Après des mois de négociations tumultueuses, la Première ministre britannique a joué sa dernière carte, offrant sa démission en échange de la signature de l’accord de sortie.
La première ministre britannique, Theresa May, a annoncé au comité conservateur « 1922 » qu’elle ne renégocierait pas un nouvel accord avec l’UE sur les questions commerciales et la relation politique future.
« Je comprends le besoin d’une nouvelle approche et d’une nouvelle supervision pour la deuxième phase des négociations du Brexit, et je ne m’y opposerai pas », a déclaré la Première ministre, ajoutant être prête à « quitter ce poste plus tôt que prévu pour le bien de notre pays et de notre parti ». Theresa May annoncerait formellement sa démission quelque peu après le départ effectif du Royaume-Uni. Les députés britanniques ont voté une nouvelle date limite pour cette hypothèse, le 22 mai, si l’accord de retrait est adopté. S’en suivraient six semaines de course à la présidence du parti conservateur, actuellement au pouvoir.
Theresa May a proposé cette solution alors que les parlementaires débattaient des huit scénarios possibles pour le Brexit, allant du deuxième référendum (révocation de l’Article 50) au Brexit sans accord. Sa proposition ne serait toutefois pas valable si l’accord de retrait était rejeté pour la troisième fois, et elle resterait Première ministre jusqu’à la nomination de son successeur au début du mois de juillet.
Afin de parvenir à un compromis qui recueillerait la majorité, les députés britanniques ont pris le contrôle du Brexit le 25 mars et voté une série de votes « indicatifs » sur les alternatives à l’accord de retrait. Toutefois, après un vote à bulletin secret, une nouveauté à la Chambre des communes, aucune de ces huit options n’a recueilli suffisamment de voix. Les options les plus plébiscitées étaient le plan pour que le Royaume-Uni constitue une union douanière avec l’UE (rejetée de peu avec 264 voix sur 272) ainsi que le deuxième référendum (268 voix sur 295). Les options du Brexit sans accord, d’une adhésion à l’association européenne de libre-échange (AELE) et la révocation de l’article 50 ont été rejetés catégoriquement.
Une situation qui a mis le feu aux poudres à la Chambre des communes, après que le speaker de la Chambre, John Bercow, a déclaré que les parlementaires se réuniraient à nouveau le lundi 1er avril pour une deuxième journée de discussions et de votes afin de parvenir à un compromis.
« Il n’y a pas de solutions aussi simples », a déclaré le Secrétaire d’État au Brexit, Steve Barclay à l’issue des votes. « Ces résultats confirment que la meilleure solution est de laisser faire le gouvernement », a-t-il ajouté, rappelant qu’en cas de nouveau rejet de l’accord de retrait de Theresa May « il n’y a aucune garantie concernant la tournure que le Brexit peut prendre ».
La Première ministre a refusé de garantir qu’elle respecterait ces « votes indicatifs » et rappelé que toutes les propositions formulées par les parlementaires devaient être « négociables » avec l’UE et réalisables. Theresa May compte présenter pour la troisième fois son accord de retrait aux députés britanniques, mais devra alors renverser la majorité qui s’y était opposée.
Sa proposition de démission et sa menace d’un report du Brexit qui impliquerait une participation aux élections européennes ont été concluantes et persuadé un grand nombre de conservateurs partisans du Brexit d’accepter l’accord de retrait. Le Secrétaire d’État aux affaires étrangères, Boris Johnson, est l’une des nombreuses personnalités conservatrices à avoir changé d’avis sur la question.
Jacob Rees-Mogg, eurosceptique convaincu et président du European Research Group, a déclaré qu’il ne voterait l’accord de Theresa May qu’en cas d’approbation ou d’abstention du Parti unioniste démocrate. Le Parti nord irlandais a déclaré le 27 mars qu’il continuerait à s’opposer à cet accord qui « présente une menace inacceptable à l’intégrité du Royaume-Uni ».
Il semble pour l’heure peu probable que les parlementaires voteront l’accord de retrait cette semaine et le speaker John Bercow a lui-même rappelé que le texte devrait présenter certains changements avant de pouvoir être proposé à nouveau. Dans le même temps, les parlementaires britanniques ont adopté (à 441 voix sur 546) la deuxième législation nécessaire au report du Brexit, désormais ajourné au 22 mai.
Un article publié sur le site de notre partenaire
Laisser un commentaire