Trop de Français étudiants en Belgique et en Suisse ?

Trop de Français étudiants en Belgique et en Suisse ?

60 000 Français étudient à l’étranger. La grande majorité se retrouve dans les pays francophones comme le Canada, mais surtout la Belgique et la Suisse. Dans ces deux derniers pays, le nombre d’inscrits fait grincer des dents. Pourtant, les deux Etats sont membres du réseau Erasmus et doivent, donc, comme le font les universités françaises, accueillir nos jeunes sans restriction. Pourtant, on le verra, les institutions multiplient les astuces pour limiter le nombre d’inscriptions françaises. 

Un sur cinq en Wallonie

La Fédération Wallonie-Bruxelles en Belgique accueille cette année 40 000 étudiants étrangers, soit 20% des effectifs de ses universités. Parmi eux, la moitié vient de France, d’après l’Académie de Recherche et d’Enseignement Supérieur belge, l’ARES. Une tendance à la hausse.

Dans les colonnes du journal Le Monde, Arnaud Destrebecqz, doyen de la faculté de psychologie à l’Université Libre de Belgique, indique que « le nombre de dossiers d’inscription déposés par des Français a été multiplié par six en l’espace de quelques années ».

Un phénomène concomitant avec la réforme des conditions d’entrée dans les universités françaises, et la création de Parcoursup en janvier 2018. Une « roulette russe », selon de nombreuses familles. 

Français étudiants
@Stockadobe - amphithéatre en Belgique

Infirmier, Médecine, kinésithérapie, psychologie ou orthophonie

De nombreuses filières en Belgique, médicales et paramédicales voient, elles aussi, une explosion des étudiants étrangers sur leurs bancs. Des quotas ont été mis en place ; 30% d’étudiants ne résidant pas en Belgique depuis plus de 3 ans sont admis, sur la totalité de la promotion.

Pour les recalés à ces filières soumises aux quotas, reste le tirage au sort. 1 152 étrangers pourront ainsi rejoindre les bancs des universités de la fédération Wallonie-Bruxelles en 2022. Au-delà des amphithéâtres de plus en plus remplis outre-Quiévrain, s’ajoute le problème du financement de la scolarité de ces étudiants.

En Belgique francophone, un système budgétaire dit « à enveloppe fermée » est en vigueur. Autrement dit, les moyens alloués n’augmentent pas proportionnellement au nombre d’étudiants. Ainsi, les Belges accusent les Français de détourner les fonds prévus pour leurs jeunes à leur profit. Oubliant que la France prend en charge une dizaine de milliers d’étudiants belges chaque année. 

L’école Polytechnique fédérale de Lausanne, victime de son succès ?

C’est en tout cas ce que craint l’École Polytechnique fédérale de Lausanne. En douze ans, son effectif étudiant « a plus que doublé », passant de 5 283 inscrits en bachelor et master en 2010, à 10 894 en 2023. « Cette situation est devenue aujourd’hui problématique pour pouvoir continuer à assurer la qualité des études », prévient ainsi l’EPFL, dans un communiqué du 22 janvier dernier. Pour tenter de remédier à cette situation, l’établissement ouvre jusqu’au 18 mars « une consultation pour réviser le processus d’admission ». Le nombre d’étudiants en première année de bachelor pourrait ainsi se voir limiter à 3 000 dès 2025, « durant une période de quatre ans, renouvelable si nécessaire ».

Les étudiants étrangers sont les principaux concernés par une limitation des effectifs. Depuis 2010, le nombre d’étudiantes et d’étudiants à l’EPFL au bénéfice d’une maturité suisse a augmenté de 28 %, alors que le nombre au bénéfice d’un diplôme d’un pays étranger a augmenté de 233 %. Parmi ceux-ci, plus de 90 % des effectifs viennent de France.

Une réduction des admissions de 20 %

Les diplômés de nationalité suisse « seraient admis sans restriction, ainsi que l’exige la loi », de même que les redoublants. « Puis, les places restantes pour atteindre le seuil fixé seraient attribuées aux candidatures avec diplôme de l’étranger, classées par ordre décroissant de leurs notes de fin d’études secondaires », précise l’école. « La réduction prévue des personnes finalement admises serait de l’ordre de 20 % ». Cette mesure de limitation serait réévaluée en fonction de l’évolution des effectifs tous les quatre ans. 

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