C’est bien connu : aux Etats-Unis, la facture d’une prise en charge médicale aligne régulièrement des sommes à trois, si ce n’est quatre chiffres. D’autant que, contrairement au système tricolore, les formules d’assurance sont légion côté américain. Medicare, Medicaid, Affordable Care Act (plus connu sous le nom d’Obamacare) : ici chacun choisit la formule qui convient le mieux à ses besoins… et à son porte-monnaie.
Pour permettre aux expatriés de rester dans le circuit français (et de pouvoir dégainer leur carte vitale lors d’un passage chez le médecin dans l’Hexagone), la Caisse des Français à l’Etranger (CFE) propose différentes formules, que son Directeur Général Eric Pavy est venu présenter aux français de New York le 9 novembre. Une trentaine d’entre eux ont pu (re)découvrir ces programmes auxquels on peut adhérer seul ou en famille. JeunExpatSanté pour les moins de trente ans, MondExpatSanté au-delà de cet âge, RetraitExpatSanté pour les séniors, ou bien FrancExpatSanté simplement pour la prise en charge des consultations réalisées lors d’un passage en France. Le patron de la CFE encourageant vivement ses clients à adhérer à une complémentaire, puisque la Caisse rembourse à la hauteur des paliers français. Ce qui s’avère suffisant lorsqu’un rendez-vous chez son médecin traitant ne dépasse pas les 25€… mais plus problématique quand on s’aligne aux tarifs américains, où le même examen coûtera six fois plus cher.
« La santé c'est un business aux Etats-Unis »
« La santé, c’est un business aux Etats-Unis », relève Arthur D. Adhérent de la CFE venu ce matin pour en apprendre davantage sur les différentes offres de l’assurance. Il se souvient d’un accident survenu sur son lieu de travail qui, heureusement, avait été totalement pris en charge par sa couverture américaine : « Si je n’avais pas bénéficié de mon assurance professionnelle, j’aurais probablement dû rentrer en France ». Car au moment d’arriver à l’hôpital, on lui avait demandé son contrat de protection avant même de considérer l’étendue des dégâts.
Quel que soit le niveau de leurs revenus, les expatriés français sont précautionneux : « Depuis que j’habite à New York, je fais plus attention à rester en bonne santé », témoigne Noémie V., installée ici depuis deux ans. La jeune femme déplore également les complications au moment d’acheter des médicaments ou de trouver un médecin : « En France, nous sommes habitués à ce que la sécurité sociale vienne à nous, alors les démarches, on ne les connaît pas ». Si elle n’est pas adhérente à la CFE – ce qui lui permettrait de cotiser pour sa retraite – c’est parce que Noémie V. doute de sa rentabilité alors que la perspective d’un départ à la retraite à un âge « correct » s’éloigne.
« Mieux vaut prévenir que guérir quand on habite aux Etats-Unis »
Le son de cloche n’est pas le même du côté de Brigitte R, new-yorkaise depuis 1987. Au contraire, la sexagénaire aurait aimé connaître la CFE plus tôt, pour pouvoir y cotiser. Et ainsi préparer une retraite qui, de son côté, pourrait être moins avantageuse étant donné son statut de travailleuse indépendante assurée aux Etats-Unis depuis plusieurs décennies. Un retour en France est prévu d’ici deux ans « Et le facteur santé sera un des déterminants de la date de déménagement. »
Côté CFE, on met en avant les complémentaires santé partenaires dont les tarifs sont plus élevés, mais qui permettent de couvrir davantage de frais médicaux. Et ainsi, ne pas avoir à attendre un voyage en France pour aller chez le dentiste où l’on « payera cash », comme nous raconte l’un des Français présents à la conférence de la CFE. L’adage n’aura jamais été aussi juste : mieux vaut prévenir que guérir. Surtout quand on habite aux Etats-Unis.
Auteur/Autrice
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Etienne de Metz est journaliste et habite en Amérique du Nord. Après quelques mois à Montréal, il a déménagé à New York, d'où il scrute les pulsations de la Grosse Pomme pour un lectorat francophone.
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