Actuellement, les avions de ligne volent sur leur altitude de croisière entre 450 et 500 noeuds, soit entre 830 et 930 km/h. La vitesse du son est quant à elle de 666 noeuds. Pour aller plus vite, les avions sont aujourd’hui tributaires du vent, ce pourquoi certains vols transatlantiques mettront 6h et d’autres 7h, entre Paris et New York par exemple. Une équation que connaisse bien les expatriés outre-atlantique. Mais voilà qu’une solution plus rapide se profile à l’horizon. La société Boom supersonic qui développe un « nouveau Concorde », »l’Overture », promet un trajet Paris – New-York en 4h comme feu l’avion franco-britannique.
Défis technologiques
Alors que le Concorde a été mis en service il y a près de 50 ans, la technologie liée à la vitesse supersonique est toujours un défi pour les ingénieurs, surtout que depuis 1976 les normes des autorités comme les exigences des clients ont évolué.
Ainsi comme pour le projet franco-britannique, les difficultés lors de la conception d’« Overture » sont nombreuses alors que les plans de Boom Supersonic sont moins ambitieux. L’entreprise présente en effet un nouveau fuselage, plus aérodynamique selon ses termes, mais également moins long, ce qui permet de considérablement réduire le poids. Avec quatre moteurs, ce petit avion devrait être capable de propulser une soixantaine de personnes au-dessus de l’Océan Atlantique et rejoindre la côte est américaine en moins de 4 heures.
Si les rendus 3D de l’entreprise sont séduisants, la marque n’a encore jamais fait voler aucun de ses modèles et un premier « avion de fer » devrait être construit au cours de l’année pour tester les commandes de bord et les différents instruments de vol.
Un test inaugural devrait lui avoir lieu cette année avec la maquette XB-1, un prototype proche d’Overture, mais qui présente quelques différences notables avec la version finale de l’avion.
Un succès commercial ?
Alors que British Airways et Air France, deux compagnies détenues à 100% par leur Etat respectif dans les années 70, avaient dû, sous la pression politique, commander des Concorde à Airbus, de l’autre côté de l’Atlantique, c’est l’initiative privée qui prévaut. Ainsi, les acteurs aériens ont déjà passé commande et payé pour ces avions toujours à l’état de prototypes (56 versions ont été imaginées). Avec ce cash-flow, le constructeur est désormais financé pour finir le développement de son « Overture », cependant le risque est que celui-ci échoue à finaliser son projet.
Et pourtant American Airlines a rejoint, jeudi 18 août 2022, United Airlines dans le carnet de commandes de Boom Supersonic (Japan Airlines a aussi déposé une option pour 20 appareils). Pour pouvoir prétendre à de premiers vols commerciaux avant la fin de la décennie, American Airlines a avancé les fonds pour l’achat de 20 appareils – 5 de plus que son concurrent. Tous sont censés pouvoir atteindre Mach 1.7, soit près de deux fois la vitesse du son.
En plus des compagnies aériennes mentionnées, Boom revendique déjà plus de 130 commandes pour un total de 26 milliards de dollars empochés. De quoi avoir les fonds nécessaires pour développer l’appareil avant sa commercialisation.
L’impact écologique
Alors que les mesures pour limiter l’utilisation de l’avion afin de préserver autant que possible notre écosystème se préparent, le vol supersonique semble détonner dans ce nouvel environnement administratif.
Mais Boom Supersonic promet que son avion devrait être alimenté à 100% par du carburant d’aviation durable (« sustainable aviation fuel » ou SAF), élaboré à partir de biomasse, huiles usagées voire, à l’avenir, de CO2 capturé et d’hydrogène vert. Ainsi avec ce carburant, le « nouveau Concorde » devrait réduire de 80% les émissions de CO2 par rapport au kérosène. Avant de pouvoir transporter des passagers, l’Overture devra obtenir le feu vert des autorités de régulation, notamment l’autorisation de voler à environ 18 kilomètres d’altitude, alors que la limite est actuellement fixée à un peu moins de 13 km pour un avion de ligne à réaction.
Pour quels clients ?
Aussi étonnant que certains peuvent le penser, l »intérêt pour un avion supersonique reste réel, concèdait Michel Merluzeau au Figaro en 2021. «C’est un outil de productivité pour une clientèle haut de gamme comme les hommes d’affaires», qui peuvent avoir des réunions à New York et Londres dans la même journée, remarque l’expert. Ce genre d’appareils peut aussi intéresser les gouvernements, pour transporter rapidement des chefs d’État ou des unités spécialisées de l’Armée, note-t-il enfin. Sera-t-il le nouveau meilleur ami des expatriés en Amérique du Nord ? Rien n’est moins sûr, les tarifs s’annonçant prohibitifs.
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