Chaleurs extrêmes : près de 33 000 morts en France depuis 2014

Chaleurs extrêmes : près de 33 000 morts en France depuis 2014

Santé publique France (SPF) dévoile la première estimation du poids des canicules et des températures extrêmes sur la mortalité en France métropolitaine depuis 2014.

Depuis 2014, sur une période s’étalant du 1er juin au 15 septembre, les fortes chaleurs ont été à l’origine de la mort de 33 000 personnes en France, d’après les dernières données de Santé publique France, compilées dans un rapport publié vendredi (23 juin).

« Les résultats soulignent l’importance de la mortalité liée à la chaleur depuis 2014, et le besoin de renforcer l’adaptation dans un contexte de changement climatique rapide », peut-on lire dans le rapport. 

Autrement dit, cela représente entre 1 000 et 7 000 décès chaque année. « Cet impact correspond à un faible nombre de jours par an, mais peut représenter jusqu’à 9 % de la mortalité estivale », avance Santé publique France dans son étude. 

Depuis 2015, les canicules et les vagues de chaleur sont de plus en plus longues et gagnent en intensité. « On observe des vagues de chaleur dès le mois de juin, alors qu’avant c’était surtout en juillet et en août », notent les scientifiques.  

Des températures extrêmes qui ont un impact sanitaire important, notamment en termes d’excès de mortalité. « La chaleur a un impact très rapide sur le corps. Lors de périodes de fortes chaleurs, l’état de santé peut vite se dégrader et nécessiter des soins urgents », poursuivent-ils.

Depuis 2014, les fortes chaleurs ont été à l’origine de la mort de 33 000 personnes en France, d’après les dernières données de Santé publique France.  [Philippe Clement/Shutterstock]

Dangerosité des canicules

L’étude de SPF établit une différence entre canicule et forte chaleur. Une canicule se définit comme une période d’au moins trois jours de chaleur avec des températures maximales (jour) et des températures minimales (nuit) qui dépassent des seuils d’alerte définis par départements. 

À titre d’exemple, pour la région Île-de-France (IDF), la température maximale est de 31 degrés et la température minimale de 21 degrés. 

Si les décès ont été enregistrés durant des épisodes de fortes chaleurs, les périodes de canicule représentent un danger particulier : les canicules sont en effet les épisodes climatiques qui ont le plus d’impact sur l’ensemble de la population.

« Parmi les décès, 28% ont été observés pendant les canicules telles que définies par le plan de gestion des vagues de chaleur, alors qu’elles ne représentent que 6 % des jours étudiés, justifiant ainsi une surveillance et une prévention particulièrement renforcées », selon le rapport. 

Toutes les classes d’âge touchées

Sur les 33 000 décès, 23 000 personnes étaient âgées de 75 ans et plus, mais toutes les classes d’âge sont touchées, alertent les experts de Santé publique France. 

« Environ deux tiers de l’impact concerne, comme attendu, majoritairement des personnes de 75 ans et plus, mais il est à noter qu’une part importante (soit un tiers) concerne des personnes de moins de 75 ans », écrivent-ils dans le rapport. 

Pour de nombreuses personnes, les températures extrêmes représentent des situations d’inconfort sans être mortelles : seuls 12 % des Français se considèrent fragiles ou très fragiles pendant une canicule.

Quoiqu’il en soit quand la température monte, le risque de mortalité augmente, rappelle SPF, qui cible notamment les personnes pratiquant de l’exercice en pleine chaleur et les personnes vivant dans des bâtiments mal isolés.

Paris ville mortelle

La dangerosité des canicules ne concerne pas uniquement l’Hexagone, puisque selon le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la chaleur est l’un des risques climatiques les plus préoccupants en Europe. 

Dans une étude publiée en mars dernier dans la revue scientifique The Lancet, les scientifiques ont étudié 854 villes de plus de 50 000 habitants en Europe, afin d’analyser l’impact des températures sur la santé. Paris apparait comme la ville la plus mortelle d’Europe en cas de fortes chaleurs.

En cause notamment, des îlots de chaleur urbains provoqués par la circulation routière, l’activité humaine ou encore les bâtiments élevés qui empêchent l’air de circuler.   

Juste derrière Paris se trouve la ville d’Amsterdam. The Lancet souligne que dans l’ensemble, l’Europe de l’Ouest voit ses températures augmenter trois à quatre fois plus vite que le reste du continent. 

À l’inverse, Londres serait la ville où le risque de mourir serait le plus élevé en cas de vagues de froid.

De son côté, alors que l’année 2022 a connu un pic de décès liés à la chaleur (7 000), SPF appelle à «une adaptation structurelle et systémique à la chaleur pour réduire le risque pour la santé humaine tout au long de l’été.»

«L’impact très important observé en 2022 par rapport aux autres années préfigure les défis à venir », conclut l’Agence de santé.

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