La loi d’orientation des mobilités (dite LOM) sera débattu cette semaine en séance publique à l’Assemblée Nationale à Paris, avec un enjeu de taille : l’interdiction de commercialiser des voitures thermiques (donc les voitures à moteur à explosion soit à essence soit à diesel.
En effet, un article du texte prévoit « la fin de la vente des voitures particulières et des véhicules utilitaires légers neufs utilisant des énergies fossiles, d’ici à 2040 ». Ces derniers représentent aujourd’hui plus de 95 % des ventes.
« Menace d’une casse sociale »
C’est donc un énorme bouleversement auquel doit faire face l’industrie automobile. Et déjà, la riposte s’organise. Le lobby des constructeurs s’alarme par exemple du manque de bornes électriques en France. « Un tel choix [la fin de l’essence et du diesel] implique une massification de l’électromobilité, et donc la multiplication des points de recharge, souligne Marc Mortureux, le directeur général de la Plateforme automobile, interrogé par Le Monde. Or là-dessus le projet n’est pas, pour le moment, à la hauteur. »
Les constructeurs pointent aussi la formulation ambiguë du projet de loi. L’interdiction des moteurs « à énergie fossile » pourrait en effet englober les moteurs hybrides (qui fonctionnent pour partie à l’essence ou au diesel, et pour partie à l’électricité), ce qui obligerait les marques à basculer complètement vers le tout-électrique ou vers d’autres technologies (hydrogène). Ces bouleversements de grande ampleur génèrent aussi des craintes chez les syndicats. Dans un communiqué publié fin mai, Force Ouvrière s’alarmait de « la menace d’une casse sociale sans précédent en France » avec la disparition « de 340.000 emplois » d’ici à 2040.
Aller vite pour le climat
Face à ces arguments, les ONG et les associations de défense de l’environnement rappellent l’urgence du réchauffement climatique. Dans un texte paru le 29 mai, le Réseau action climat (RAC) demande donc aux députés d’avancer la fin des véhicules essence et diesel à 2030, « pour être au plus près de l’objectif de limiter la hausse des températures à 1,5 °C ».
« Le secteur des transports est le premier émetteur de gaz à effet de serre. Il pèse à lui seul 30 % des émissions, rappelle la Fondation Nicolas Hulot (FNH) dans un argumentaire publié fin mai. (…) Plus la baisse de ces émissions est engagée tôt, plus l’effort à faire sera faisable, et réaliste. » La fondation rappelle en outre que plusieurs pays ont déjà décidé d’interdire les véhicules essence et diesel en 2030, comme la Suède, les Pays-Bas, le Danemark, ou encore l’Inde.
Choix décisifs
Les députés, et par ricochet le gouvernement, vont donc devoir arbitrer. Faut-il avancer l’interdiction des moteurs thermiques en 2030 pour afficher un volontarisme écologique cher à Emmanuel Macron et répondre à l’urgence climatique ? Faut-il donner un délai supplémentaire à l’industrie automobile pour éviter « la casse sociale » crainte par les syndicats ?
Dans un rapport daté de mars 2019, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) esquisse un possible compromis. Il estime que la disparition des voitures essence et diesel est « réalisable (…) d’ici à 2040 » tout en prévenant qu’il faut « agir avec prudence (…) en prévoyant les mesures d’accompagnement nécessaire ». Bref, que l’État va devoir mettre la main à la poche pour financer cette transition de grande envergure.
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