Malgré des couvre-feux instaurés dans plusieurs grandes villes, ces derniers jours ont à nouveau été marqués par des violences aux Etats-Unis. Minneapolis est particulièrement touchée par cette flambée de violence dont l’origine est la mort de Georges Floyd, afro-américain décédé entre les mains de la police de la grande ville du midwest.
Menotté et plaqué au sol, Georges Floyd, récemment installé à Minneapolis, était soupçonné d’avoir utilisé un faux billet de vingt dollars dans un commerce. Contactés par le commerçant, 4 policiers ont procédé à l’interpellation du suspect. Celui-ci fut maintenu au sol pendant 9 minutes, filmées, par l’agent Derek Chauvin. Il a à plusieurs reprises indiqué qu’il ne pouvait pas respirer sans réaction de la part de l’officier qui le maintenait au sol. Après de longues minutes au cours desquelles M. Floyd, peu à peu, s’est immobilisé, les policiers ont appelé les secours. Georges Floyd a été déclaré mort lors de son transfert à l’hôpital.
Atlanta, Los-Angeles, Miami, New-York, Philadelphie font également partie des villes touchées. Des unités anti-émeutes ont été mobilisées et le Président Trump a été particulièrement virulent sur son réseau social préféré.
200 personnes ont été arrêtées à New-York et les commerces de Los Angeles, en particulier ceux de luxe de Beverly Hills, ont été touchés. 158 000 Français étaient inscrits sur les listes consulaires dans le pays. Si la majorité ne sont pas pour le moment inquiets, ils suivent cependant très attentivement la situation, notamment via twitter et le hastag #BlackLivesMatter que même le député des Français de la circonscription Roland Lescure a partagé.
Où vivent les Français des USA? Le nord-est, d’abord, avec New York, Washington et Boston. Les trois villes concentrent à seules plus de 51 000 Français. La côte Ouest, avec Los Angeles et San Francisco, attire aussi les Français. Ils étaient plus de 37 000 à être installés en Californie déjà en 2013, nombre en forte hausse depuis. Pour le reste principalement dans les grands centres comme Chicago, Miami, et Houston.
Des violences comme celles de 1992 ?
« Les violences sont regrettables mais franchement la façon dont ce malheureux est mort est tout de même terrible. Et ce n’est pas nouveau, ce n’est pas lié uniquement à Trump, ici à LA des circonstances similaires avaient amené à de terribles émeutes en 92 » nous a indiqué Jeanine, française installée dans la cité des anges depuis 32 ans.
Les émeutes de 1992 à Los Angeles ont débuté le à Los Angeles après qu’un jury, composé de dix Blancs, un Asiatique et un Latino-Américain, a acquitté quatre officiers de police blancs accusés d’avoir passé à tabac un automobiliste noir américain, Rodney King, après une course-poursuite pour excès de vitesse. Elles impliquent des centaines d’habitants de Los Angeles.
Marc, jeune français métis installé à l’autre bout du pays à Brooklyn dans le quartier de Williamsburg ou il est serveur dans un déli tout en étudiant au Brooklyn College nous confirme une certaine forme de racisme:
« il y a un profond racisme aux USA, même dans des villes dites progressistes comme New York. Moi je le ressens, j’ai beaucoup eu de mal à trouver un logement par exemple, je ne suis pas vraiment surpris ».
Les violences ne sont cependant pas généralisées. Si il y a eu par exemple à Washington D.C. des manifestations jusque devant la Maison Blanche, forçant le Donald Trump à se réfugier dans le bunker présidentiel, ce ne fut pas le cas partout. Eve Chauchard, du Comité Tricolore, un groupe d’associations ou organisations franco-américaines de la région de Washington D.C. qui partagent un intérêt commun pour la culture française, qui prônent le renforcement des relations entre la France et les États-Unis et qui sont au service de notre communauté, nous a indiqué que dans son quartier, la situation est restée jusque présent très calme.
Le policier impliqué mis en examen
Si le policier impliqué a été depuis licencié et est poursuivit pour homicide involontaire, cela ne convainc pas Marc : « vous avez vu les images ? C’est d’une violence folle et les autres policiers n’ont pour le moment pas été mis en examens, c’est un scandale ».
Jean Calvignac, qui réside en Caroline du Nord et qui est bien connu des Français de l’étranger pour son engagement pour défendre les non-résidents contribuables en France, n’est pas plus surpris que Marc.
« le racisme existe sous divers formes dans tout le pays, pas seulement ici en Caroline du Nord et dans les autres Etats du vieux Sud. L’agglomération St-Paul/Minneapolis est tout au nord du pays, ne croyez pas cependant qu’elle échappe à ce phénomène » Jean Calvignac, Français résident aux Etats-Unis
Une situation observée ailleurs sur le continent
« La question des violences policières aux Etats-Unis ne saurait passer sous silence une foule d’autres problèmes. Il y a bien entendu le racisme systémique qui conduit les populations non-blanches américaines à être surreprésentées dans le système carcéral et à être davantage victimes du chômage et de la pauvreté. S’ajoute à cela un système politique qui permet des découpages électoraux fantasmagoriques, exemples parfait de gerrymandering, qui aboutissent à la mise sous tutelle de populations non blanches ainsi divisées et sous représentées dans le paysage politique. » Marc-Albert Cormier, conseiller consulaire à Toronto
Ailleurs sur le continent, beaucoup suivent la situation avec attention comme le conseiller consulaire français au Canada Marc-Albert Cormier qui a témoigné sur ce point dans lesfrancais.press. Pour M. Cormier, les problèmes vont bien au delà de cette triste affaire: « La question des violences policières aux Etats-Unis ne saurait passer sous silence une foule d’autres problèmes. Il y a bien entendu le racisme systémique qui conduit les populations non-blanches américaines à être surreprésentées dans le système carcéral et à être davantage victimes du chômage et de la pauvreté. S’ajoute à cela un système politique qui permet des découpages électoraux fantasmagoriques, exemples parfait de gerrymandering, qui aboutissent à la mise sous tutelle de populations non blanches ainsi divisées et sous représentées dans le paysage politique. »
Le mouvement de colère ne semble pas diminuer. Cela risque de ne pas apaiser une société aux antagonismes exacerbés et ce à quelques mois de l’élection présidentielle.
Les consulats et l’ambassade de France suivent tout ceci de très près. Certains pensent à un retour en France, nous rappelons qu’en la matière, un tel retour est soumis à des règles strictes.
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