L’ancien doyen de la faculté de droit de Tunis, Sadok Belaïd, qui a présidé la commission chargée de rédiger la nouvelle Constitution tunisienne, a désavoué, dimanche, le projet de Constitution publié par le président Kais Saïed dans le Journal officiel (JORT).
C’est ce qui ressort d’une lettre de Belaïd publiée dans le journal Assabah (indépendant), dimanche, jointe à la version originale du projet de Constitution, préparée par la commission et remise au président de la République.
Risque de régime dictatorial
Belaid a estimé que « le projet de Constitution de Saïed comporte de graves risques qui pourraient frayer la voie à un régime dictatorial ».
« Il est de notre devoir d’annoncer avec toute la force et la sincérité que le texte qui a été publié et soumis à un référendum n’est pas lié au texte que nous avons préparé et soumis au président. La commission se démarque totalement du projet proposé par le président », a-t-il expliqué.
Et d’ajouter : « Le texte émis par la Présidence de la République porte atteinte à l’identité de la Tunisie et ouvre la voie à une dictature en attribuant tout le pouvoir au président de la République. D’autant plus qu’il comporte un retour suspect à article 80 de la Constitution de 2014, à propos du « péril imminent » à travers lequel le président se garantit des prérogatives élargies, dans des conditions qu’il définit seul, ce qui constitue un prélude à un régime dictatorial. »
A noter qu’aucun commentaire officiel n’a été émis pour l’heure de la Présidence concernant la déclaration de Belaïd.