Au gui, l’an neuf

Au gui, l’an neuf

Depuis des millénaires, au moment du changement d’année, l’échange de vœux est de mise, permettant d’oublier, un temps, les malheurs du passé et d’espérer des jours meilleurs. Sous César, qui avait placé le nouvel an le 1er janvier, 45 ans avant notre ère, les Romains s’échangeaient des présents et honoraient leurs dieux afin d’avoir leur clémence. Les Gaulois, de leur côté, s’embrassaient sous le gui pour conjurer le mauvais sort. Cette tradition des vœux et des bonnes résolutions rompt avec le goût marqué pour le catastrophisme qui nous guette tout au long de l’année.

Trop fréquemment, nous nous délectons du malheur des autres et préférons les oiseaux de mauvais augure aux conteurs de bonnes aventures. Avec l’épidémie sans fin de Covid et le réchauffement climatique, les pessimistes s’en donnent à cœur joie pour pronostiquer le déclin irrémédiable de notre civilisation sinon la fin du monde. Avec les réseaux sociaux qui suppriment le filtre de l’analyse, le sensationnel, l’émotionnel l’emportent sur la raison. Les informations vivent le temps d’un clic avec une rémanence réduite. Pour accrocher l’attention des internautes, elles se doivent de mettre en avant la face sombre de l’univers.

Les nombreuses prévisions les plus sombres ne se sont pas concrétisées 

Les inégalités sociales, l’insécurité, les travers des femmes et des hommes publiques, etc., feront toujours plus de lignes que les succès économiques ou culturels du pays. Ce phénomène est loin d’être nouveau. Sous la Révolution française, le journal « le Père Duchesne » de Jacques-René Hébert jouait l’outrance pour attirer les lecteurs. 

Force est pourtant de constater que de nombreuses prévisions les plus sombres ne se sont pas concrétisées. Après près de deux ans de pandémie, la plus importante depuis plus de cent ans, les sociétés et les économies font preuves d’une véritable résilience. La mobilisation des scientifiques a permis l’élaboration en un temps record de vaccins réduisant les effets des différentes vagues de Covid. Les systèmes de santé se sont adaptés pour teste et vacciner des milliards de personnes, et pour gérer des afflux permanents de malades. Les faillites d’entreprises et l’envolée du chômage, notamment en France, ne se sont pas produites. Si l’endettement des Etats a progressé, la sphère financière tient le choc. L’euro, si souvent critiqué, est désormais perçu comme un atout pour les Etats membres. 

Pour 2022, avant même la formulation des vœux, la croissance serait remise en cause pour certains en raison du variant Omicron et, pour d’autres, du fait de l’inflation. Ce pessimisme s’applique également aux marchés financiers qui après une brillante hausse en 2021 ne peuvent que connaître un repli. Espérons que ces prévisions connaîtront le même sort que les précédentes.

Difficile d’avoir des certitudes sur l’évolution de l’économie 

Dans un environnement instable, sauf à vouloir jouer le rôle de la pythie, il est difficile d’avoir des certitudes sur l’évolution de l’économie, du moins à court terme. En revanche, la crise sanitaire révèle que nous avons tout à gagner à nous appuyer sur la science tant sur le plan de la santé que sur le sujet ô combien complexe de la décarbonation de l’économie. 

Face à un réchauffement climatique dont les effets sur la vie humaine pourraient être bien plus dangereux que la Covid, le recours à des solutions technologiques s’impose, la décroissance n’étant qu’une vue de l’esprit. Nul ne pourra demander aux populations des pays émergents ou en développement de renoncer aux plaisirs de la société de consommation, nul ne pourra accepter une moindre protection sociale au nom de la lutte du réchauffement climatique. 

Sans croissance, les Etats seront bien à la peine pour faire face au vieillissement de leur population. Entre un pessimisme d’humeur et un optimisme de volonté, à vous de choisir !

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