Comment passer du brun au vert ? 

Comment passer du brun au vert ? 

La bataille de la décarbonation des activités s’intensifie en Europe, comme en Amérique du Nord ou en Chine. Jusqu’à maintenant l’accent a été mis sur la production de l’électricité, le chauffage et les moyens de transport. 

En revanche, des secteurs industriels tels que l’acier, le ciment, l’industrie manufacturière et la pétrochimie, ont échappé à un examen minutieux en raison de leur importance dans les processus économiques. Il est en outre difficile et coûteux de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans la sidérurgie, la chimie ou dans le secteur du bâtiment. Pour la fabrication de l’acier dans les hauts fourneaux, les combustibles fossiles, comme le charbon et le gaz naturel, ne sont pas faciles à remplacer. Il en est de même pour le ciment.

L’industrie lourde demeure le plus grand émetteur mondial de gaz à effet de serre

La seule solution pour le moment passe par des équipements de capture du carbone mais celle-ci est coûteuse. Les apports fossiles pour la fabrication de l’acier peuvent être remplacés par de l’hydrogène et de l’ammoniac produits à partir d’énergie propre, mais ceux-ci sont également coûteux et ne sont pas encore disponibles en grande quantité. 

L’industrie lourde demeure, de ce fait, le plus grand émetteur mondial de gaz à effet de serre (GES), au même titre que le secteur de l’électricité. 

Les industries du ciment et de l’acier contribuent chacune à 5 % des émissions mondiales, contre 1 % pour l’aviation. Selon Bloomberg, les capacités de réduction des émissions d’ici 2050 pour l’industrie lourde sont, en l’état, assez limitées. Néanmoins, plusieurs initiatives ont été prises afin de modifier la donne sur ce sujet. La coalition de grandes entreprises, First Movers Coalition (FMC), lancée lors de la COP26 a ainsi décidé d’acheter des brevets visant à faciliter la décarbonation dans sept secteurs réputés fortement émetteurs dont le ciment et l’acier, pour faire baisser les prix des nouvelles technologies.

brun au vert
@stockadobe

Électrifier la production d’acier et faciliter le stockage des énergies renouvelables

D’autres partenariats public-privé, axés sur les corridors commerciaux ont pour objectifs de limiter les émissions émises par les ports et le transport maritime. Bill Gates, l’ancien dirigeant de Microsoft, est l’un des principaux investisseurs dans les domaines de décarbonation de la production du ciment et de l’acier. Il finance des études visant à électrifier la production d’acier et à faciliter le stockage des énergies renouvelables. 

La multiplication des taxes carbones constitue également un important levier pour inciter les industriels à innover pour y échapper. En 2024, l’Union européenne imposera sa taxe carbone aux frontières. 

En Amérique du Nord, le débat est plus chaotique. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a été contraint de décider l’exemption de taxe carbone pour les habitants de l’Est du Canada qui se chauffent au fioul. Aux États-Unis, dans le prolongement de son mandat de 2016 à 2020, le retour de Donald Trump au pouvoir en 2024 sur fond de climato-scepticisme pourrait se traduire par une diminution des efforts en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et par l’abandon de l’instauration d’une taxe carbone.

Taxe carbone et tendances protectionnistes

L’absence de coordination mondiale sur la taxe carbone est problématique et peut déboucher sur des pratiques protectionnistes qui pénaliseront la croissance. 

Sur le terrain financier, deux logiques s’opposent. La première vise à exclure des labels « ISR » ou « ESG » les entreprises dont l’activité dépend des énergies fossiles. Cela aboutit à exclure l’ensemble des compagnies pétrolières et des producteurs de gaz. La seconde a pour objectif de les inciter à décarboner leurs activités. BlackRock, le premier gestionnaire d’actifs mondial, semble opter pour cette dernière en acceptant de financer des entreprises qui s’engagent de passer du brun au vert.

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