Xi en France : les droits humains sacrifiés sur l'autel des autres enjeux ?

Xi en France : les droits humains sacrifiés sur l'autel des autres enjeux ?

Le président chinois Xi Jinping est arrivé en France dimanche après-midi pour marquer le soixantième anniversaire des relations diplomatiques entre Pékin et Paris. Depuis son accession au pouvoir en 2013, ceci constitue sa troisième visite d’État en France, et sa deuxième aux côtés d’Emmanuel Macron. Cette visite d’État a pour enjeux principaux les relations commerciales complexes entre la Chine, la France et l’Union européenne.

De plus, Emmanuel Macron espère que la Chine usera de son influence sur la Russie pour encourager une trêve dans le conflit ukrainien durant les Jeux olympiques. Il y a déjà quelques ombres au tableau de la visite d’Etat de Xi Jinping en France.

Un sénateur des Français de l’étranger piraté ? 

Le sénateur Olivier Cadic a révélé, il y a quelques jours, avoir été victime d’un piratage informatique orchestré par la Chine et interpellait le gouvernement lors d’une séance de questions au Sénat : « Il s’agit clairement d’un acte de cyberguerre, commis par une dictature 2.0. »

Tandis que jeudi 2 mai, le magazine Challenges et l’émission « Envoyé spécial », sur France 2, publiaient une enquête sur une tentative de rapatriement forcé d’un jeune Chinois critique du régime de son pays et vivant en France, impliquant des membres de l’ambassade de Chine.

Olivier Cadic

Une relation équilibrée 

Pour Pékin, les mesures européennes sont jugées « protectionnistes ». Alors les autorités chinoises ont lancé leur propre enquête antisubventions visant essentiellement le cognac français, contre laquelle le président français compte s’élever.

Emmanuel Macron, qui espère toujours poser son pays en « puissance d’équilibre » face au bras de fer sino-américain, célèbre les 60 ans de relations diplomatiques bilatérales avec son homologue chinois, arrivé la veille à Paris pour sa première tournée européenne depuis 2019. Une cérémonie d’accueil protocolaire en grande pompe a eu lieu aux Invalides, au son de la fanfare militaire.

La situation internationale « nécessite plus que jamais ce dialogue euro-chinois », a affirmé lundi le chef de l’Etat français, alors que certains de ses opposants, comme le candidat des socialistes aux élections européennes de juin Raphaël Glucksmann, lui reprochent de « dérouler le tapis rouge » de façon « obséquieuse » à un « dictateur ».

La guerre en Ukraine 

Dans l’après-midi, le duo franco-chinois s’est retrouvé au palais présidentiel pour un tête-à-tête plus politique, suivi de déclarations à la presse et d’un banquet. L’occasion d’aborder plus en profondeur l’invasion russe de l’Ukraine.

Emmanuel Macron a salué lundi « les engagements » chinois « à s’abstenir de vendre toute arme » et « toute aide à Moscou ». « Nous respectons les liens anciens qui unissent la Chine à la Russie », a fait valoir le président français et « au vu de cette histoire complexe, nous accueillons favorablement les engagements des autorités chinoises à s’abstenir de vendre toute arme, toute aide à Moscou et à contrôler strictement l’exportation des biens à double usage » pouvant servir à des fins militaires.

Le matin, Ursula von der Leyen s’était dite « confiante » dans le fait que la Chine peut continuer à tempérer les menaces nucléaires russes. Le président français s’est également félicité de la « volonté » de son homologue chinois de « demander à toutes les parties prenantes » des différents conflits « une trêve olympique » durant les Jeux de Paris cet été (26 juillet – 11 août).

Les droits de l’homme 

Les militants des droits humains se rappellent au souvenir du président français et du dirigeant chinois qui a considérablement renforcé son pouvoir au dépens de la société civile, analyse le politologue Jean-Philippe Béja sur TV5MONDE .

Regarder l’analyse de Jean-Philippe Béja

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