Zèle britannique : le cas Ernest Moret 

Zèle britannique : le cas Ernest Moret 

Ernest Moret est responsable des droits étrangers des Éditions La Fabrique et de l’auteur (de science-fiction) Alain Damasio (Édition La Volte) est arrivé à Londres lundi 17 avril en Eurostar pour participer à la London Book Fair, qui se déroule à l’Olympia pendant 3 jours du 18 au 20 avril. Mais en arrivant à la gare de St. Pancras, le Français a été interpellé par deux policiers en civil sous le coup d’une inculpation de terrorisme.

Ernest Moret © Éditions La Fabrique

Un terroriste ?

Ernest Moret avait plus d’une trentaine de rendez-vous prévus avec des éditeurs étrangers et avait un aller-retour pour Paris le vendredi 21 avril. Il était invité ce 18 avril au soir à la réception à l’Institut Français à laquelle l’Ambassadrice de France était présente. 

Mais donc à son arrivée à la gare St Pancras, Ernest Moret a été écarté par des policiers agissant en vertu de l’annexe 7 de la loi 2000 sur le terrorisme puis a été détenu pour être interrogé sans la présence d’un avocat, prétendument pour déterminer s’il était engagé dans des actes terroristes ou en possession de matériel à utiliser dans le terrorisme. 

La base de leur accusation : Ernest Moret avait participé à des manifestations en France. Pour justifier cette arrestation, les autorités britanniques se réfugient derrière une déclaration inappropriée par un policier britannique. Pour certains cela semble clairement indiquer une complicité entre les autorités françaises et britanniques à ce sujet. 

L’avocat britannique de M. Moret, Richard Parry, ainsi que la maison d’édition, y voient une possible commande des autorités françaises auprès de leurs homologues britanniques, afin de mettre la main sur les contacts de l’éditeur dans les milieux de la gauche radicale.

 « Cela pose la question du rôle de l’Etat français dans cette affaire. La police britannique a-t-elle fait le sale travail pour son compte ? »

Maître Parry à l’AFP

Garde à vue 

Pour étayer cette thèse, Il a été exigé, pendant la nuit de garde à vue, qu’il renonce à son téléphone et qu’il transmette ses codes de déverrouillage aux agents, sans justification ni explication. Puis le mardi 18 avril au matin, Ernest a été formellement arrêté et transféré dans un commissariat, accusé d’entrave en raison de son refus de donner ses codes d’accès.

Les maisons d’édition considèrent ces actions comme des violations scandaleuses et injustifiables des principes fondamentaux de la liberté d’expression et un exemple d’abus des lois antiterroristes. Elles considèrent que cette atteinte à la liberté d’expression d’un éditeur est une manifestation supplémentaire du glissement vers des mesures répressives et autoritaires prises par le gouvernement français actuel face au mécontentement et à la contestation populaire généralisée. 

Manifestations de soutien et libération

Mardi soir, deux manifestations étaient organisées de façon simultanée, une devant la résidence de l’institut Français de Londres et l’autre devant l’ambassade britannique à Paris, hier, mardi 18 avril à 19h.

Les maisons d’édition ont demandé à l’Ambassadrice de France, Hélène Duchêne, de requérir la libération immédiate d’Ernest.

Devant l’Institut il y avait 6 personnes. Une fille avait une petite pancarte où on pouvait lire “Libérez Ernest Moret.” 

Manifestation devant l’Institut français à Londres ©LFP/Alexander Seale

À Paris devant le Consulat britannique il y avait près d’une centaine de personnes dont Raji qui a estimé “qu’il y a une coopération entre la police de France et au Royaume-Uni pour arrêter des Français qui manifestent contre les retraites.”

Le deputé LFI Hadrien Clouet présent lors de la manifestation à Paris le 18 avril 2023 ©LFP/Clara Euler/OGW

Des actions qui ont porté leurs fruits puisqu’en début de soirée Ernest Moret a été libéré sans aucune inculpation.

Du côté britannique, on se retranche sur les événements du mois passé où des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue de France contre la modification de l’âge de la retraite. Les protestations avaient entraîné le report de la visite prévue du roi Charles en France, sa première tournée à l’étranger en tant que monarque.

Pourtant, depuis le Brexit, les arrestations de Français se sont multipliées à la frontière, des filles au pair, des étudiants, etc., accusés de venir travailler clandestinement au Royaume-Uni.

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