Au lendemain de la réunion avec Donald Trump et plusieurs dirigeants européens, Volodymyr Zelensky a publié un message sur X, mardi 19 août, affirmant que le sommet de Washington D.C fut « une avancée significative vers la fin de la guerre et la garantie de la sécurité de l’Ukraine et de notre peuple ». Si on ne peut que se réjouir de la fin de celle-ci, on peut s’interroger sur le prix exigé par Vladimir Poutine soutenu par Donald Trump. On fait le point pour les Français de l’étranger.
Une véritable paix ?
Invité de RTL mardi 19 août, Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, a estimé qu’un pai durable entre la Russie et l’Ukraine est peu probable.
« Je crains que nous ne puissions pas avoir de véritable paix avec le régime russe tel qu’il est aujourd’hui et l’Ukraine démocratique que nous connaissons »
Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique
En effet, à l’issue des deux réunions, seul un accord prévoyant l’acquisition de 90 milliards de dollars d’équipements militaires américains de la part de Kiev, grâce à des financements européens était acté. Le Financial Times, qui a dévoilé les contours de cet accord en premier, évoquait quant à lui un budget de 100 milliards de dollars (85 milliards d’euros environ). Selon le journal britannique, Kiev et Washington pourraient également signer un accord à hauteur de 50 milliards de dollars pour acheter des drones produits par entreprises ukrainiennes.
Tout le reste est à faire ! Frontières, langue, etc… Les Européens ont insisté pour que ces sujets, qui touchent à la souveraineté ukrainienne, soient évoqués par les chefs d’États des deux puissances en conflit. Message entendu par Donald Trump qui, en pleine réunion, a appelé Vladimir Poutine afin de commencer à organiser une telle rencontre.
Un sommet Zelensky-Poutine "en Europe" ?
Car l’autre résultat de la réunion à Washington, c’est donc l’acceptation par Vladimir Poutine de rencontrer Volodymyr Zelensky dans les deux semaines à venir. Ce qui serait une première depuis l’invasion russe le 24 février 2022.
« Nous avons décidé d'avoir un rendez-vous bilatéral entre les deux présidents, d'avoir ensuite une trilatérale (avec Donald Trump, ndlr), puis une multilatérale où les Européens doivent être à la table. »
Emmanuel Macron, après la réunion à Washington D.C
Un tel entretien pourrait-il avoir lieu en Europe ? « C’est plus qu’une hypothèse, c’est la volonté collective« , affirme le chef de l’État, qui assure qu’il ne sera pas organisé en France, comme lors de la rencontre Zelensky-Poutine de 2019, mais dans « un pays neutre ». « Peut-être la Suisse, je plaide pour Genève », déclare-t-il. « Ou un autre pays : la dernière fois qu’il y a eu des discussions bilatérales, c’était à Istanbul (Turquie). »
Emmanuel Macron pense même « qu’il faut faire » une exception à Vladimir Poutine si la réunion a lieu dans un pays reconnaissant la Cour pénale internationale, et donc devant arrêter le président russe, visé par un mandat d’arrêt. « Le travail de la justice doit venir, nous sommes nous-même signataires de ces traités », assure-t-il. « Mais il est président en exercice, il a un principe d’immunité. Il faut que la paix avance, donc il faut trouver un lieu. » D’ailleurs, ce mardi, la Suisse a offert l’immunité à Vladimir Poutine en cas de réunion sur son sol.
Le travail sur les garanties de sécurité
Dernier point majeur abordé lors du sommet de Washington : les garanties de sécurité apportées à l’Ukraine après un accord de paix.
« Nous avons acté pour la première fois que nous lancions le processus de travail sur les garanties de sécurité »
Emmanuel Macron, après la réunion à Washington D.C
Dès ce mardi à la mi-journée, « nous réunissons avec le Premier ministre britannique Keir Starmer la coalition des volontaires pour les tenir au courant« , souligne-t-il. « Dans la foulée, nous lançons le travail concret avec les Américains, pour voir qui est prêt à faire quoi. »
Ces garanties de sécurité ne prendront pas la forme d’un engagement de l’Ukraine dans l’Otan, Donald Trump y étant opposé. Leur objectif reste « de dissuader (les Russes) par une armée ukrainienne forte, qui pourra résister » en cas de nouvelle invasion, souligne Emmanuel Macron. Au point d’engager les alliés de l’Ukraine dans une guerre face à la Russie ? « Si la Russie prenait la responsabilité de revenir provoquer aux confins de l’Europe après un accord de paix, à ce moment-là, il y aurait une réaction« , prévient-il.
Même en cas de paix en Ukraine, Emmanuel Macron met en garde face aux ambitions de la Russie. « C’est devenu durablement une puissance de déstabilisation et une menace potentielle pour beaucoup d’entre nous« , pointe le président de la République.
« Un pays qui investit 40% de son budget dans de tels équipements, qui a mobilisé une armée de plus d'1,3 million d'hommes, ne reviendra pas à un état de pays et un système démocratique ouvert du jour au lendemain. Ne soyons pas naïfs. Y compris pour sa propre survie, il a besoin de continuer de manger. C'est un prédateur, un ogre à nos portes. »
Emmanuel Macron, après la réunion à Washington D.C
Du coté de Kiev
Évidemment, les regards des Ukrainiens étaient tournés vers Washington lundi soir. Parmi eux, notre compatriote David Franck, président du conseil consulaire des Français de l’étranger. Lors de notre entretien avec lui, nous avons pu constatait, comme la grande majorité des Ukrainiens, qu’il était soulagé sur le sujet du partage de l’Ukraine. Les premiers échos de la capitale américaine laissaient sous-entendre que « pour les territoires, il est possible qu’ils s’en tiennent à la ligne de front. »
Autre point qui a rassuré le premier des Français installés en Ukraine est que « les garanties de sécurité seraient un contrôle aérien des USA avec les Européens, et au sol par la coalition des volontaires. »
Mais déjà dans la capitale ukrainienne, on pense à l’après-guerre comme nous le révèlait David Franck ce matin : « Il est fort à parier que des élections en Ukraine vont suivre, en cas d’accord de paix. A voir si Zelensky se présentera… »
En conclusion, « les choses avancent vers une cessation des hostilités, mais restons prudents » comme nous le disait notre compatriote.
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L'AFP est, avec l'Associated Press et Reuters, une des trois agences de presse qui se partagent un quasi-monopole de l'information dans le monde. Elles ont en commun, à la différence de son prédécesseur Havas, de ne pas avoir d'actionnaire mais un conseil d'administration composé majoritairement d'éditeurs de presse.
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Directeur de publication et rédacteur en chef du site lesfrancais.press
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Jérémy Michel est rédacteur en chef adjoint du média Lesfrancais.press. Il est également coach en développement personnel et formateur en communication. Jérémy a auparavant travaillé au sein de diverses institutions politiques françaises et européennes. Il a aussi été en charge des affaires publiques d’un grand groupe spécialisé dans la santé.
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