L’OCDE a rendu public le 3 décembre 2019 les résultats de son enquête PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis) sur le niveau des élèves. Publiée pour la première fois en 2000, l’enquête internationale étudie tous les trois ans les résultats des élèves en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en culture scientifique. 600 000 jeunes de 15 ans scolarisés dans 79 pays et économies ont passé les tests PISA 2018 en compréhension de l’écrit, en sciences et en mathématiques. Une majorité des élèves étaient inscrits en seconde, mais certains étaient encore au collège, et d’autres, déjà en première.
La plupart des pays, en particulier développés, n’ont pas enregistré d’amélioration au cours des dix dernières années, malgré une progression des dépenses d’éducation de 15 % sur la même période.
Plusieurs régions et territoires chinois ont participé aux tests et ont pris dès leur première participation la tête du classement. En compréhension de l’écrit, les élèves de Beijing, Shanghai, Jiangsu et Zhejiang (Chine) et de Singapour ont ainsi obtenu des résultats sensiblement meilleurs que ceux des autres pays.
Les pays membres de l’OCDE arrivés en tête sont l’Estonie, le Canada, la Finlande et l’Irlande. La France, de son côté, maintient, en 2018, la position moyenne qu’elle occupe depuis plusieurs années. Notre pays se caractérise toujours par l’existence d’importantes inégalités liées à l’origine des élèves.
Le classement 2018 souligne que les incivilités en classe sont de plus en plus importantes en France, témoignant d’une dégradation d’un rapport à l’éducation inquiétant.
Selon l’OCDE, un élève sur quatre dans les pays de l’OCDE ne parvient pas à effectuer les tâches les plus simples en compréhension de l’écrit. Le pourcentage d’élèves ne possédant que des compétences très limitées en compréhension de l’écrit témoigne des difficultés que rencontrent de nombreux pays, y compris développés en matière d’éducation.
La proportion des élèves médiocres, filles comme garçons, a augmenté en en moyenne depuis 2009. En moyenne dans l’OCDE, 25 % des élèves n’atteint pas le niveau de base en sciences (22 %) ou en mathématiques (24 %), ce qui signifie qu’il ne peut pas, par exemple, convertir un prix dans une autre monnaie.
Le bien-être des étudiants est également une problématique qui s’accroît. Un nombre croissant d’élèves déclarent ne pas être heureux durant leurs études. Malgré tout, deux élèves environ sur trois dans les pays de l’OCDE se disent satisfaits de leur vie.
Dans quasiment tous les pays, les filles redoutent davantage l’échec que les garçons, en particulier parmi les meilleurs élèves. Dans les pays membres, un élève sur quatre se dit victime de harcèlement au moins quelques fois par mois.
Trois pays ont enregistré ces dernières années une forte progression de leurs résultats. Le Portugal, qui a pourtant été durement touché par la crise financière, s’est hissé au niveau de la plupart des pays de l’OCDE. La Suède a amélioré ses résultats dans les trois matières considérées par rapport à 2012, inversant ainsi la tendance précédente. La Turquie a également progressé tout en doublant le taux de scolarisation des jeunes de 15 ans.
L’éducation et l’équité
Les différences de niveau au sein des pays ont tendance à augmenter. L’écart entre les élèves de milieux socio-économiques favorisés et défavorisés est de plus en plus important. Le niveau à l’écrit des 10 % d’élèves des familles les plus riches équivaut à une avance de trois années scolaires environ par rapport aux 10 % d’élèves les plus pauvres. En France, en Allemagne, en Hongrie et en Israël, cet écart est de quatre années. Les élèves dépassent la moyenne de l’OCDE dans 11 pays, y compris en Australie, au Canada, en Corée, au Danemark, en Estonie, en Finlande, au Japon, en Norvège et au Royaume-Uni, alors que la corrélation entre le statut socio-économique et les résultats en compréhension de l’écrit est plus faible.
Ces pays possèdent des systèmes scolaires les plus équitables où les élèves peuvent réussir, quelle que soit leur situation. En moyenne dans les pays de l’OCDE, 13 % des élèves étaient issus de l’immigration en 2018, contre 10 % en 2009. Ils obtiennent en moyenne des résultats inférieurs en compréhension de l’écrit, équivalant à un retard d’une année scolaire environ.
Pourtant, dans des pays comme l’Arabie saoudite, l’Australie, la Jordanie et Singapour, les élèves issus de l’immigration ont des scores supérieurs ou au moins équivalents à ceux de leurs camarades autochtones.
Les filles obtiennent des résultats nettement supérieurs à ceux des garçons dans les pays de l’OCDE, équivalent à une avance de près d’une année scolaire. À l’échelle mondiale, c’est en Argentine, à Beijing, Shanghai, Jiangsu et Zhejiang (Chine), au Chili, en Colombie, au Costa Rica, au Mexique, au Panama et au Pérou que l’écart est le moins prononcé. Les garçons dépassent légèrement les filles en mathématiques mais font moins bien en sciences. Filles et garçons ont des ambitions professionnelles très différentes. Parmi les bons élèves, plus d’un garçon sur quatre envisage une carrière d’ingénieur ou dans un domaine scientifique, ce qui est le cas de moins d’une fille sur six. Toujours parmi les bons élèves, près d’une fille sur trois mais seulement un garçon sur huit envisage de travailler dans le secteur de la santé.
La lecture, une perte de temps pour les jeunes
La dernière enquête PISA montre également à quel point les technologies numériques sont en train de transformer le monde à l’extérieur de l’école. Les élèves sont plus nombreux aujourd’hui à considérer la lecture comme une perte de temps (+5 points de pourcentage) et les garçons comme les filles sont moins nombreux à lire pour le plaisir (- 5 points) que ne le faisaient leurs pairs en 2009. Ils passent également environ 3 heures par jour en ligne pendant la semaine – en hausse d’une heure par rapport à 2012 – et 3 heures et demie pendant le week-end.
France, des résultats stables et moyens
La France se situe au 23e rang pour la compréhension écrite, 25e pour les mathématiques et 24e pour les sciences. La France reste stable pour la compréhension de l’écrit mais est en baisse dans les deux autres classements. Sur la compréhension de l’écrit (lecture et écriture), le score moyen des élèves français atteint 493 points, légèrement au-dessus de la moyenne de l’OCDE (487 points). Le niveau des meilleurs a augmenté et celui des plus faibles a baissé, surtout entre 2000 et 2009.
En mathématiques, les résultats français ont diminué pour les meilleurs comme pour les plus faibles, mais la baisse a surtout été enregistrée entre 2000 et 2006.
Un écart croissant entre les bons et les mauvais élèves
En France, le quart des élèves français les plus performants affichent un niveau comparable avec les pays les mieux classés (Japon, Corée, Finlande…), tandis que le quart des élèves les moins bons se classent au niveau des pays les plus en retard, comme la Turquie. La proportion de très bons élèves en France est, selon l’OCDE, « légèrement au-dessus de la moyenne » et elle est stable dans le temps.
Des résultats scolaires différents en fonction des origines des élèves
20 % des élèves favorisés sont parmi ceux qui ont les meilleurs résultats en compréhension de l’écrit, mais seulement 2 % des élèves défavorisés. L’écart de résultats entre les élèves les plus favorisés et les plus défavorisés est passé de 110 points en 2009 à 107 points en 2018 (contre 89 en moyenne dans l’OCDE). La France fait ainsi partie des pays les plus inégalitaires, avec le Luxembourg, Israël et la Hongrie. Une certaine fatalité semble se répandre chez les jeunes non favorisés. L’ascenseur social lié à l’école est remis en cause. En France, un élève défavorisé sur cinq qui a de bons résultats n’envisage pas de terminer ses études supérieures. Les élèves défavorisés ont aussi cinq fois plus de risques d’être en difficulté en compréhension de l’écrit que les élèves favorisés.
Les élèves français pointent du doigt la faiblesse de l’implication du corps enseignant. 57 % considèrent que les professeurs s’intéressent aux progrès de chaque élève, quand ce taux est de 70 % en moyenne dans l’OCDE. Les élèves les plus doués sont les plus critiques en indiquant qu’ils ne reçoivent pas de soutien pour améliorer leurs résultats. Plus de 25 % des élèves français contre 12 % en moyenne au sein de l’OCDE estiment aussi que les enseignants trop sévères. La France est, avec l’Argentine et le Brésil, « l’un des trois pays où les élèves font part des plus grandes préoccupations liées aux problèmes de discipline en classe ».
Un élève français sur deux (contre un sur trois dans l’OCDE) déclare qu’il y a du bruit en classe dans la plupart, voire dans tous les cours. Et, pour plus de deux élèves sur cinq, le temps d’apprentissage est réduit en raison du bruit.
Le déclin de la lecture se poursuit en France.
55 % des élèves lisent avec plaisir en 2019 contre 61 % en 2009. La lecture est de plus en plus perçue comme inutile et est vécue comme un effort. Les garçons sont les plus réfractaires à ce qui est de plus en plus considéré comme un exercice. Seuls 59 % des élèves français contre 71 % pour la moyenne de l’OCDE ont confiance dans leurs capacités de réussite. Ils sont près d’un tiers (31 %) à se sentir comme un étranger à l’école (20 % en moyenne dans l’OCDE). 70 % se déclarent néanmoins satisfaits de l’enseignement reçu.
La France se trouve au même niveau que l’Allemagne, la Belgique ou le Portugal. Parmi ses partenaires européens, Le Portugal, le Royaume-Uni, la Suède et les pays baltes, en revanche, améliorent sensiblement leurs résultats. L’Estonie, la Finlande, les Pays-Bas, la Pologne et l’Irlande sont les trois seuls pays européens à se placer au sein des dix premiers dans les différents classements de l’OCDE. Sept des dix premières places sont occupés par des États ou des régions asiatiques. Le Canada arrive à figurer parmi les meilleurs États dans les trois catégories.
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