C’est le cœur serré, la voix nouée par l’émotion, qu’Alain Juppé a confirmé depuis sa mairie de Bordeaux son départ de la vie politique et son entrée au Conseil Constitutionnel en remplacement de Lionel Jospin et suite à la proposition de Richard Ferrand. Après 20 ans à la tête d’une ville et d’une métropole qu’il transforma de belle endormie en capitale dynamique du sud ouest, Alain Juppé a annoncé, à 73 ans, ne pas vouloir faire le mandat de trop.
« Avec Bordeaux et son peuple, nous sommes en quelque sorte un vieux couple et c’est un arrachement de quitter qui j’ai tant aimé ». C’est ainsi et le jour de la Saint-Valentin que le maire a réaffirmé son amour pour cette ville à laquelle il est tant associé. Ces prochains jours aura lieu la désignation de son successeur. Son nom est aujourd’hui incertain.
La carrière d’Alain Juppé ne se résume cependant pas à la capitale de la Gironde. Des années durant auprès de Jacques Chirac, son mentor, il fut notamment son Premier Ministre entre 1995 et 1997.
Un destin entravé par les affaires de la Chiraquie
Fondateur de l’UMP, député, député européen, maire, de nombreuses fois ministres, Alain Juppé échoua à l’élection suprême lors de la primaire de la droite et du centre de 2016. Celle-ci vit la victoire de François Fillon.
Cet échec, qui signa son départ de la vie politique nationale, fut l’une des dernières étapes d’un parcours qui connu d’autres épreuves. Les grèves de 1995 ont longtemps été associées à celui qui se définissait comme « droit dans ses bottes ». Les affaires liées aux emplois fictifs de la mairie de Paris dont il était le numéro 2 l’ont également durement atteint. S’en suivit un éloignement de la vie politique nationale et un exil au Canada qui fut l’un des facteurs d’ascension d’autres personnalités de la droite et en particulier de Nicolas Sarkozy.
Une figure de la droite Macron-compatible
L’échec d’Alain Juppé à la primaire ne signa pas pour autant la fin du « juppéisme », une doctrine de centre-droit très attachée à la défense de l’Union européenne et libérale sur les questions économiques et sociétales.
Edouard Philippe, proche du maire de Bordeaux depuis 15 ans, aujourd’hui Premier Ministre, représente aujourd’hui cette ligne au sein de l’exécutif.
Alain Juppé quant à lui, qui ne cachait pas son soutien au Président de la République concernant notamment les questions européennes, devra s’abstenir de toute intervention politique dès son entrée parmi les sages de la rue Montpensier dans deux semaines. Deux semaines, une éternité en politique…
François Lestanguet
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