Vacances en France : Attention aux nouvelles arnaques en rue ou à votre porte

Les Français de l’Etranger profitent des vacances de fin d’années pour aller passer les fetes de noël et du nouvel an auprès de leurs familles, un retour aux sources. Mais la France évolue et aussi sa palette de méfaits.

Faisant preuve d’une imagination sans limite, des gangs de malfaiteurs aguerris écument le pays pour multiplier les vols par ruse. Parmi les derniers stratagèmes en plein essor, l’arnaque dite «à la carte routière» figure en bonne place. Elle vient de faire des ravages dans l’ouest du pays, en particulier en Seine-Maritime où la sûreté départementale a démantelé une redoutable équipe au terme de longs mois d’enquêtes.

«Le principe est simple, raconte un policier spécialisé. Des jeunes femmes repèrent des personnes âgées ou des étrangers dans la rue, aux abords de la gare ou de sites touristiques comme la cathédrale de Rouen. Ces dernières sont suivies jusqu’à ce qu’elles retirent de l’argent ou fassent un achat par carte bancaire dans un commerce.» Habiles et furtives, les voleuses espionnent jusqu’à voir le code secret. Quelques instants plus tard, elles abordent les «cibles», leur expliquant qu’elles sont complètement perdues avant de déplier une grande carte sous leur nez.

«Occupée et déstabilisée, la victime ne s’aperçoit pas qu’un pickpocket lui fait les poches ou fouille son sac à main pour soutirer sa carte, poursuit le policier. Sans attendre, le gang multiplie les retraits dans les distributeurs automatiques de billets aux alentours. En retirant bien sûr la somme maximale à chaque reprise.»

Après avoir multiplié les recoupements remontant à 2016 et effectué un gros travail de surveillance, notamment grâce à la vidéo, la brigade financière de la sûreté départementale de Seine-Maritime a répertorié à elle seule pas moins de 85 victimes, le plus souvent des «seniors» ayant plus de 70 ans, pour un préjudice de 98.000 euros.

Il s’agit de la partie émergée d’un fléau manifestement plus profond: en effet, les quatre jeunes Bosniaques interpellées mardi dernier dans la banlieue de Lille (Nord) ont aussi été confondues pour des «raids» menés du côté du Havre ou encore de Caen. «Titulaires chacune de huit à dix alias, elles passaient sous les écrans radars en circulant sous le couvert de faux papiers, voire de vrais passeports supportant des identités frauduleuses», précise une source proche du dossier.

«Équipes multicartes»

Se présentant souvent comme mineurs pour éviter les comparutions immédiates, des multirécidivistes sont soupçonnés d’avoir sillonné une grande partie du territoire national, leurs compagnons étant susceptibles quant à eux de se faire passer pour de faux policiers ou des plombiers fantoches pour multiplier les vols à domicile. Dans le jargon policier, on appelle cela des «équipes multicartes». Fin novembre dernier, à Montargis (Loiret), quatre faux «inspecteurs» en civil ont dérobé 325.000 euros dans le coffre-fort d’un retraité, avant de se faire interpeller par la PJ de Versailles. Les butins amassés, qui empruntent souvent des circuits difficilement traçables, sont revendus ou acheminés vers les pays de l’Est, où les donneurs d’ordre peuvent vivre retranchés.

Une campagne de prévention

Selon un dernier bilan «cadre de vie et sécurité» conduit par l’Insee en partenariat avec l’Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale (ONDRP) et le service statistique ministériel de la sécurité intérieure, pas moins de 254.000 personnes établies en France métropolitaine ont déclaré avoir été les victimes, l’année dernière, d’un chantage, d’une extorsion ou de ce que les experts nomment une «fausse romance». Soit plus de 700 par jour! En un an, cet agrégat a bondi de 20.000 faits, pour représenter à lui seul 21 % des arnaques subies.

Le phénomène des vols par ruse a pris une ampleur telle que la direction générale de la police nationale diffuse sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter et Instagram) une campagne de prévention mettant en scène, sous forme graphique, quelques modes opératoires aux effets dévastateurs. Il en va ainsi de l’escroquerie au billet de 50 euros, scénario basique qui consiste à placer une coupure, en général fausse, sous les essuie-glaces du pare-brise.

«Clé sur le contact et le moteur en marche, vous sortez de votre voiture pour le récupérer», décrit la police avant de conclure, sur la foi d’une série d’affaires: «L’escroc s’empare alors de votre véhicule et prend la fuite.» Au chapitre de l’escroquerie au rétroviseur cassé, le malfaisant s’arrête au niveau de sa victime et l’accuse de l’accident. Retors, il appelle ensuite un faux assureur qui annonce un prix exorbitant. Pour gagner la confiance de sa proie, en général paniquée, il lui propose un «arrangement à l’amiable» et l’incite à «se rendre à un distributeur pour se faire dédommager».

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