Depuis la première révolution industrielle, l’économie mondiale avait été confrontée à des chocs de nature diverse, spéculation immobilière, bulle financière, crise agricole, crise énergétique, etc. La diffusion du coronavirus à l’échelle planétaire suivie en direct par les médias traditionnels et numérique constitue une première entraînant une chute brutale du cours des actions.
La contraction des indices « actions » enregistrée cette semaine est la plus forte enregistrée depuis la crise financière de 2008.
Même si pour le moment, le terme de krach n’est pas encore d’actualité car pour être qualifiée en tant que tel, la baisse des cours doit être brutale et avoisiner les 20 %. En cinq jours, l’indice japonais a perdu près de 10%, le CAC40 français, plus de 12% tout comme le Nasdaq américain. La contraction des indices « actions » enregistrée cette semaine est la plus forte enregistrée depuis la crise financière de 2008. La correction en cours intervient après plusieurs mois de fortes hausses qui rendent la correction d’autant plus violente Juste avant l’annonce par les autorités chinoises d’un problème sanitaire à Wuhan, il y a deux mois, nul n’avait imaginé un tel scénario même si nombreux étaient ceux qu’un ajustement était probable.
La peur générée par cette épidémie a été le catalyseur de la baisse de ces derniers jours. Le monde occidental vit tout à la fois sa première grande épidémie depuis la grippe espagnole et la première épidémie suivie en temps réel par les médias et les réseaux sociaux. Les pouvoirs publics sont amenés à communiquer quotidiennement pour éviter l’amplification de la panique et la circulation de fausses informations. La forte défiance des opinions ne facilite pas leur tâche en la matière d’autant plus que la situation est très évolutive.
Depuis 2004, la France est dotée de plans de réactions en cas d’épidémies de grande ampleur. La priorité a été pour le moment de mettre en alerte le système de santé afin qu’il puisse répondre à une demande de soins en augmentation rapide. Les demandes de confinement demeurent très ciblées et ne concernent que les personnes qui ont été potentiellement en contact avec le virus.
Baisse de la production et ruptures de stock
La crise sanitaire touche l’ensemble des composantes de l’économie. Le premier effet de l’épidémie a été de réduire les capacités de production de la première puissance industrielle et du premier exportateur mondial qu’est devenue la Chine.
Plusieurs autres pays asiatiques comme la Corée du Sud sont concernés. Du fait de l’éclatement des chaînes de production, les entreprises, à l’échelle mondiale, sont éventuellement confrontées à des risques de rupture de stock.
La diffusion du virus en Italie du Nord, cœur industriel de ce pays, a créé une onde de choc..En quelques jours, la crise sanitaire est apparue mondiale pour les investisseurs et les actionnaires.
Pétrole et taux à la baisse
La crainte d’une récession mondiale a provoqué une forte baisse du cours du pétrole qui est passé en-dessous des 50 dollars le baril vendredi 28 février. Sur un an, il a perdu un quart de sa valeur. Le taux de l’obligation de l’Etat allemand à 10 ans est tombé à -0,609 % et celui de l’obligation de l’Etat américain à 1,160 % vendredi 28 février. Les investisseurs s’attendent à des annonces de la part des banques centrales pour soutenir l’activité économique. Les Etats-Unis disposant de marges de manœuvre supérieures en la matière, leurs taux baissent plus fortement qu’en Europe.
Ces marges plus élevées outre-Atlantique expliquent pourquoi le dollar se déprécie par rapport à l’euro, le marché anticipant des décisions accommodantes de la banque centrale américaine.
Le secteur du tourisme en première ligne
L’épidémie a un effet tangible sur l’activité touristique. Les prévisions aériennes pour les trois prochains mois tablent sur une baisse de 60% de la fréquentation chinoise en France. Air France chiffre le manque à gagner à plus de 200 millions d’euros.
En moyenne, sur 90 millions de touristes étrangers, 2,7 millions de Chinois visitent la France chaque année. Plus l’épidémie se répandra, plus l’impact sur le transport aérien et le secteur touristique sera important. La France, l’Italie, l’Espagne, les États-Unis en tant que premiers pays d’accueil pour les touristes sont tout à la fois susceptibles d’être ainsi touchés par la contamination et d’être impactés au niveau du tourisme. L’hôtellerie, la restauration mais aussi toutes les activités de loisirs (spectacles, musées, parc de loisirs) entraînant une concentration de personnes sont potentiellement concernées.
Une baisse de l’investissement ?
Les investisseurs sont incités à retarder leurs investissements du fait des incertitudes économiques générées par l’épidémie. Des projets devant être engagés en Chine ont été retardés du fait du cantonnement de la population.
Ralentissement des échanges
En raison des réductions de production constatées en Chine, les exportations se tarissent. Par voie de conséquence, les importations font de même. Cette situation entraîne une baisse des cours du pétrole et des matières premières, réduisant d’autant les ressources des pays producteurs.
Baisse de la demande des ménages
Les mesures prises pour ralentir la diffusion du virus entraînent, à travers le confinement des villes touchées, une baisse de la consommation. L’Europe étant le premier centre de consommation mondiale, avec plus de 500 millions d’habitants, la diffusion du COVID-19 peut avoir des effets importants sur la consommation en raison de la limitation des échanges. Le caractère anxiogène de l’épidémie peut conduire à des reports d’achats. Avec la réduction du nombre de touristes, le secteur du luxe est en première ligne.
Quel effet sur la croissance ?
La dangerosité de la maladie, les modalités de contagion, la capacité des pouvoirs publics à la juguler, sont autant d’interrogations qui génèrent l’inquiétude des investisseurs. L’indice de contagiosité est estimé entre 1,5 et 3,5 contre 2,2 pour la grippe espagnole de 1919. Pour le rhume, le taux est de 2 et celui de la grippe saisonnière de 1. Des chiffres très éloignés de la varicelle (8,5), de la rougeole (9) ou du choléra (9,5). Le taux de létalité est de 2,3% pour le COVID-19 contre 0,1% pour la grippe saisonnière. Il est en revanche plus faible que celui constaté lors de l’épidémie de SRAS (9,6%). Mais cette dernière n’avait touché que 8 000 personnes lorsqu’elle s’était propagée en 2003. Le taux de létalité augmente à partir de 50 ans pour atteindre son plus haut niveau au-delà de 70 ans. Le taux de mortalité est de 15% au-delà de 80 ans. À l’inverse, pour les personnes âgées de moins de 39 ans, ce taux serait de 0,2% selon une étude chinoise. De manière pour le moment peu expliqué, le taux de contamination et de létalité est très faible chez les enfants.
Evolution en U ou scenario en L ?
Le scénario le plus rationnel est une évolution en « U » de l’économie avec une chute d’activité suivie d’une période étale plus ou moins longue débouchant sur un rebond assez fort pour compenser les retards pris durant l’épidémie.
Ce scénario repose sur l’atteinte d’un pic épidémique intervenant d’ici quelques semaines et sur une coordination à l’échelle internationale des moyens sanitaires voire des réponses économiques nécessaires pour empêcher une récession. L’autre scénario dit en « L » se matérialiserait par une entrée en récession relativement longue le temps de vaincre l’épidémie.
Pour le moment, le Ministère de l’Économie estime que le virus COVID-19 ne provoquera qu’un manque de croissance de l’ordre de 0,1% en France. Au niveau mondial, le PIB devrait être amputé de 0,2% en 2020. Si l’épidémie se muait en pandémie et si le mouvement de panique prenait racine, le risque de récession mondiale ne serait pas à écarter.
La multiplication des mesures protectionnistes, la fermeture des frontières aurait évidemment un fort effet sur la croissance.
Les autorités mondiales s’inquiètent des conséquences de l’épidémie sur des pays ne disposant pas de système de santé performant (particulièrement en Afrique).
Pour l’ensemble de 2020, la Banque de France prévoit une croissance de 1,1%, selon ses prévisions dévoilées en décembre dernier, soit le rythme le plus bas depuis 2016, lorsqu’elle avait atteint 1%. Le Gouvernement table pour sa part sur une progression du PIB de 1,3%.
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