Les institutions financières européennes, et en premier lieu la Banque européenne d’investissement (BEI), doivent venir « en soutien aux politiques de l’Union » et financer le nucléaire, a expliqué le commissaire chargé du Marché intérieur Thierry Breton mercredi (6 septembre).
« Bien sûr que le nucléaire est en marche [en Europe], bien sûr qu’il doit être financé et bien sûr que je pense que la BEI doit le faire », a-t-il lancé, ajoutant que « la politique de la BEI est d’accompagner le Green Deal », outil phare de la décarbonation de l’économie européenne.
Le nucléaire est au cœur de tous les débats européens : objectifs de baisse des émissions de gaz à effet de serre, réforme du marché européen de l’électricité, taxonomie verte de l’UE, mais aussi développement d’une industrie décarbonée en Europe.
Or, son développement demande des financements importants : dès juillet, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire se disait en faveur d’un financement du nucléaire par la BEI.
Quant aux statuts de la banque, ils n’empêchent aucunement de financer l’atome si les actionnaires, que sont les États membres, trouvent un consensus.
Mais, si la France défend corps et âme le nucléaire, l’Allemagne et ses alliées s’opposent farouchement à son développement.
M. Breton a donc choisi le camp français : « Je pense que [le BEI] doit financer tout le mix énergétique de chacun des Etats [membres]. Je rappelle que le mix énergétique est une compétence exclusive des États : lorsque ceux-ci ont envie de le développer, il faut trouver des financements ».
Idem pour l’industrie de la défense, devenue un enjeu incontournable de la politique européenne depuis le retour de la guerre sur le continent, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022.
« Il est normal que la BEI s’adapte au soutien des politiques de l’Union, en particulier dans la défense », a-t-il défendu.
Bataille pour la présidence de la BEI
L’annonce d’un financement européen du nucléaire arrive alors que s’ouvre la course à la nouvelle présidence de la BEI pour remplacer son président sortant Werner Hoyer.
La BEI prend d’autant plus d’importance en tant que bras armé de la politique européenne que la Commission, lors de sa révision du cadre financier pluriannuel présentée en juin, a exclu tout recours à de la nouvelle dette commune.
Si les paris sont encore ouverts, la course à la présidence s’organise notamment entre la vice-présidente de la Commission européenne en charge de la Concurrence, Margrethe Vestager, et la vice-Première ministre espagnole Nadia Calviño.
À Paris, le scepticisme de la Danoise envers le nucléaire hérisse l’exécutif. Bruno Le Maire a même assumé que la France soutiendrait un candidat favorable à la prise en compte du nucléaire.
En juillet, Margrethe Vestager s’était en outre attiré les foudres de Paris en soutenant la nomination de l’Américaine Fiona Scott Morton au poste d’économiste en chef de la direction générale de la Concurrence, retoqué par le président Emmanuel Macron.
Le sujet atomique « est extrêmement sensible » entre les États membres, expliquait le vice-président de la BEI Ambroise Fayolle en février dernier, « le conseil d’administration [étant] très divisé sur le sujet ».
Jusqu’à présent, la BEI n’a financé que deux projets relatifs à la sécurité des implantations existantes.
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