La France a connu une bonne saison estivale. De mai à août, selon l’INSEE, les hébergements collectifs de tourisme ont enregistré 249,4 millions de nuitées. La fréquentation a dépassé de 0,2 % le niveau de 2022 et de 3,3 % celui de 2019, dernière saison avant la crise sanitaire. Les premières remontées en provenance des banques en ce qui concerne le chiffre d’affaires des professionnels du tourisme sont bons. Une bonne saison pour les campings. La fréquentation estivale dans les campings (118,9 millions de nuitées en 2023) est plus élevée que dans les hôtels (89,0 millions de nuitées). En 2023, elle augmente de 3,0 % par rapport à la saison estivale 2022 alors que la fréquentation hôtelière diminue (- 1,6 %), creusant l’écart entre les deux modes d’hébergements. Les hôtels sont de plus en plus concurrencés par les locations saisonnières. Le nombre de nuitées dans les autres hébergements collectifs de tourisme (AHCT) qui rassemblent notamment les centres de vacances, a diminué de 3,4 % et représente à peine une nuitée sur six en hébergement collectif de tourisme.
Le grand retour des Britanniques
En 2023, la France a bénéficié du retour de la clientèle étrangère. Le nombre de nuitées des non-résidents a progressé de 6,8 % par rapport à la saison précédente. La clientèle résidente représente néanmoins plus des deux tiers des nuitées dans les hébergements collectifs de tourisme entre mai et août. En baisse de 2,4 % par rapport à 2022, en raison du nombre plus importants de Français à avoir fait le choix de passer leurs vacances à l’étranger, les touristes français sont malgré tout plus nombreux qu’avant la crise sanitaire dans les hébergements collectifs de tourisme de France. Cet été, les Britanniques sont revenus nombreux en France. Leurs nuitées ont progressé de près de 27 % par rapport à 2022. À elle seule, la hausse de la fréquentation britannique représente plus de la moitié des 1,7 million de nuitées hôtelières non-résidentes supplémentaires de la saison estivale 2023. La clientèle britannique devient ainsi la clientèle non-résidente la plus présente dans les hôtels avec 4,9 millions de nuitées pour la saison estivale, dépassant celle des États-Unis, quasi stable sur un an (4,1 millions de nuitées, +0,5 %).
La fréquentation allemande n’a progressé que de 0,5 % en 2023. Les autres clientèles européennes sont en revanche en baisse. La fréquentation en provenance des Pays-Bas chute ainsi de 12,6 %.
La clientèle extra-européenne, notamment asiatique, commence à revenir dans les hôtels français sans pour autant retrouver le niveau de fréquentation d’avant la crise sanitaire.
Le Port de Saint-Tropez.
Plutôt mer ou montagne ?
La fréquentation estivale représente 101,7 millions de nuitées sur le littoral français tous hébergements confondus, sensiblement au même niveau que pendant l’été 2022. La fréquentation non-résidente augmente de 7,1 %, soit 1,7 million de nuitées supplémentaires permettant de compenser la baisse de la fréquentation résidente (- 1,9 %). La clientèle domestique reste cependant largement majoritaire sur cet espace touristique où elle représente près de trois nuitées sur quatre. La fréquentation des massifs de montagne (43,1 millions de nuitées) est quasi-stable par rapport à l’été 2022, le dynamisme des campings permettant de compenser les baisses de fréquentations dans les hôtels. Comme sur le littoral, la fréquentation de la clientèle non-résidente augmente (+7,8 %), notamment dans les hôtels (+14,2 %) et les campings (+6,3 %).
La hausse de la fréquentation durant la saison estivale bénéficie surtout aux zones rurales qui gagnent plus d’un million de nuitées, soit une hausse de +1,0 % par rapport à la saison 2022 grâce à la bonne fréquentation des campings (+3,1 %). La fréquentation estivale diminue légèrement dans l’urbain dense (-0,4 %) en 2023, en raison en particulier de la baisse de la fréquentation hôtelière (-0,5 %).
Des chiffres d’affaires en hausse
Sous l’effet combiné de la hausse du nombre de nuitées dans les hôtels et les campings et de la hausse des prix dans ce secteur (+4,5 %), le chiffre d’affaires de l’hébergement augmente de 10,1 % durant les mois d’avril à juillet 2023 par rapport à la même période en 2022. La croissance du chiffre d’affaires est tirée par l’hôtellerie haut de gamme vers laquelle la fréquentation hôtelière continue de se réorienter. L’augmentation du nombre de nuitées dans les hôtels de 4 ou 5 étoiles est de 1,7 % durant l’été 2023 par rapport à l’été 2022, quand la fréquentation diminue dans le reste de l’hôtellerie. L’activité augmente tout comme dans le transport aérien de passagers.
En 2023, la France a bénéficié du retour de la clientèle étrangère.
L’Union européenne, terre de tourisme
Sur le plan mondial, l’Union européenne (UE) représente 5,6 % de la population et 3,0 % de la superficie totale, et accueille 45,8 % de toutes les arrivées touristiques internationales.
Les 10 principaux pays de destination dans le monde comprennent six membres de l’Union (France, Espagne, Italie, Allemagne, Grèce et Autriche). Dans trois pays de l’Union, les touristes internationaux (en provenance de l’UE et de pays extra-UE) représentent plus de 90 % des nuitées touristiques passées : Malte (92 %), Croatie et Chypre (91 % chacune). Pour le Luxembourg et la Grèce, les taux respectifs sont de 86 % et 84 % des nuitées touristiques. En Autriche, en Slovénie, au Portugal et en Espagne, ce taux se situe entre 60 et 70 %. Les voyageurs nationaux de l’UE (voyageant dans leur propre pays de résidence) représentent 57 % de toutes les nuits passées dans les hébergements touristiques de l’UE en 2022.
En termes absolus, le plus grand nombre de nuitées touristiques internationales a été enregistré en Espagne (270 millions de nuits) et en Italie (201 millions de nuits), représentant ensemble 40 % de toutes les nuitées touristiques internationales passées dans des établissements d’hébergement. La France arrive en troisième position.
Si une forte attractivité pour les touristes étrangers stimule l’économie d’un pays et contribue à une meilleure compréhension mutuelle de ses habitants et de sa culture, une forte dépendance étrangère peut également rendre une destination plus vulnérable en cas de choc extérieur, comme des catastrophes naturelles ou des pandémies affectant le pays.
Auteur/Autrice
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Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.
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