La crise se poursuit au Niger. Cinq jours après le coup d’Etat dans le pays, la pression s’accentue sur le nouvel homme fort proclamé du pays, le général Tiani. Tandis que la situation des Français installés sur place pourrait sembler de plus en plus complexe, nous avons interviewé Baptiste Heintz, élu à l’Assemblée des Français de l’étranger pour la circonscription dont fait partie le Niger.
Ecoutez le podcast avec Baptiste Heintz
Les Français sur place alertés et finalement évacués
Les 500 à 600 ressortissants français actuellement présents au Niger « ont été tous contactés, des mesures de précaution sont prises » et « elles seront renforcées si c’était nécessaire, mais il n’y a pas de décision d’évacuation au moment où je vous parle », a déclaré Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères. Une décision qui peut se comprendre car comme nous le déclare Baptiste Heintz le sentiment anti-français est soudain et semble téléguidé.
« En échangeant avec les Français sur place, on constate qu’il n’y avait pas de réel sentiment anti-français avant, ni même maintenant, dans la population civile. Les Français comme les bi-nationaux ne se sentent pas en danger »
Baptiste Heintz, élu à l’Assemblée des Français de l’étranger (Divers Gauche)
Concernant le quotidien, pour l’instant, si des difficultés d’approvisionnement ou d’accès aux devises (le pays a été mis sous blocus financier) peuvent gêner les Français, ce n’est pas encore une priorité. Avant tout, comme nous le rappelle Baptiste Heintz, c’est d’identifier les Français sur place, beaucoup sont en vacances en France et en particulier les familles, et de les localiser. Car finalement ce mardi 01 août, le ministère des Affaires étrangères a annoncé lancer la procédure d’évacuation de nos ressortissants et des Européennes dès ce jour. Pour cela, le dispositif d’îlotiers a été activé, dans le calme. Ces derniers vont regrouper par secteur les Français présents sur place. Ils sont, donc, chargés, en concertation avec l’ambassade et nos forces militaires, de les accompagner aux points d’évacuations prévus dans le plan.
Au niveau économique, les entreprises restent dans l’expectative dans l’attente des événements, c’est aussi le cas de l’AEFE qui n’a pour l’instant pas annulé la rentrée.
Manifestation devant l’ambassade de France
Des milliers de manifestants pro-putschistes se sont réunis ce dimanche devant l’ambassade de France à Niamey, avant d’être dispersés par des grenades lacrymogènes. Certains ont voulu entrer dans le bâtiment, d’autres ont arraché la plaque affichant « Ambassade de France au Niger », avant de la piétiner sur le goudron et de la remplacer par des drapeaux russe et nigérien.
« L’ambassade de France a été ciblée sur le modèle de ce qu’on a vu dans les pays voisins ces dernières années, avec manifestations où surgissent des slogans pro-russes. Des éléments qui font penser que celles-ci sont téléguidées »
Baptiste Heintz, élu à l’Assemblée des Français de l’étranger (Divers Gauche)
Coopération militaire
L’avenir de la coopération militaire franco-nigérienne semble aujourd’hui hautement incertain. Or, avec 1.500 militaires sur place, le Niger constituait jusqu’ici le pivot du dispositif antijihadiste français au Sahel, depuis le départ contraint des militaires tricolores du Mali à l’été 2022.
Réactions internationales virulentes
Les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), réunis ce dimanche à Abuja, ont donné un ultimatum d’une semaine pour rétablir l’ordre constitutionnel. De son côté, la France a menacé dimanche de répliquer « de manière immédiate et intraitable » à toute attaque contre nos ressortissants après une manifestation ayant ciblé notre ambassade.
« Le discours du Président de la République participe à un discours global de mise sous pression (…) des autorités nigériennes. (…) Il y a un ordre international »
Baptiste Heintz, élu à l’Assemblée des Français de l’étranger (Divers Gauche)
Le président élu toujours retenu prisonnier
Le président déchu Mohamed Bazoum, élu en 2021, est séquestré depuis le 26 juillet dans sa résidence privée au palais présidentiel par sa garde rapprochée, dont le chef, le général Abdourahamane Tiani. Ce dernier s’est présenté vendredi à la télévision publique comme « président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie », après un coup d’Etat qu’il a justifié par « la dégradation de la situation sécuritaire » dans le pays.
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