AEFE : le bilan 2021

AEFE : le bilan 2021

Le 25 novembre dernier, l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) s’est rassemblée lors de son conseil d’administration pour dresser le bilan de l’année 2021.

Trois fois par an, le conseil d’administration de l’AEFE se rassemble en tant qu’instance de pilotage de l’établissement public et donc pour gérer les questions administratives régissant le réseau. Composé de vingt-six membres, ils débattent et délibèrent entre autres, sur la politique établie de l’AEFE, le budget et la gestion des personnels.

Un bilan 2021 en demi-teinte

« La rentrée de septembre a, comme celle de l’an dernier, été compliquée » nous confie Clotilde Fayet, secrétaire générale adjointe de l’AEFE. Mais, le réseau a tenu bon gré mal gré face aux différentes mesures prises et appliquées dans les 139 pays où il est implanté. A la vue des chiffres de l’année passée – chiffres qui sont toujours en attende de validation de l’enquête dont la date est fixée à mars prochain – le bilan est plutôt positif. Avec une augmentation des effectifs en termes d’élèves de 2,2%, nous pouvons dire que la crise sanitaire a moins impacté l’ensemble du réseau qu’en 2020. Le réseau recense effectivement 376 000 élèves à travers le monde, dont 3000 nouveaux issus des dernières homologations ajoutées au réseau et constituées de sept nouveaux établissements et extensions. Néanmoins, ces chiffres ne prennent pas en compte les établissements en attente d’homologation dont les dossiers ont été présentés ce jeudi 2 décembre en commission interministérielle d’homologation.

D’après le rapport de l’AEFE, les nombreuses aides de l’État envers les familles ont permis le maintien, et même l’augmentation, du nombre d’élèves alors qu’il était attendu qu’il chute fortement. Trois zones n’ont par ailleurs, pas été touchées par cette augmentation d’effectif mais au contraire par une baisse, à savoir l’Asie, l’Amérique latine et le Liban. Ces régions ont été durement touchées par la pandémie et par des tensions internes aux pays comme la crise économique et politique violente se jouant au Liban, où nombre de Français ont décidé de partir du pays avec leur famille.

Le personnel, pièce motrice de la sauvegarde du réseau

Aux yeux de l’AEFE, les enseignants et le personnel de l’agence ont été la pièce motrice de la sauvegarde du réseau. Ils ont su traverser les problèmes, non sans difficultés, avec beaucoup de résilience et ont permis aux milliers d’élèves de poursuivre l’étude de leurs cours en distanciel ou en présentiel. La rentrée 2021 a d’ailleurs été marquée par la reprise des cours en classe, sauf dans les trois régions évoquées plus haut. Les enseignants sont aussi plus préparés aux changements soudains de mise en œuvre des cours, notamment parce qu’ils sont équipés du matériel nécessaire et se sont formés, seuls ou avec de l’aide, aux cours en ligne. Avec l’apparition du nouveau variant Omicron et la recrudescence de l’épidémie à travers le monde, nous pouvons nous attendre à ce que de nombreux établissements recommencent ces cours depuis la maison.

Olivier Brochet, Directeur général de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger

Mais une pièce motrice pas suffisamment écoutée

La semaine de grève du 22 novembre sur l’ensemble du réseau AEFE a été particulièrement bien suivie, avec des pics à 100% de mobilisations dans certaines régions, à l’instar du Lycée français de Brasilia. Le personnel, sous l’action du SNES-FSU, s’est mobilisé pour dénoncer le déni de dialogue social apparu entre le personnel et les dirigeants du réseau, la situation financière des personnels et le renforcement de l’autoritarisme décelé dans le réseau. Dans un podcast réalisé par LesFrancais.press, Anthony Delrour, représentant du SNEP-FSU, précise qu’en effet au début de la pandémie, l’agence a particulièrement bien accompagné son personnel. Malheureusement, plus nous nous enfoncions dans la crise sanitaire, plus l’agence commençait à manquer à l’appel, pour finalement renvoyer systématiquement le personnel aux autorités locales. Ce manque à leur devoir a donc créé maints conflits entre le personnel et les autorités locales.

Ces problèmes soulevés par le SNES-FSU dans une déclaration liminaire, ont été abordés en amont du conseil d’administration de l’AEFE, où siège le syndicat, mais sont restés sans réponse lors du Conseil d’administration car peu évoqués ou ignorés.

Le budget divise

La majeure partie du conseil d’administration a en effet, été consacrée au budget de l’année 2021-2022 et a soulevé plusieurs inquiétudes aux yeux des syndicats et des représentants politiques. Deux d’entre elles ont particulièrement retenu l’attention, à savoir le budget pour les bourses scolaires et celui d’aide au Liban. Pour le premier, nous notons bel et bien une baisse de 10 millions d’euros par rapport à l’année dernière dans le programme 151, passant ainsi de 104 millions d’euros à 94 millions d’euros. Les dix mille euros manquants devront être piochés dans la soulte de l’AEFE. Le même processus est mis en place pour le budget dédié à l’aide aux établissements au Liban où dix autres millions devront aussi être retirés de la soulte de l’AEFE. Pour Ronan Le Gleut, sénateur et chef de file Les Républicains pour les Français hors de France, il est important de ne pas toucher à cette réserve budgétaire, non seulement parce que c’est contraire à la défense de l’enseignement de l’AEFE, mais aussi car cette technique s’inscrit dans une dangereuse vision à court terme. Selon lui, il sera difficile de remonter le budget en 2023, après l’avoir abaissé en 2022, comme l’a souvent prouvé l’histoire.

Pour Hamid Laroussi, administrateur AEFE et membre du SNES-FSU, le problème de la ponction de la soulte de l’AEFE est ailleurs. Il s’alarme effectivement des conséquences que ce prélèvement pourrait engendrer.

« Ces 20 millions d’euros consacrés aux bourses scolaires et à l’aide au Liban vont bien devoir être retirés d’autres investissements à un moment ou à un autre. C’est, à mon sens, ce genre de décision qui entraine la détérioration du réseau et notamment l’encadrement pédagogique, partie intégrante de ses missions de service public.»

Hamid Laroussi, administrateur AEFE et membre du SNES-FSU

D’après Clotilde Fayet, toutes ces inquiétudes n’ont pas lieu d’être. Selon elle, l’AEFE a touché 50 millions d’euros l’année dernière dans le cadre du plan d’urgence pour l’aide à la scolarité, mais seulement 9 millions ont été utilisés. L’AEFE enregistre donc un excédent de trésorerie pouvant être utilisé sur l’année 2022 pour les aides au Liban et les bourses scolaires.

La secrétaire adjointe de l’Agence nous a également certifié que le budget de l’année 2022-2023 devrait être remis sur les mêmes bases qu’avant la crise sanitaire, si les conditions le permettent. Il faudra maintenant y prêter une attention particulière l’année prochaine.

Pour terminer, nous pouvons mettre en lumière le fait que nous sommes loin du doublement du taux d’élèves dans le réseau annoncé par le président Emmanuel Macron à l’aune de son quinquennat.

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