Ce lundi 08 janvier 2024, Elisabeth Borne a présenté sa démission et celle de son gouvernement à Emmanuel Macron.
Réforme des retraites, loi immigration, plus d’une vingtaine de recours à l’article 49.3 pour éviter le vote à l’Assemblée nationale, visée par des dizaines de motions de censure… Élisabeth Borne a vécu 19 mois tumultueux à Matignon.
Alors que les noms de Sébastien Lecornu ou de Julien de Normandie circulaient depuis plusieurs jours, c’est le nom du préféré du Président de la République qui a émergé. Le ministre de l’Éducation Nationale (nommé le 20 juillet 2023), Gabriel Attal deviendrait, donc, selon les rumeurs persistantes, le plus jeune premier ministre de la République française (Laurent Fabius avait 37 ans en 1984 contre 34 ans pour M. Attal).
Un parcours fulgurant
Gabriel Attal est né le 16 mars 1989 à Clamart, en région parisienne. Son père, Yves Attal, est avocat puis producteur de cinéma. Sa mère, Marie de Couriss travaille dans une société de production. Il a trois soeurs et un petit frère adoptif, appelé Nikolaï que sa mère a recueilli après la mort de sa cousine germaine. Il se passionne très tôt pour la politique, et milite dès ses années de lycée contre le Contrat Première Embauche.
Il devient membre du parti socialiste dès 2006, et s’implique dans la candidature de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007, tout en menant des études à Sciences-Po Paris. Il sort de la prestigieuse école parisienne en 2012, diplôme en poche.
Dans la foulée, il obtient son premier poste en intégrant le cabinet de Marisol Touraine. Il est notamment chargé de la rédaction des discours de celle-ci. Puis, il est conseiller municipal de Vanves en 2014. Il décide toutefois de rendre sa carte du PS pour rejoindre « En Marche », le mouvement d’Emmanuel Macron.
En 2017, il déploie une énergie débordante lors de la campagne électorale d’Emmanuel Macron en vue de l’élection présidentielle. En 2017, sa carrière connaît un nouveau succès, puisqu’il est élu député de la dixième circonscription des Hauts-de-Seine. Son activité au sein de la Chambre des députés lui donne la légitimité nécessaire pour être promu porte-parole de son parti, La République en Marche, en janvier 2018.
Lors du remaniement ministériel du 16 octobre 2018, il devient secrétaire d’Etat au sein du ministère de l’Éducation nationale, un poste qu’il est le plus jeune homme politique à occuper sous la Ve République.
Le 6 juillet 2020, il est nommé porte-parole du gouvernement et succède ainsi à Sibeth Ndiaye. Le 20 mai 2022, il est nommé ministre délégué chargé des Comptes publics dans le gouvernement d’Elisabeth Borne. Le 20 juillet 2023, lors du nouveau remaniement, il est nommé ministre de l’Éducation Nationale. Sera-t-il Premier ministre ce 09 janvier 2024 ?
Au Quai d’Orsay, l’heure des cartons
Au Quai d’Orsay, les cartons s’accumulent selon l’aveu d’un conseiller d’un ministre qui dépend de Catherine Colonna, l’actuelle Ministre des affaires étrangères. D’ailleurs, des “préparatifs de passation de consignes” pour la semaine prochaine ont été lancés, selon un diplomate. Les administrations diplomatiques comme consulaires se tiennent donc prêtes à passer le relais des dossiers en cours au cabinet suivant.
“Personne ne pense que Catherine Colonna sera là la semaine prochaine”
Un conseiller d’un ministre du pôle, vendredi dernier dans Politico.
Plusieurs rendez-vous à l’agenda de la ministre de cette semaine ont d’ailleurs été déprogrammés. Que lui reproche Emmanuel Macron et qui serait susceptible de la remplacer ?
Les reproches présidentiels
Si la ministre des Affaires Étrangères, Catherine Colonna, pourrait faire les frais du remaniement annoncé, c’est avant tout car le Président de la République lui reproche de ne pas s’être assez imposée depuis son entrée en fonction.
En effet, les rares fois où elle s’est exprimée, c’est pour évoquer des banalités, botter en touche. Certes, c’est un peu son travail, d’où le fait que la Ministre des Affaires étrangères s’oblige à surveiller particulièrement son langage. De surcroît, Catherine Colonna est diplomate de carrière. Elle a eu l’honneur de représenter notre pays en Italie puis en Grande-Bretagne, en tant qu’ambassadeur de France. Sans oublier deux autres postes plus techniques, à Paris, auprès de l’Unesco puis de l’OCDE. Un parcours remarquable, où elle a toujours su prouver sa compétence. Sans fausse note certes, sans faire preuve d’une originalité particulière. C’est une femme du rang, attachée à l’ordre établi, qui dirige aujourd’hui, encore, le Quai d’Orsay.
Mais son principal faux pas a eu lieu le 16 juin, à la gare de Kiev lorsqu’elle accompagnait Emmanuel Macron et qu’un journaliste lui a demandé : « Madame la ministre, quel est le climat en arrivant à Kiev ? » Saisissant maladroitement le sens de la question, visiblement drainée par l’enjeu guerrier, celle-ci a répondu : « Magnifique. Il fait beau! » Voilà qui fait mauvais genre…
A cette anecdote, s’ajoute la faiblesse de son management face aux directions générales de ses administrations (d’un côté, ces instances ont sa carrière de diplomate entre leurs mains), la mauvaise gestion de la crise diplomatique qui a suivi le refus de l’aide française par le Maroc après le séisme à Marrakech, les échecs répétés en Afrique…
Qui pour la remplacer ?
Si rien n’indique à ce stade qu’il quittera la place Beauvau, le poste de Catherine Colonna n’est pas sans donner quelques idées à Gérald Darmanin — à l’évidence pas dans la course pour Matignon après le semi-fiasco de l’examen du projet de loi immigration. Ainsi, un collaborateur du ministre lui aurait rédigé une note sur le fonctionnement et les avantages politiques du Quai d’Orsay voici quelque temps. Interrogé la semaine dernière par Politico, un proche du Tourquennois ne niait pas l’intérêt du ministre pour ce portefeuille.
Le ministre de l’Intérieur avait exprimé le souhait d’aller au Quai d’Orsay après les élections législatives et le désastre du stade de France, comme nous le rappelait récemment l’un de ses interlocuteurs. Une piste que Gérald Darmanin garderait donc bien en tête alors que le Président de la République avait pourtant lié la place Beauvau à l’organisation des JO 2024. Gérald Darmanin pourrait-il quitter son poste à quelques semaines du jour J ?
Stéphane Séjourné, eurodéputé et président du parti présidentiel Renaissance ne le pense pas. Celui-ci activerait d’ailleurs actuellement ses réseaux pour prendre la succession de Catherine Colonna. Un autre fidèle parmi les fidèles ! Un avantage alors que le ministère des Affaires étrangères est particulièrement lié à l’Elysée.
Et Olivier Becht ?
Olivier Becht, actuel ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger, élu en 2022 député Agir du Haut-Rhin (et président délégué de Mulhouse Alsace Agglomération) avait intégré en 2002, la même prestigieuse école que le futur président de la République Emmanuel Macron. Il fait partie de la fameuse promotion Léopold Sédar Senghor.
Un avantage ? Pas si sûr. En effet, il dut attendre de nombreuses années avant de pouvoir rentrer au gouvernement. Mais cela sera peut-être suffisant. Surtout que son bilan, quoique modeste ne doit pas le faire rougir. Il partait de loin, alors que 2022 fut l’année du pire déficit de la balance du commerce extérieur tandis que les expatriés, eux, sortaient à peine de l’épreuve de la pandémie qui les a isolés de la France de nombreux mois.
Auteurs/autrices
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Directeur de publication et rédacteur en chef du site lesfrancais.press
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