétropédaler avec un amendement en 2020 qui a finalement annulé sa réforme. Et après elle s’est félicitée de la situation. Vous savez, c’est l’histoire du fou qui se tape sur la tête avec un marteau, quand il s’arrête, il dit « Ça fait du bien! »
Cordialement,
Luc, conseiller au Danemark