Cécile Kohler et Jacques Paris sont libres après 1277 jours

Cécile Kohler et Jacques Paris sont libres après 1277 jours

Il y a 5 ans, Cécile Kohler et Jacques Paris étaient arrêtés en Iran. Ces professeurs du réseau AEFE étaient en vacances pour la période de Pâques en 2022. Accusés d’espionnage, ils étaient détenus dans les geôles iraniennes depuis.

La politique des otages

Les autorités iraniennes évoquaient en 2022 un potentiel espionnage sur le nucléaire pourtant il était évident que cette arrestation était liée à la situation intérieure du pays. En effet, l’Iran était secoué à l’époque par des manifestations régulières de professeurs contre leurs conditions de travail. Plusieurs d’entre eux ont été arrêtés, entraînant d’autres manifestations pour leur libération.

Cécile Kohler, une syndicaliste FO (Fnec), était une chargée d’expertise et de conseils auprès des établissements en France et à l’étranger. Mais au final, comme le laissait supputer le ministère iranien des Renseignements, ces deux Français ont plutôt été victimes de la politique des otages menée par Téhéran. En effet, la détention arbitraire de nos compatriotes intervenait, exactement, lors du déplacement en Iran du négociateur de l’Union européenne chargé de coordonner les pourparlers sur le nucléaire.

Sur le site de la chaîne arabophone al-Alam, la télévision officielle iranienne avait, même, diffusait, le jeudi 6 octobre 2022 une vidéo « hors sol ». Elle présentait une bande-annonce des « aveux » d’espionnage des deux Français arrêtés. Dans le « documentaire », Cécile Kohler était contrainte de déclarer en français, « être agent de renseignement opérationnel à la DGSE », le service de renseignement extérieur français. Son conjoint Jacques Paris y intervenait également.

Lourdes condamnations et action diplomatique

En octobre de cette année, le parcours juridique de Cécile Kohler et Jacques Paris en Iran se concluait sur une note très sombre. Lors d’une conférence de presse, les proches confirmaient l’annonce de la condamnation à 17 ans de prison pour Jacques Paris et à 20 ans pour Cécile Kohler (fonctionnaire de l’AEFE), prononcée le mardi 14 octobre.

Sylvie Arnaud, mère de Louis Arnaud (g) et Noemie Kohler, sœur de Cécile Kohler (d),
Sylvie Arnaud, mère de Louis Arnaud (g) et Noemie Kohler, sœur de Cécile Kohler (d), deux parents de Français détenus en Iran, posent devant les bureaux des Nations Unies à Genève, le 27 mai 2024. © Fabrice Coffrini, AFP

S’ils ont pu être libérés, c’est grâce à l’action diplomatique française. Déjà, début octobre, un cyclotouriste franco-allemand de 19 ans avait également été remis à la France après avoir été acquitté d’accusations d’espionnage. Originaire de l’est de la France, Lennart Monterlos, de mère allemande et de père français, avait été arrêté mi-juin, au troisième jour du conflit entre l’Iran et Israël au moment où il s’apprêtait à quitter l’Iran en direction de l’Afghanistan après une traversée du pays à vélo en solitaire.

Mais c’est surtout le jeu des chancelleries qui a pu débloquer la situation. Première étape, le 25 septembre quand la CIJ a annoncé avoir abandonné, à la demande de la France, une requête contre l’Iran au sujet de la détention de Cécile Kohler et Jacques Paris qui sont, selon Paris, « retenus comme otages d’État ».

Et si le Quai d’Orsay a retiré sa plainte c’est qu’en arrière-plan, les diplomates s’activaient. Le 12 septembre, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, avait déclaré qu’un accord visant à échanger des prisonniers français en Iran contre une femme iranienne détenue en France approchait de sa « phase finale ». L’échange proposé concernerait Mahdieh Esfandiari, une Iranienne arrêtée en France en février pour avoir fait l’apologie du terrorisme sur les réseaux sociaux. Téhéran estime qu’elle était injustement détenue. Il y a quelques jours, celle-ci a été remise en liberté, mais sous contrôle judiciaire et sans son passeport.

Libération ce 04 novembre 2025

La Justice et l’Exécutif ont donc fonctionné, pour une fois, main dans la main, pour le bien des Français. Le résultat ? C’est donc la libération de nos deux compatriotes après 1277 jours, les deux derniers qui restaient en Iran. Emmanuel Macron l’a annoncé ce mardi 04 novembre sur X.

Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères a complété l’information en indiquant qu’« Ils sont en sécurité à la Résidence de France, à Téhéran, dans l’attente de leur libération définitive ». Car s’ils sont hors de leurs cellules, ils ne peuvent toujours pas quitter le territoire. Il y a fort à parier que lorsque Mahdieh Esfandiari récupéra son passeport, nos compatriotes pourront, à leur tour, prendre un avion. Cette fois, la destination sera la France. Toute la rédaction a une pensée pour eux et leur famille.

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