Ces assassins qui nous gouvernent

Le Kremlin nie toute implication dans le meurtre d’un Géorgien d’origine tchétchène à Berlin, qui a provoqué l’expulsion de deux diplomates russes. Le Royaume-Uni avait, en son temps, expulsé des « diplomates », les relations  russes et britanniques ne sont toujours pas apaisées.

Peu de médias ont relevé que l’équipe internationale d’enquêteurs sur l’explosion au dessus de l’Ukraine du vol MH17 a dévoilé des liens directs entre le gouvernement russe et les « rebelles ukrainiens », responsables de la mort de 298 personnes. Les conversations enregistrées montrent que les liens furent étroits et constants. Le régime étant ce qu’il est, celui d’une concentration extrême du pouvoir, Vladimir Poutine peut être tenu responsable de cet attentat.

Le droit de tuer

Seul un Rodigro Duterte aux Philippines a explicitement revendiqué « le droit de tuer ». Le Prix Nobel Barack Obama s’est fait filmé assistant à l’exécution de Ben Laden, exemple qui inspira la récente mise en scène de Trump pour celle d’Al Baghdadi, chef de l’Etat Islamique. Le Gouvernement israélien a éliminé récemment, par un tir ciblé, deux chefs terroristes du Djihad islamique. Le Président Hollande lui, a écrit dans son livre « Un Président ne peut pas tout dire », avoir ordonné l’exécution de quatre terroristes.

Il existe une différence de nature entre un Poutine qui élimine des opposants, ou fait exploser un avion rempli de passagers comme un vulgaire Kadhafi ; un Prince Salman, au nom duquel on découpe un journaliste d’opposition en rondelles, un Khamenei qui fait tirer sur les manifestants et un Hollande qui a déclaré la guerre au terroristes.

On peut comprendre la mise hors d’état de nuire de terroristes vis-à-vis desquels on se considère en état de guerre. On peut s’étonner de voir qu’ils s’en vantent. Ils n’ont aucun mandat légal, national ou international, pour cela. La guerre clandestine gagnerait à rester clandestine. Les assassinats ciblés ne doivent pas être conduits à des fins publicitaires.

Le pouvoir va toujours avec le sang. Dans les démocraties, l’usage de l’assassinat reste confiné à l’extérieur. A l’intérieur, les dirigeants restent soumis aux règles de droit. Dans les pays non démocratiques, l’usage de la force et de l’assassinat, est sans frontières : ni interne, ni externe. Poutine n’a pas de limites.

Les régimes faibles tuent pour survivre

En comptant le nombre de morts au cours des manifestations populaires, -Irak, Nicaragua, Soudan, Ethiopie, Guinée, Egypte, Iran- on comprend que ces régimes n’ont d’autre choix que d’user de la force, jusqu’à tuer, pour subsister.

Le régime soviétique est tombé lorsque Gorbatchev a signifié aux dirigeants hongrois que l’Armée rouge n’interviendrait pas. Alors les Hongrois ont ouvert les portes et le mur s’est effondré. Le régime de Pékin s’est maintenu quand les chars ont balayé la place Tian’anmen. L’aristocratie rouge est toujours en place, toujours plus riche. Osera-t-elle faire couler le sang à Hong Kong ? Seule la montagne d’or que représente la place financière les retient.

Pourtant, les régimes autoritaires craignent de montrer leurs failles par un excès de représailles. Elles veulent offrir une image paisible. Les chefs des démocraties aiment jouer aux chefs de guerre, les dictateurs aux pères tranquilles.

Il faut toujours veiller à ce que le pouvoir ne soit pas gagné par sa maladie naturelle, le délice de l’excès, y compris celui du sang. Le summum du pouvoir est d’avoir droit de vie et de mort. D’où les dangers des mises en scène.

Quand on chasse les bandits, prendre leur roi.

S’il faut se résoudre à ce que tout se sache et se voit, alors que le droit rejoigne la force, et que la désignation des ennemis n°1 soit publique.

Qui n’a pas regretté un assassinat d’Hitler en 39? Un « dead or alive » international contre Saddam, Assad, Kadhafi, et quelques autres aurait évité bien des massacres. Il ne s’agit plus de terroristes mais de chefs d’Etat. « Quand on chasse les bandits, d’abord prendre leur roi », disent les Chinois. Tuer quelques-uns des assassins qui nous gouvernent pourrait rendre le monde plus paisible.

Depuis le temps qu’on terrorise les terroristes, les racines n’en sont pas extirpées. On se rassure en croyant que la force suffise à la politique. Israël mesure à quel point c’est faux. C’est le « système » à la tête qu’il faut viser.

La coutume internationale pose l’immunité d’un Chef d’Etat en exercice devant les juridictions d’autres Etats, mais pas devant la CPI. La Cour Pénale Internationale a lancé un mandat international contre Omar El Béchir. Il visita 50 Etats avant que son pays ne le remette en prison. L’article 7 du Tribunal de Nuremberg disait déjà « Le fait que l’auteur d’un acte qui constitue un crime de droit international a agi en qualité de chef d’Etat ou de gouvernement ne dégage pas sa responsabilité en droit international.»

Punir les assassins, même quand ce sont des chefs d’Etat

Punir les assassins, même quand ce sont des chefs d’Etat, est légitime.Faire savoir qu’ils seront punis, lorsqu’ils font détruire un avion, ou qu’ils font couler le sang de ceux qui manifestent, n’est pas une exigence morale, mais une nécessité politique. Des pressions en Ukraine conduisent le Congrès à lancer une procédure d’impeachment contre le Président américain. Des assassinats en Ukraine devraient conduire la justice néerlandaise, ukrainienne, malaisienne ou russe à engager des poursuites contre le Président russe. Le monde sera plus sûr quand personne ne sera au dessus du droit. Un rêve ? Petit à petit, on y viendra.

 

Laurent Dominati

Editeur et fondateur de lesfrancais.press

Ambassadeur de France

Député de Paris

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