Yan Chantrel et le budget 2025 : ses propositions pour les Français de l’étranger  

Yan Chantrel et le budget 2025 : ses propositions pour les Français de l’étranger  

À quoi ressemblera notre prochaine déclaration d’impôt ? Quelles actions seront soutenues par l’Etat français, et pour quelles dépenses ? C’est la loi de Finances pour 2025 qui va répondre à ces questions. Les Français de l’étranger sont aussi directement concernés. Par exemple, y aura-t-il des nouvelles taxes pour les expatriés ? Les parents bénéficiant de bourses scolaires verront-ils les montants diminués ? Quels seront les crédits alloués au réseau consulaire ? Et bien d’autres choses encore. Ces discussions financières ont d’abord eu lieu à l’Assemblée nationale, et c’est maintenant au Sénat que revient l’examen du projet budgétaire du gouvernement de Michel Barnier. Pour analyser les orientations mises sur la table, Lesfrancais.press a interrogé Yan Chantrel, sénateur des Français établis hors de France, et membre du Parti Socialiste. Il partage également ses propositions pour les Français de l’étranger.

Lesfrancais.press : « La situation financière de la France est connue, la rigueur semble de retour, pour autant, à la lecture des propositions budgétaires actuelles, estimez-vous que les Français de l’étranger sont, avant tout, considérés comme une variable d’ajustement avec les baisses proposées ? »

Yan Chantrel : « La présence de députés macronistes des Français de l’étranger au gouvernement n’a servi à rien puisqu’ils n’ont pas été capables de nous défendre dans les arbitrages budgétaires rendus par le Premier Ministre. Les députés macronistes ne se battent pas pour nos compatriotes établis hors de France.

« Les Françaises et les Français de l’étranger vont payer le prix de la mauvaise gestion macroniste depuis 2017 »

Entre le budget du programme 151, amputé de près de 4 millions d’euros, et le budget du programme 185 qui s’effondre de 45 millions d’euros, les Françaises et les Français de l’étranger vont payer le prix de la mauvaise gestion macroniste depuis 2017, qui nous amène à 6,1% de déficit cette année. C’est le choix de cadeaux fiscaux aux plus riches et aux grandes entreprises (60 milliards d’euros par an depuis 2017) que la majorité macrono-wauquieziste a décidé de faire payer aux classes populaires et aux classes moyennes. »

Impôts et taxes - @adobestock
Impôts et taxes - @adobestock
Lesfrancais.press : « Alors que le montant alloué par le projet de budget pour les bourses scolaires est en baisse, que pensez-vous de la proposition du député NPF des Français de l’étranger Karim Ben Cheïkh qui vise à garantir « aux parents boursiers de ne pas consacrer plus de 25% de leur revenu aux frais de scolarité de leurs enfants au sein du réseau de l’AEFE » ? »

Yan Chantrel : « Plusieurs solutions peuvent être envisagées, et celle de Karim Ben Cheïkh vaut la peine d’être examinée. Dans tous les cas, il faut une réforme en profondeur du système d’allocation des bourses, pour permettre un élargissement des critères qui rende ces bourses accessibles aux classes moyennes, et une réelle prise en charge à 100% pour les familles les plus démunies.

« Il faut une réforme en profondeur du système d’allocation des bourses, pour permettre un élargissement des critères »

La mixité sociale est constitutive du modèle français de l’école républicaine. Or, l’objectif de doublement à marche forcée du nombre d’élèves inscrits dans les établissements de l’AEFE d’ici 2030 et la baisse du budget (6,5 millions d’euros en moins pour 2025) mettent à mal cet objectif de mixité sociale qui ne fait que diminuer. Elle doit redevenir une priorité dans le développement du réseau. »

Yan Chantrel
Yan Chantrel
Lesfrancais.press : « Au-delà du débat sur les bourses scolaires, quels sont les principaux sujets budgétaires en faveur des expatriés sur lesquels vous souhaitez agir et être soutenu par le gouvernement de Michel Barnier ? »

Yan Chantrel : « Ce budget 2025 est une attaque en règle contre les aides sociales qui sont toutes à la baisse : les aides sociales directes qui sont amputées d’1 million d’euros, les subventions aux organismes locaux d’entraide et de solidarité (OLES) qui baissent de 14%, la Caisse des Français de l’étranger (CFE) qui n’est pas financée adéquatement pour assurer sa mission de service public, notamment auprès des plus fragiles (la catégorie dite « aidée »), les centres médico-sociaux (-12%), le soutien au tissu associatif des Français de l’étranger (STAFE) qui perd un cinquième de son budget. Le filet de sécurité censé protéger nos compatriotes est troué de toutes parts.

« Ce budget 2025 est une attaque en règle contre les aides sociales (…) Le filet de sécurité censé protéger nos compatriotes est troué de toutes parts. » Yan Chantrel, Sénateur des Français établis hors de France

Je suis très inquiet de voir la subvention de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) en baisse de 14 millions d’euros, alors que le réseau est déjà à l’os et que les besoins financiers pour rénover nos établissements, les adapter au changement climatique et leur permettre d’accueillir nos élèves dans de bonnes conditions d’apprentissage se font grandement ressentir sur les 5 continents.

Lycée français Anne de Kiev en Ukraine, crédit AEFE

Enfin, le Président Macron doit tenir son engagement de créer 700 postes dans le réseau. Il devait y en avoir 150 l’année prochaine, ce sera finalement moitié moins. In fine, ce sont les citoyens qui paient ce manque de moyens humains. »

Lesfrancais.press : « L’impôt lié à la nationalité française, plus communément appelé impôt universel, a refait surface dans le débat parlementaire, quelle est votre position sur ce sujet ? »

Yan Chantrel : « Il y a eu beaucoup d’intox sur ce sujet. Nous sommes évidemment contre tout impôt sur la nationalité et pour le principe de territorialité de l’impôt. Chaque fois que des personnalités politiques mal informées s’attachent à stigmatiser les Français établis hors de France comme des évadés fiscaux, nous sommes là pour rappeler la réalité du quotidien de nos millions de compatriotes de l’étranger parce que nous la connaissons nous-mêmes pour l’avoir vécue.

« Nous sommes évidemment contre tout impôt sur la nationalité et pour le principe de territorialité de l’impôt. »

Je m’inquiète, en revanche, de l’amendement Cordier adopté à l’Assemblée nationale avec le soutien de la droite et de la macronie qui souhaitent soumettre les retraités hors de France à la CSG-CRDS. C’est une nouvelle forme d’impôt sur la nationalité introduit par le gouvernement Barnier et ses soutiens, qui pourrait gravement nuire à nos compatriotes retraités les plus fragiles. Nous ferons tout pour supprimer cette disposition au Sénat. »

Lesfrancais.press : « Et plus généralement, d’autres amendements visant les Français de l’étranger ont émergé dans la discussion parlementaire. La plupart du temps, ils sont contraignants pour nos expatriés (comme la modification des certificats de vie pour les retraités) où quasiment en dehors du cadre légal (la CSG), comment expliquez-vous cela ? Est-ce parce que notre parlement méconnaît le quotidien des Français de l’étranger ou bien existe-t-il une volonté politique de faire payer davantage nos ressortissants vivant hors de France ? »

Yan Chantrel : « Il y a évidemment une part de méconnaissance de notre quotidien, on le voit déjà depuis 7 ans chez les députés macronistes qui sont pour le moins déconnectés du quotidien des Français. Il y a sans doute aussi une façon de vouloir jeter la suspicion sur les binationaux dans une dérive extrémiste incontrôlable à droite qui veut faire de l’étranger le responsable de ses propres échecs. »

Auteur/Autrice

  • Jérémy Michel a travaillé de nombreuses années pour des élus et a coordonné les affaires publiques européennes d'une grande entreprise française. Installé à Bruxelles depuis 2000, il est actuellement coach et consultant.

    Voir toutes les publications
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire