360 000 résidents dans des zones frontalières françaises (à 25 kilomètres d’une frontière) travaillent dans l’un des huit pays limitrophes (Belgique, Luxembourg, Allemagne, Suisse, Italie, Monaco, Espagne et Andorre). Les habitants des pays voisins sont bien moins nombreux à venir travailler en France (environ 10 000).
L’intensité du travail frontalier dépend de la situation du marché du travail dans les pays limitrophes et du niveau des salaires. Les reliefs et le facteur linguistique pèsent également sur le nombre de frontaliers.
La Suisse est la première destination des travailleurs frontaliersen captant près de la moitié des actifs en emploi sortants (179 200 personnes en 2015). Elle est suivie du Luxembourg qui en accueille un sur cinq, puis de l’Allemagne (un sur huit) et la Belgique (un sur dix). Les pays du Sud, en raison d’un taux de chômage plus élevé ou de l’existence de barrières montagneuses, attirent moins de travailleurs en provenance de France, à l’exception de Monaco. La Principauté capte 7 % des actifs en emploi sortants, soit 25 900 personnes. Le nombre de travailleurs frontaliers vers l’Espagne, l’Italie et Andorre est très faible.
En Suisse, au Luxembourg et en Belgique, le nombre de navetteurs progresse plus vite que le nombre d’emplois entre 2010 et 2015, signifiant un poids croissant des Français au sein de la population activede ces pays. La situation est inverse en Espagne. En Allemagne, le nombre d’emplois augmente plus vite que le nombre de travailleurs frontaliers français. L’Allemagne est concurrencée par la Suisse et le Luxembourg qui offrent de meilleures rémunérations et posent moins de problèmes linguistiques.
En Allemagne et en Belgique, les navetteurs français travaillent plus fréquemment dans l’industrie que dans les autres pays, tandis que le secteur tertiaire domine partout ailleurs, notamment au Luxembourg et à Monaco. En Allemagne, les travailleurs frontaliers venant de France sont nettement plus âgés : 21 % ont 55 ans ou plus, contre 11 % en moyenne pour les frontaliers tous pays de travail confondus.
Les travailleurs frontaliers en Belgique et au Luxembourg sont au contraire les plus jeunes. Une partie des navetteurs est constituée de nationaux de ces pays installés en France. Ils choisissent notre pays pour bénéficier de conditions de logement moins onéreuses et d’équipements collectifs plus développés. C’est particulièrement le cas des ressortissants espagnols, qui représentent deux tiers des navetteurs vers l’Espagne. Les Allemands et les Belges sont aussi relativement nombreux dans ce cas (respectivement 25 % et 16 % des navetteurs).
Les Suisses choisissent plus rarement de vivre en France tout en travaillant dans leur pays d’origine (7 %). Les Luxembourgeois et les Monégasques sont extrêmement rares dans cette situation (à peine 1 %). À Monaco, au Luxembourg et en Suisse, la proportion de résidents français dans l’emploi total est la plus élevée. Dans la Principauté, la grande majorité des emplois sont occupés par des résidents français, 19% dans le Grand-Duché et 7% en Suisse (jusqu’à 28% à Genève).
La Suisse et le Luxembourg attirent aussi de nombreux travailleurs venus de Belgique et d’Allemagne. Au Luxembourg notamment, tous les secteurs sont fortement concernés, à commencer par l’industrie où les frontaliers venant de France occupent 30% des emplois. En Suisse, les emplois industriels comptent également une part importante de travailleurs frontaliers (12%). En Allemagne, les poches de concentration du travail frontalier se situent au niveau de la Sarre (5% d’actifs en provenance de France dans l’emploi à Sarrebruck et 4% à Sarrelouis), ainsi qu’à l’Est du Rhin (5% à Rastatt et 4% à Baden-Baden).
Les zones frontalières sont censées connaître une expansion plus rapide que dans le reste de la France en raison des rémunérations plus élevées dont bénéficient les résidents et d’un fort taux d’emploi. Un pouvoir d’achat élevé favorise la création d’emplois dits présentielspour couvrir les besoins de la population. Cette situation est constatée dans les zones proches de Genève (Genevois français, Annecy, Chambéry, Le Chablais) et à Saint-Louis près de Bâle.
Les zones d’emploi proches du littoral espagnol (Bayonne, Perpignan) et celles des grandes agglomérations de Lille et Strasbourg bénéficient aussi d’une dynamique emploi-population positive, mais qui n’est pas nécessairement liée à leur position frontalière. Dans l’ensemble de ces zones, l’emploi présentielaugmente entre 2010 et 2015.
L’effet des travailleurs frontaliers est moindre pour les territoires limitrophes du Luxembourg et de la Belgique (hors Lille). Les retombées économiques du travail frontalier ne sont pas nettes pour les Ardennes, la Moselle ainsi que pour les zones montagneuses du Jura, des Alpes et des Pyrénées.
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