Anne Genetet prend la tête de l’Éducation nationale

Anne Genetet prend la tête de l’Éducation nationale

C’est un coup de théâtre puisque jusqu’à vendredi après-midi, Violette Spillebout était pressentie pour être ministre de l’Éducation nationale. Même Anne Genetet, la députée des Français d’Europe de l’Est, d’Asie et d’Océanie, depuis 2017, semblait, elle aussi, l’ignorer. Vendredi en début de soirée sur les plateaux de télévision, elle ne mâchait pas ses mots sur la constitution du gouvernement rappelant que « « Les LR n’ont jamais voulu travailler avec nous, ce n’est pas faute de leur avoir tendu la main, ils nous ont tapés dessus ».

Mais c’était sans compter sur Gabriel Attal qui a poussé son nom jusqu’au dernier moment. Et ce samedi soir, sur le perron de l’Élysée, Alexis Kohler a confirmé la rumeur, en annonçant la nomination à la tête du premier employeur de France, le ministère de l’Éducation nationale, d’Anne Genetet.

Qui est Anne Genetet ?

Vous le savez, nous l’avons reçue à de nombreuses occasions, Anne Genetet est une des députées des Français de l’étranger, mais plus globalement du parti Renaissance, les plus actives. Mais quel fut son parcours ?

La nouvelle ministre de l’Éducation nationale est née à Neuilly sur Seine en 1963. Curieuse du monde, elle attaqua des études de médecine à Paris de 1984 à 1994 avant de finalement bifurquer. En effet, en 2000, elle décroche un diplôme en journalisme médical et en communication. C’est ainsi qu’elle rejoint la rédaction de la revue médicale Impact médecine puis une agence de communication.

C’est en 2005 qu’elle part pour Singapour où elle rejoint International SOS, une société spécialisée dans les prestations de prévention médicale et sécurité, d’accès aux soins et d’intervention en cas d’urgence aux entreprises mettant en place des opérations à l’international. Un sens du service qu’elle conserve en créant une structure locale, en 2009, dédiée aux emplois à domicile pour les familles d’expatriées, si nombreuses à Singapour.

C’est en 2016, avec la création d’En Marche et l’annonce de la candidature d’Emmanuel Macron, qu’Anne Genetet est piquée par le virus de la politique. Candidate pour la première fois en 2017, elle écrase le député sortant, le très conservateur Thierry Mariani (UMP puis RN) avec 71,72 % des voix contre 28,28 %.

De la fiscalité à la défense..

En janvier 2018, Anne Genetet relève le défi de se pencher sur la fiscalité des Français de l’étranger, alors que la nouvelle majorité comptait alourdir celle-ci. Elle prend donc en charge une mission d’information à l’Assemblée nationale afin d’examiner la fiscalité et la protection sociale des expatriés ».

Si les Français de l’étranger ont pu saluer son action en février 2018 alors qu’elle s’oppose à une hausse de cotisations pour les Français non-résidents, censée compenser la hausse de la Contribution sociale généralisée applicable aux personnes résidant en France. Surtout qu’elle remporta ce premier combat forçant le gouvernement à revenir sur cette mesure.

Puis, Anne Genetet a remis à la fin de l’année 2018 son projet de refonte du système d’imposition avec un objectif de simplification. Mais les nouvelles règles qui devaient s’appliquer en janvier 2020, créaient des effets de bord mal mesurés lors du vote à l’Assemblée, faute d’étude d’impact détaillée. Pour exemple, un fonctionnaire français, résident en Belgique mais travaillant en France aurait vu son impôt se multiplier par deux en 2020 sans parler des couples de retraités, résidents en Amérique du Nord, mais percevant une pension française, dont l’imposition aurait enflé de plus de 60 %.

Évidemment face à la mobilisation des élus locaux, des associations et des médias, la réforme fut abrogée en 2020.

Pour autant la députée des Français d’Europe de l’Est, d’Asie et d’Océanie n’est pas restée inactive. Sincèrement engagée, elle se pencha sur les problématiques liées à la couverture sociale des expatriés. Mais élue, entre autres, par les Français d’Ukraine et de Russie, la guerre entre ces deux pays, orienta rapidement Anne Genetet sur les problématiques sécuritaires et militaires.

Nous la recevions, d’ailleurs, ce 1er septembre dans le premier numéro de « En toute confidence » de la saison 2024/2025 où elle est revenue longuement sur ce thème. Elle prévenait le futur gouvernement que « notre sécurité n’est pas négociable, même sous l’autel de l’austérité » comme elle l’avait d’ailleurs écrit dans une tribune publiée dernièrement sur les médias nationaux. À l’Assemblée nationale, Anne Genetet avait d’ailleurs choisi de travailler au sein de la Commission de la défense nationale et des forces armées. 

Désormais au gouvernement, elle pourra rappeler ses propos aux ministres concernés lors des réunions hebdomadaires du salon Murat le mercredi matin. Mais avant tout, elle va devoir apprendre à connaître le ministère dont elle a la charge et sur lequel bon nombre de ténors de la politique se sont cassé les dents.

… Au ministère de l’Éducation


Car si elle est au gouvernement, c’est un réel défi qu’elle va devoir relever pour cette première expérience ministérielle. Rappelons que le ministère de l’Éducation c’est 6,8% du PIB français avec un budget de plus de 168 millions d’euros, plus de 12 millions d’élèves pour près d’un million d’enseignants.

C’est aussi une des autorités de tutelles (avec le ministère des Affaires étrangères) de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’étranger (AEFE) qui gère les réseaux scolaires hors de France soit plus de 500 établissements. Comme en France, cette dernière est aussi victime des faiblesses du recrutement et de la baisse des budgets, la directrice Claudia Scherer-Effosse trouvera peut-être une oreille plus attentive désormais avec l’arrivée d’Anne Genetet.

Mais ces 500 établissements sont une goutte d’eau dans le gigantesque dispositif de l’Éducation nationale. Et pour gérer ce paquebot, entre l’été 2023 et l’été 2024, quatre ministres sont passés Rue de Grenelle. Un record. Avec comme conséquences pour la communauté éducative de créer une agitation incessante, des changements de cap peu maîtrisés, au détriment d’un nécessaire travail de fond. Anne Genetet pourra-t-elle réussir là où tant ont échoué ?

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