En 2025, en occident, partir en vacances semble une évidence pour une grande majorité de citoyens. Pourtant, et les Français de l’étranger le savent bien, ce droit au repos n’est pas une évidence dans de nombreux pays. Et même chez nous, il a été conquis au fil des décennies. Des premiers bains de mer prescrits par les médecins aux congés payés arrachés de haute lutte, petit retour sur les grandes étapes qui ont transformé notre rapport au temps libre.
La révolution industrielle
Il faut attendre le milieu du XIXe siècle, et la propagation sur le vieux continent de la révolution industrielle, pour que l’idée même de « prendre des vacances » entre dans le quotidien des élites. À l’époque, ce n’est pas tant le loisir qui motive ces séjours mais la santé. Ainsi, les stations balnéaires se développent sous l’impulsion des médecins qui prescrivent les bains de mer. De Dinard (Ille-et-Vilaine) à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), en passant par Marseille (Bouches-du-Rhône), la bourgeoisie découvre les bienfaits de l’iode… et les premières cabines de plage.
Mais pour la majorité des Français, pas question de repos : l’été est synonyme de moissons et de dur labeur. Les vacances sont encore un privilège de classes.
Le front populaire
C’est en 1936, que le front populaire, mené par Léon Blum, et dont la gauche d’aujourd’hui se dit successeuse, accorde deux semaines de congés payés à tous les salariés. Pour beaucoup, c’est la première fois qu’ils peuvent partir en voyage. Les gares se remplissent, les plages se démocratisent, et la Méditerranée devient enfin accessible aux classes populaires.
Le mythe des vacances à la mer est lancé. On parle de « transhumance estivale », et les premières images de Parisiens en short sur les plages de Normandie ou d’Occitanie entrent dans l’imaginaire collectif.
La généralisation
Dans les années 70, les vacances deviennent un vrai rituel de masse. Avec la généralisation de la voiture individuelle, les routes se remplissent en juillet et août. La France s’équipe : clubs de vacances, campings, résidences secondaires, aires d’autoroute… Le tourisme devient un moteur économique.
Avec l’obtention des quatre semaines de congé en 1968, impulsée par l’entreprise Renault six ans plus tôt, les familles s’organisent autour de la fameuse « quatorzaine » à la mer, à la montagne ou à la campagne. Le Club Med, créé en 1950, incarne cette envie de tout oublier, dans un ailleurs confortable. Le bronzage devient signe de liberté, et les cartes postales remplissent les boîtes aux lettres.
Le virage des années 2000
Avec le nouveau siècle, les citoyens en vacances deviennent plus exigeants et demandent davantage de flexibilité, de choix… Et cela dévoile aussi des disparités : certains partent plusieurs fois par an en week-end prolongé, quand d’autres n’ont pas les moyens de quitter leur domicile.
Et depuis cette décennie, une autre tendance émerge : le « slow tourisme ». Les citoyens sont friands, désormais, de séjours en van, de micro-aventures ou de voyages responsables.
Néanmoins, les voyages en avion perdurent grâce à leurs prix compétitifs. Même si les tendances écoresponsables privilégient les traversées en train ou dans la voiture familiale. Mais une chose reste : l’attachement profond des Français à leurs vacances. Car plus qu’un luxe, elles sont devenues un besoin, presque une revendication sociale. Et chaque été, elles continuent d’écrire notre histoire collective qu’on soit expatrié ou non !
Auteur/Autrice
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Paul Herikso est franco-norvégien né à Paris d'une maman française et d'un papa norvégien. Après des études de tourisme, il retrouva sa famille paternelle en Norvège où il participa au développement des croisières. Il est aussi correspondant pour lesfrancais.press
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