Ce mercredi 4 janvier 2023 au Royaume-Uni, la hausse des prix des denrées alimentaires a atteint un taux record, alors que les patrons du secteur de la vente au détail ont averti qu’une inflation élevée se poursuivrait en 2023, en parallèle à l’augmentation des factures énergétiques. Les conditions d’un « Grand départ » sont-elles réunies pour nos compatriotes installés outre-manche ?
Les premiers départs ?
Quelques expatriés commencent, déjà, à quitter le pays de Shakespeare et à retourner en France pour échapper à l’inflation galopante et à la crise du système de santé, le NHS.
13% d’inflation sur les produits alimentaires
L’inflation annuelle sur les produits alimentaires a grimpé à 13,3% en décembre, contre 12,4% en novembre, selon le dernier rapport mensuel de l’organisme commercial British Retail Consortium (BRC) et de la société de données Nielsen. Le BRC a déclaré qu’il s’agissait du taux mensuel le plus élevé depuis qu’il a commencé à collecter des données en 2005.
Cela veut dire qu’une boisson qui coûtait £1 l’année dernière coûtera £1.13. Le prix des produits frais a augmenté de 15% pendant les 12 dernières mois. Le prix des pâtes a augmenté de 34% depuis l’année dernière. L’inflation de la nourriture est même plus élevée que l’inflation générale qui est à 10,7%.
Factures d’énergie en hausse !
Un plafond gouvernemental moins généreux qu’en France n’a pas permis de limiter la hausse du coût des énergies. Ainsi la facture de gaz et d’électricité des ménages britanniques typiques augmentera de £2,500 par an à £3,000 par an en avril.
Mais l’hiver doux en Europe et les niveaux élevés de stockage de gaz ont entraîné une chute des prix de gros auxquels sont soumis les fournisseurs.
Ainsi, une facture annuelle typique pourrait tomber à £2,800 en été, selon les analystes.
L’inflation est-elle plus élevée en France ou au Royaume-Uni ?
Certains Français sur des pages Facebook estiment que l’inflation est pareille dans les deux pays. À l’image d’Anne.
“En France c’est pareil. Le taux d’inflation de l’alimentation est bien supérieur au taux global. Il est de 15%, versus un taux global de 11 % (œufs et beurre autour de 20% par exemple). Le problème est plutôt le taux d’inflation de l‘énergie qui est plus élevé qu’en France en raison de l’absence de bouclier tarifaire (mais l’énergie va augmenter encore en France à partir de janvier-février).”
Anne, Française de Londres
Inflation contrôlée en France
L’inflation en France est tombée de manière inattendue bien en-dessous de 7% en décembre par rapport à un niveau record un mois plus tôt, les données ont montré mercredi que le ralentissement de la hausse des prix de l’énergie aide l’Union européenne à surmonter le pire de la crise de l’inflation.
Le taux d’inflation en France s’est ainsi limité à 6,7% en décembre, selon les données préliminaires harmonisées de l’INSEE. C’est une baisse notable par rapport aux 7,1% en novembre.
Ce chiffre est possible puisque les hausses des prix de l’énergie ont été les plus faibles depuis septembre 2021, augmentant de 15,1 % contre 18,4 % en novembre, les prix de gros du gaz ayant chuté dans toute l’Europe ces dernières semaines dans un contexte de températures records.
Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a déclaré sur la radio France Inter que l’inflation connaîtrait une tendance à la baisse au cours de 2023. Il avait précédemment envisagé que l’inflation resterait élevée jusqu’au milieu de l’année avant de retomber.
Au Royaume-Uni : réduire de moitié l’inflation
De l’autre côté de la Manche, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, s’est engagé à s’attaquer aux nombreuses crises qui sévissent au Royaume-Uni, alors qu’il cherche à inverser la popularité décroissante de son parti conservateur et ainsi à se maintenir au pouvoir.
Il a énuméré “cinq promesses” mercredi :
- réduire de moitié l’inflation,
- développer l’économie,
- réduire la dette,
- réduire les listes d’attente au système de santé,
- arrêter les petits bateaux qui transportent les migrants et les réfugiés à traverser la Manche depuis la France.
Le Parti conservateur, au pouvoir depuis 12 ans, décroche face au Parti travailliste, actuellement dans l’opposition, dans les sondages. Et ce alors que les prochaines élections générales devraient avoir lieu d’ici la fin de 2024.
Grèves à répétition, crise du coût de la vie, inflation galopante
Sunak est devenu Premier ministre en octobre après le bref passage de Liz Truss au 10 Downing Street.
Truss, qui l’avait battu lors de la course à la direction des conservateurs en septembre 2022, a été chassée du pouvoir après que ses plans de réduction d’impôts, non financés, ont déclenché un chaos économique.
Depuis que Rishi Sunak a pris le relais, l’économie britannique s’est quelque peu stabilisée, mais l’homme de 42 ans est toujours confronté à une crise du coût de la vie et à des troubles grandissants alors que des travailleurs clés du secteur public, infirmières et ambulanciers, organisent des grèves perturbatrices pour exiger des augmentations afin de suivre le rythme de la flambée des prix.
L’inflation au Royaume-Uni s’élevait à 10,7% en novembre, en légère baisse par rapport à octobre, mais toujours à son plus haut niveau en quatre décennies. Les coûts de l’énergie et de la nourriture ont grimpé en flèche, en grande partie à cause de la guerre de la Russie contre l’Ukraine combinée aux effets du Brexit, entraînant une chute du niveau de vie pour des millions de Britanniques.
NHS
Au cours des dernières semaines, le gouvernement de Sunak a également subi une pression croissante pour remédier aux défaillances du système de santé publique. En effet, les principaux titres de presse se concentrent sur le manque de lits d’hôpitaux et les temps d’attente records nécessaires pour voir un médecin ou obtenir une ambulance. À Liverpool aux urgences il y a des patients qui se couchent à même le sol par manque de lits !
Les chefs de la santé affirment que les problèmes sont de longue date et résultent d’un sous-financement chronique du gouvernement.
Sur Facebook, ça fait réagir. Joe Wells a commenté:
“J’imagine que la dégradation constante des services publics (notamment le NHS mais pas que) va causer plus de retours en France dans les années à venir.”
Joe Wells, Franco-Britannique
Et Magali Feraud a répondu :
“Je suis en cours de déménagement pour ces raisons.”
Française installée à Londres
Rishi Sunak s’est engagé à réduire les listes d’attente du NHS. Plus de 7 millions de personnes attendent actuellement des soins en Angleterre, soit un huitième de la population.
Rester ou non ?
La vraie question : est-ce que ces promesses vont-elles suffire à convaincre les Français, comme les autres nationalités, de rester au Royaume-Uni ? Un départ massif des expatriés aurait des conséquences désastreuses sur l’économie britannique alors que certains secteurs sont déjà en manque de main d’oeuvre comme l’agriculture ou les transports.
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