Circonscriptions géantes, le casse-tête des procurations !

Circonscriptions géantes, le casse-tête des procurations !

Notre rédaction a été alertée la semaine dernière sur la situation de nos compatriotes qui dans certaines circonscriptions se retrouvent dans l’incapacité de voter pour l’élection que ce soit eux-mêmes à l’urne ou via une procuration. Pourquoi ? Car il n’est toujours pas possible de voter par correspondance ou en ligne pour l’élection présidentielle.

Voter à l’élection présidentielle

Le premier tour de l’élection présidentielle se tiendra le 9 avril pour le continent américain et les Caraïbes et le 10 avril pour le reste du monde. Le second tour se tiendra le 23 avril pour le continent américain et les Caraïbes et le 24 avril pour le reste du monde.

Pour faire entendre sa voix, le citoyen hors de France ne pourra pas compter sur le vote en ligne. Les risques de piratage par une puissance étrangère étant considérés comme trop importants par les services du Ministère de l’intérieur. Pour cette élection, les électeurs expatriés disposeront uniquement de deux modalités de vote : à l’urne, et par procuration.

Pour les circonscriptions moyennes, pas trop de souci, les consulats ont publié la liste des bureaux de vote qu’ils ont pu ouvrir dans différentes villes, on pense ici au Royaume-Uni, la Belgique, l’Allemagne, etc. Dans ces pays à la taille comparable à la France, le réseau consulaire est bien dense et les bureaux de vote à proximité relative.

Voter dans les pays continents

Les difficultés commencent dans les pays qui sont bien plus vastes. On pense ici aux USA, à la Russie, à la Chine mais aussi au Brésil. Et dans ce pays, la situation est particulièrement tendue comme nous l’a indiqué Xavier Noel-Bouton, Conseiller des Français de la circonscription de Brasilia – Recife – Paramaribo. Dans ce pays, si vastes, les premiers bureaux de vote peuvent être situés à des centaines de kilomètres.

« Cette situation est extrêmement dommageable car les distances ajoutées aux prix des transports et à la qualité du réseau routier font qu’automatiquement, nous aurons une participation réduite. »

Xavier Noel-Bouton, Conseiller des Français de la circonscription de Brasilia – Recife – Paramaribo

La solution pourrait être la mise en place généralisée du vote par procuration. Mais là un autre écueil apparait quand on regarde le mécanisme permettant de mettre en place le mandat pour le jour du vote.

Une procédure pas totalement dématérialisée

En effet, si l’électeur peut commencer sa démarche pour établir une procuration à un tiers pour voter en son nom au premier et/ou second tour en utilisant le site maprocuration.gouv.fr, pour la finaliser auprès d’une autorité compétente, une mairie, un commissariat de Police nationale et donc pour les expatriés, le consulat. Et ce dernier, dans les pays comme le Brésil, se situe à des centaines, voir plus, de kilomètres.

La tournée consulaire

Pour y palier, dans la plupart des pays concernés, les autorités consulaires ont organisé des tournées de leurs agents afin de collecter les procurations en souffrance.

Mais au Brésil, aux distances s’est ajouté un problème budgétaire !

« Le résultat est que cette tournée consulaire en vue de l’établissement des procurations a été tronquée de manière unilatérale et, je dirais même avec une tentative évidente d’endormir les élus par des réponse fallacieuses.« 

Xavier Noël-Bouton, Conseiller des Français de la circonscription de Brasilia – Recife – Paramaribo

En effet, oh surprise, on découvre que le Consul général de la circonscription consulaire de Brasilia – Recife – Paramaribo, Hugues Fantou, n’est pas lusophone. Si son engagement est total, comme le souligne les élus dans un courrier adressé au Consul adjoint, Jérémy Faucon, le fait est que le Consul général a induit des coûts non budgétés et qui ont aujourd’hui un impact sur l’organisation de l’élection présidentielle dans ce pays.

« Vous avez réanimé, auprès des français du Nordeste une relation que les équipes précédentes n’ont pas réussi à maintenir.« 

Xavier Noël-Bouton, Conseiller des Français de la circonscription de Brasilia – Recife – Paramaribo
L’équipe consulaire à l’Ambassade de France à Brasilia

En effet, chaque déplacement du Consul général a entrainé celui du Consul adjoint qui lui est lusophone. Conclusion, le budget déplacements a explosé. Et par ce dépassement, rabroué par l’administration centrale, le consulat en charge de la circonscription a dû tailler dans le vif. Et ce sont donc les tournées consulaires qui en ont pâti.

Pour exemple, des tournées consulaires en Alagoas et à Sergipe ont été annulées sous prétexte que le personnel consulaire était passé en 2021. Il fallait donc bien en amont être informé qu’on pouvait voter par procuration et qu’on désirerait voter via ce mode. Autant dire qu’aucune personne n’a fait la démarche aussi loin de la date butoir.

Comme le souligne le Conseiller des Français de la zone, Xavier Noël-Bouton, comment motiver les expatriés à participer au vote si on ne donne pas les moyens à l’administration consulaire d’établir les conditions optimales pour que nos concitoyens puissent exercer leur droit fondamental à voter ?

« On ne peut « en même temps » pleurnicher sur les chiffres de participation et ne pas donner les moyens à ces électeurs de voter normalement. »  

Xavier Noël-Bouton, Conseiller des Français de la circonscription de Brasilia – Recife – Paramaribo

La solution, la plus simple, même si elle ne fait pas consensus, dans ses modalités d’exécution, serait de mettre en place un vote en ligne via des procédures simplifiées dans leur usage mais renforcées sur le point sécuritaire. Le sujet devra être remis sur la table pour les prochaines échéances. Déjà, aux élections législatives, le vote en ligne sera possible, espérons que son utilisation sera plus aisée que lors des Consulaires 2021. Rien de moins sûr vu les premiers tests réalisés en ce premier trimestre 2022.

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