Visa aux Palestiniens : la faillite du Quai d’Orsay ?

Visa aux Palestiniens : la faillite du Quai d’Orsay ?

La semaine dernière, les Français ont découvert que certains réfugiés palestiniens ont été accueillis en France malgré des comportements et des propos manifestement en dehors du cadre républicain. Tout d’abord ce fut le cas d’une réfugiée gazaouie de 25 ans, accueillie en France au mois de juillet et plus inquiétant un journaliste gazaoui, désormais réfugié en France et collaborateur de la chaîne publique France24 ! On vous explique les polémiques qui éclatent quelques semaines après la remise du rapport sur l’entrisme des Frères musulmans en France.

Une réfugiée gazaouie antisémite appelant à la mort des juifs

L’affaire commence mardi soir dernier (29 juillet 2025), lorsque plusieurs comptes X, dont le média d’extrême droite Bastion, se font l’écho d’une « réfugiée gazaouie récemment arrivée en France et logée par le directeur de Sciences Po Lille », décrite comme une « adoratrice de Hitler » qui partage des « vidéos de propagande nazie », en appelant « à ‘tuer les Juifs partout' ».

Sollicitée par l’AFP, Sciences Po Lille précise mercredi 30 juillet que « les propos sur les réseaux sociaux de la jeune fille sont confirmés », sans détailler exactement les messages. Selon France Inter, dans plusieurs messages, la jeune femme parlait de « martyrs » pour désigner certains dignitaires du Hamas, un mot assez courant dans la bande de Gaza. Mais d’autres publications sont clairement antisémites comme l’a reconnu l’école dans sa publication du 30 juillet. 

Nour Atallah - photo de profil Facebook
Nour Atallah - photo de profil Facebook

Le plus inquiétant c’est que l’école comme les services qui lui ont délivré un visa semblent découvrir ces messages à la suite d’un reportage diffusé lundi 28 juillet au matin sur RMC.  Dans celui-ci, l’étudiante raconte sa nouvelle vie en France, « dans un endroit sûr », et se félicite « d’avoir obtenu une bourse du gouvernement français pour [ses] études » » Le directeur de Sciences Po Lille, Etienne Peyrat, héberge l’étudiante, est-il précisé.

"L'alerte, nous, on l'a vue à la suite de publications qui ont été faites sur les réseaux sociaux. Évidemment, dès lors qu'on a vu ces éléments, on s'est mis en lien d'un côté avec nos autorités de tutelle, donc relevant du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche"

A sa décharge, pour lui comme bon nombre de Français, si la réfugiée gazaouie est en France c’est que l’ensemble des vérifications ont été faites en amont ? Mais comment a-t-elle obtenu ce visa ?

Qui a délivré un visa à Nour Atallah ?

La réfugiée gazaouie en question, Nour Atallah, a obtenu un visa étudiant pour la France. Celui-ci lui a été accordé dans le cadre d’une bourse universitaire délivrée par le consulat de France à Jérusalem, sous la supervision du ministère des Affaires étrangères français, le Quai d’Orsay. Elle faisait partie d’un groupe de 37 réfugiés arrivés en France le 11 juillet 20241.

La bourse et le visa lui ont permis de rejoindre la France, le mois dernier, où elle a été admise à Sciences Po Lille.  Les critiques ont été soulevées concernant la vigilance et les critères utilisés par les services consulaires pour l’octroi de ces visas et bourses, notamment en ce qui concerne la vérification des antécédents et des opinions des candidats.

Pourtant le programme de bourses universitaires délivré par le consulat de France à Jérusalem devrait être bien balisé et est délivré depuis de nombreuses années. Il s’inscrit dans le cadre des efforts de la France pour soutenir l’éducation et la mobilité académique des étudiants palestiniens. Pour y candidater, les étudiants intéressés doivent soumettre un dossier, qui inclut généralement des relevés de notes, des lettres de recommandation, une lettre de motivation, et parfois des preuves de compétences linguistiques en français. Les candidats sont sélectionnés sur la base de leur excellence académique, de leur projet d’études, et de leur potentiel à contribuer au développement de leur communauté d’origine après leurs études.

Vue générale du consulat général de France à Jérusalem, près de la vieille ville. ©THOMAS COEX / AFP
Vue générale du consulat général de France à Jérusalem, près de la vieille ville. ©THOMAS COEX / AFP

Et pour certains, c’est au cœur même du dispositif que la faille existe. Car une fois que les candidats ont déposé leurs pièces, il faut donc les sélectionner. Cette tâche revient à un comité qui inclut des représentants du consulat, des attachés de coopération éducative, et parfois des membres d’institutions académiques françaises ou locales. Le processus de sélection est supervisé par le ministère français des Affaires étrangères, qui établit les critères et les directives pour l’attribution des bourses.

Mais ce parcours a l’avantage ou l’inconvénient de peu inclure les services du ministère de l’Intérieur ou de la défense et ce alors que la spécificité de la zone géographique ne peut qu’inviter à redoubler de vigilance.  Non que les étudiants postulants sont forcément de potentiels infiltrés ou animés par des projets néfastes, mais tout simplement car après tant de guerres, n’est-il pas normal que les jeunes soient influencés au point de perdre la capacité de distinguer les combattants des civils ? Aussi, le profil des membres de ce comité devrait aussi être vérifié, les rumeurs bruissent sur la bienveillance de certains membres envers la cause palestinienne. Ce qui n’est pas condamnable sauf si cela intervient dans les décisions prises par le ou les fonctionnaires.

Le Quai d’Orsay a, dès la fin de semaine dernière, annonçait mettre en place une enquête interner mais aussi à solliciter le parquet de Paris pour qu’une enquête judiciaire soit aussi lancée. Les résultats des deux enquêtes sont attendues pour le début de l’automne.

Écarté du New York Times pour avoir appelé à "brûler et tuer les juifs comme Hitler"

Collaborateur régulier de France 24 depuis neuf ans, média auquel il a même accordé une interview cette semaine, le journaliste gazaoui Fady Hossam  a été évacué de l’enclave palestinienne vers la France le vendredi 25 juillet.

On pourrait y voir rien d’anormal, il est fréquent que les journalistes locaux ou les « fixeurs » (des locaux qui assistent les Occidentaux lorsque la situation sécuritaire le nécessite et qui apporte aussi un éclairage de la culture de la zone concernée) soient évacués afin de préserver leurs vies et respecter leur engagement auprès des nôtres afin que ces derniers réalisent leur métier ou leur mission. Mais le cas de Fady Hossam est hors normes.

Fady Hossam, journaliste et collaborateur de France 24 à Gaza, le 29 juillet 2025. © France 24
Fady Hossam, journaliste et collaborateur de France 24 à Gaza, le 29 juillet 2025. © France 24

Ce dernier, après l’attaque du 7-Octobre, est resté sur place pour couvrir les événements, envoyant régulièrement des vidéos à la chaîne et à d’autres médias français – le Figaro et LCI, selon Reporters sans frontières. Pourtant en août 2022, le New York Times a fait savoir au journaliste qu’il se passerait désormais de ses services en tant que fixeur après avoir découvert une publication Facebook en arabe. Dans celle-ci il publie des propos qui en France tombent sous le coup de la loi :

« Je n’accepte pas un Juif, un Israélien ou un sioniste, ni quiconque parlant hébreu. Je suis pour les tuer où qu’ils soient — enfants, personnes âgées et soldats »

Et on trouvait également des propos, aujourd’hui effacées comme : « En fin de compte, les Juifs sont des fils de chiens et je suis pour les tuer et les brûler comme Hitler l’a fait. Cela me rendrait extrêmement heureux  » selon le groupe israélien Honest Reporting, relayé par Fox News.

Pourtant cette décision du New York Times et ces propos ne semblent donc pas avoir ému la chaîne de service public qui le 30 juillet encore dans un post en faisait l’apologie :

"Après des mois passés à couvrir la guerre à Gaza, le journaliste Fady Hossam, collaborateur de France 24, a pu rejoindre Paris il y a quelques jours. Très peu de ses confrères ont survécu aux 21 mois de combats. Il est l’un des derniers témoins du conflit en cours."

Quelles réactions des autorités ?

Ces deux cas ont entrainé évidemment la réaction des autorités.  

Nour Atallah est partie au Qatar

Celui de Nour Atallah est réglé, cette dernière a quitté le territoire français ce dimanche 03 aout pour rejoindre le Qatar, cet allié, qu’on ne comprend pas.

Pour autant, dès mardi dernier, plusieurs élus RN se sont emparés immédiatement de l’affaire évoquant les carences du réseau consulaire comme de l’école. A l’instar de Matthias Renault, député RN de la Somme, en apostrophant sur X Etienne Peyrat, le directeur de Sciences Po Lille :

« Comment est-il possible de ne pas avoir vérifié les réseaux sociaux d'une personne que vous hébergez ? »

Pour les élus de droite, la décision de la Cour nationale du droit d’asile du début mois 15 imposant à la France de devoir accueillir des réfugiés palestiniens est la source du problème.

Pour rappel, la CNDA a jugé le 11 juillet que « les ressortissants palestiniens originaires de la bande de Gaza non protégés par l’ONU peuvent se voir accorder le statut de réfugié en application de la convention de Genève« .

Fady Hossam, toujours en poste

Au grand étonnement général, Fady Hossam est toujours poste. Et les raisons de cet état restent mystérieuses. Cependant, il est possible que France 24 ait pris en compte divers facteurs, tels que son expérience professionnelle, son rôle dans la couverture de conflits importants, et potentiellement des considérations liées à sa sécurité et à son statut de réfugié.

Mais comme pour Nour, le passé de Fady pourrait le rattraper et menacer son séjour en France. En tout cas, ce 03 août, lors de la publication de l’article, il n’existe aucune mention explicite d’une enquête ouverte à son encontre. Pour autant ces controverses pourraient potentiellement faire l’objet d’examens ou de discussions internes au sein des organisations pour lesquelles il travaille ou a travaillé, comme France 24 mais aussi par la justice si les propos qu’ils auraient publiés sont confirmés dans les prochains jours.

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