Ursula von der Leyen reconduite grâce à ses concessions tactiques et au soutien des Verts

Ursula von der Leyen reconduite grâce à ses concessions tactiques et au soutien des Verts

Ursula von der Leyen a été réélue à la tête de la Commission européenne ce jeudi (18 juillet), après avoir tendu la main aux groupes centristes et de gauche, et exclu toute collaboration avec l’extrême droite.

La présidente sortante a convaincu 401 des 707 eurodéputés présents dans l’hémicycle de Strasbourg. 284 se sont opposés à sa candidature, 15 se sont abstenus et sept bulletins ont été déclarés nuls. Ursula von der Leyen devait obtenir une majorité qualifiée, soit 50 % des voix plus un (361 voix) pour être élue.

En 2019, elle avait été élue avec une marge de neuf voix seulement, contre 41 cette fois-ci.

Ursula von der Leyen a obtenu le soutien de presque tous les eurodéputés de son alliance pro-européenne composée de son Parti populaire européen (PPE) de centre droit, du groupe Renew (libéraux) et des Socialistes et démocrates européens (S&D).

Certains mouvements de ces trois groupes ont toutefois fait défection, comme le Parti libéral-démocrate allemand (FDP), ou encore le parti français Les Républicains.

Pour compenser ces défections, Ursula von der Leyen a également cherché le soutien d’autres groupes. Elle aurait ainsi obtenu 45 voix chez les Verts, exception faite des suffrages des Verts français, confirment des sources internes à Euractiv .

Quoiqu’il en soit, ce soutien est de nature à renforcer le lien entre les Verts et l’alliance pro-UE PPE-S&D-Renew, voire de leur assurer une place au sein de celle-ci.

Certains membres des Conservateurs et Réformistes européens (CRE) d’extrême droite pourraient également avoir voté pour l’Allemande. Le co-président du groupe, l’Italien Nicola Procaccini, avait déclaré en amont des votes que le choix au sein du groupe était « libre ». In fine, la majorité des membres des CRE, y compris les quatre Français de la liste Reconquête! pour les élections européennes, ont voté contre la candidate du PPE.

Ursula von der Leyen a été reconduite à la tête de la Commission pour les cinq années à venir ce jeudi (18 juillet). [Parlement européen]

Unir un maximum de groupes politiques

Le discours de 45 minutes, prononcé par Ursula von der Leyen juste avant le vote, constituait un véritable exercice d’équilibriste, puisqu’elle devait montrer à un maximum de groupes politiques qu’elle avait tenu compte de leurs demandes pour s’assurer leur soutien.

Ursula von der Leyen a évoqué, entre autres, un plan « logement » pour les citoyens de l’UE, la réduction de la charge règlementaire pesant sur les entreprises, la prise en compte des revendications des agriculteurs, l’augmentation de la production de l’industrie de la défense, la politique climatique et l’industrie propre et un renforcement du budget de l’UE.

Son discours s’adressait principalement à la gauche et au centre de l’hémicycle, excluant les forces politiques à droite du PPE. Un pari qui risquait de déplaire au groupe CRE, avec lequel elle avait un temps envisagé de collaborer et avait discuté en amont du scrutin.

«  L’Europe ne peut pas contrôler les dictateurs et les démagogues du monde entier, mais elle peut choisir de protéger sa propre démocratie  », a-t-elle affirmé. Une allusion claire à l’extrême droite, qui occupe actuellement environ 190 des 720 sièges du Parlement européen.

Sans grande surprise, Ursula von der Leyen a souligné que l’UE redoublerait d’efforts pour gérer les flux migratoires irréguliers vers l’Europe et protéger ses frontières, en nommant un commissaire chargé de la Méditerranée et en triplant le nombre des garde-frontières et des garde-côtes de l’agence Frontex, répondant ainsi aux demandes du PPE et des CRE.

Malgré cela, toutes les factions politiques à la droite du PPE, c’est-à-dire les CRE, les Patriotes pour l’Europe et l’Europe des nations souveraines, ont publiquement critiqué son programme, affirmant qu’elle les censurait puisqu’elle ne les a pas tous rencontrés en amont du vote, et l’ont également accusée de corruption.

Pire encore, cette décision sur la politique migratoire a suscité l’ire de certains eurodéputés écologistes, comme Saskia Bricmont, qui a écrit sur X : «  Pas de grandes surprises [lors du discours d’Ursula von der Leyen] : quelques engagements sur le climat, mais à côté de cela, rien pour une politique migratoire plus solidaire et respectueuse des droits fondamentaux  ».

D’autres eurodéputés écologistes français ont décidé de s’opposer à la reconduction de l’Allemande après que cette dernière a déclaré qu’elle souhaitait édulcorer le règlement sur l’enregistrement, l’évaluation, l’autorisation et la restriction des substances chimiques  (REACH).

Pour les Verts, Ursula von der Leyen n’est clairement pas une candidate écologiste. Mais Terry Reintke, co-présidente du groupe, a indiqué qu’elle voterait tout de même pour elle en raison de la menace de l’extrême droite.

La candidate du PPE a courtisé les Verts en adoptant une rhétorique acceptable pour ces derniers sur les questions climatiques et des engagements là où c’était nécessaire, même si les négociations sur les législations environnementales risquent de les décevoir compte tenu de la poussée de la droite contre ces dernières, qui a déjà pu être observée à la fin de la dernière législature. Les Verts essaieront probablement de s’engager étroitement sur les actions de suivi des politiques déjà adoptées, afin d’éviter toute déception.

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